La crise du Français, un sujet récurrent

THE133A

Une salle de classe au début du XXe

Je  ne résiste pas au plaisir de livrer ces extraits vieux d’un siècle. Bien transposés, ils constituent un intéressant sujet de réflexion.

L’Université vient de lancer un cri d’alarme auquel tous les défenseurs de notre langue doivent prêter une oreille attentive, car il révèle une situation fort grave: les jeunes gens connaissent de moins en moins le français, et ne savent plus l’écrire.

Le problème qui se pose sort des limites étroites d’une question scolaire; le mal, que les maîtres viennent de nous révéler, est bien plus profond et il s’est infiltré lentement dans presque tous les milieux sociaux avant de faire irruption sur les bancs de l’école… La corruption générale du langage, signalée depuis quelques temps par les écrivains, gagne les générations nouvelles.

Les argots, le jargon sportif, (et je rajouterai pour mettre à jour : les emprunts à l’anglais, les acronymes dont on ne sait pas plus la signification que celle des racines grecques ou latines de notre langue), toutes ces évolutions fiévreuses et précipitées ont tellement éloigné le français de la langue classique, elles ont acquis une prépondérance si impérieuse qu’elles menacent de rejeter dans les oubliettes le français traditionnel.

Comment les lycéens d’aujourd’hui pourraient-ils écrire correctement une langue qui à leurs yeux est déjà archaïque.

Ils ne saisissent plus la valeur des termes, ni la finesse d’une syntaxe violentée et disloquée par l’argot. Bientôt les jeunes élèves ne comprendront plus, -ce qui s’appelle -comprendre- les auteurs classiques.

Qu’adviendra-t-il de notre patrimoine littéraire entre les mains d’une génération qui est appelée à former l’élite intellectuelle de demain. Le mouvement est si rapide qu’à quinze ans de distances les anciens ne reconnaissent plus leurs cadets.

L’enquête sur le baccalauréat à révélé le « formidable déclin de la composition française ». Les élèves semblent trop souvent des apprentis qui manient avec une gaucherie timide un outil inconnu…

Le journal a évidemment plus d’influence que le professeur sur le style de l’élève…Les maîtres se plaignent que la nouvelle génération ne lit plus. Entendons-nous, elle ne lit plus les bons auteurs mais les quotidiens mal faits, d’où tout souci de style est depuis longtemps banni. Or le style est moins inné que suggéré, tant pas le milieu ambiant que par le commerce des auteurs; comment peuvent donc écrire les jeunes gens qui parlent argot entre eux et dans leur famille et dont les seules lectures sont plus pernicieuses qu’utiles.

Contre les causes sociales, il est bien difficile de lutter directement: comment empêcher les élèves de parler argot hors de la classe et les obliger à lire de bons auteurs « qui les rasent »? …Le mal vient en partie de la cloison étanche qu’on a voulu établir entre grammaire et littérature. Il faut réhabiliter la grammaire.

L’épreuve de français devrait être éliminatoire.

(Extrait de La Revue 1909)

L’égalité devant l’instruction

Il faut tout de même partir d’un principe, Ce principe n’est pas que les hommes naissent libres et égaux en droits. Une fille laide n’a pas, hélas! les même droits qu’une jolie fille; ou plutôt il ne lui sert à rien de les avoir. Mais notre conscience moderne est tout de même obligée d’admettre que tous les enfants ont un droit égal à l’instruction. Il est injuste qu’un enfant intelligent et pauvre soit condamné  parce que ses parents n’ont pas l’argent nécessaire pour le faire instruire, à n’être qu’un ouvrier alors qu’il aurait pu être un savant…

L’idée s’est donc imposée qu’il fallait mobiliser toute l’intelligence française, aller chercher chez les plus humbles des esprits bien doués pour les élever à la plus haute culture. Et c’est pour réaliser cette mobilisation qu’on rêve de l’école unique.

Théoriquement c’est fort simple. Tous les Français feront les mêmes études dans les mêmes locaux….

Pratiquement, le problème est infiniment plus compliqué… On ne peut songer aux mêmes locaux…Les enfants des classes aisées n’iraient pas fréquenter les écoles primaires car les parents ne veulent pas faire la chasse aux poux au retour de certaines écoles. Ces enfants iraient grossir la clientèle des collèges libres.

Budgétairement, l’universelle gratuité ne peut être qu’une lointaine chimère.

L’école unique est nécessairement multiple.

Il est difficile de juger définitivement d’une intelligence vers 12 ans. Pour remédier aux erreurs, pour venir en aide aux intelligences plus tardives, les mieux serait d’établir entre les voies divergentes des ponts qui permettent de passer à certains moments du primaire au secondaire, ou au supérieur, ou même du secondaire au technique…

Il y a toujours des castes dont il est malaisé de sortir. Une conception scolaire ridicule dresse constamment des barrières qui parquent les enfants et les jeunes gens au mépris de toute équité…L’école unique, mal comprise, peut avoir ses dangers.

Daniel Mornet, Maître de conférences à la Sorbonne dans Les Annales de 1925

Pour vous rappeler les difficultés de la langue française

La langue française ne manque pas de difficultés pour vous énerver: néologismes, mots pris dans un faux sens, orthographe, conjugaison, syntaxe.D’autres pays ont entrepris une réforme de l’orthographe pour rendre la langue accessible à tous. Mais en France, comme pour les lois, on garde tout, toutes les traces d’un passé révolu et cet entassement de règles rend notre langue inaccessible pour la plupart des enfants.

Entre difficultés et incohérences, saurez-vous garder votre calme?

Ce test vous remet en mémoire quelques règles oubliées et vous rappelle quelques fautes grossières que vous ne manquez sans doute pas de faire.

Quel est le verbe que l'on fait suivre de "à ce que" et non de "que"?





Quel est le nom des personnes de race blanche nées dans les pays d'outre-mer intertropicaux?





Qu'est-ce qu'un impétrant?





Lequel des ces mots est du genre féminin?





Lequel de ces mots est du genre masculin?





Quel est le mot qui n'a pas un double genre?





Quel est l'adjectif désignant une couleur et s'accordant avec le nom auquel il se rapporte? Les autres sont invariables.





Une seule des ces formules n'est pas un barbarisme (faute de langage) ou un solécisme (faute de syntaxe), laquelle?





Lequel de ces mots est-il mal orthographié?





Tout le monde connaît les règles d'accord du participe passé....Bon, on va faire comme si tout le monde maîtrisait la chose sans jamais se poser de question! Mais certains participes passés sont invariables. Dans la liste ci-dessous, un seul s'accorde, lequel?





Un seul de ces verbes possède un participe passé invariable?





Quelle est la bonne orthographe, au pluriel, du mot suivant?







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