Société d’anthropologie, 18 avril 1861, la discussion est animée. Paul Broca présente le cas de Leborgne dit « tan-tan » car il ne prononçait que cette syllabe depuis trente ans. L’autopsie de « tan-tan » a révélé une lésion dans un endroit précis du cerveau gauche.
Broca, convaincant, conclut que la faculté du langage articulé est situé au pied de la troisième circonvolution frontale gauche.En accumulant les données cliniques et pathologiques, Broca impose cette idée que tels organes sont en relation spéciale avec tel point de la masse cérébrale, de telle sorte qu’une lésion de ce point détermine un trouble de ces organes.
Le diagnostic des maladies cérébrales gagne en précision : « un homme se tire un coup de revolver dans la tempe droite, il ne peut plus parler et présente une paralysie de nerf facial inférieur, on peut donc conclure que la balle a traversé le cerveau de part en part en frappant le centre des mouvements de la face entre les deuxième et troisième circonvolutions, un peu vers le haut et en avant… L’autopsie, peu de temps après, a permis de vérifier l’exactitude du diagnostic ».
Broca doit faire face à l’État et à l’Église qui jugent par trop matérialiste l’idée même de la localisation anatomique d’une faculté spirituelle.
« L’hypothèse d’une équivalence entre l’état psychologique et l’état cérébral implique une véritable absurdité », lance Bergson du haut de sa chaire au début du XXe siècle.
Les travaux de Broca vont engendrer une toute autre subversion : en se donnant des outils scientifiques d’étude de l’homme, Broca et son École d’anthropologie amènent l’idée que l’on peut distinguer scientifiquement les races.
Broca Paul, chirurgien et anthropologue français
1824 (Sainte-Foy-la-Grande) – 1880 (Paris)
Il faut mettre plus de sérieux et de vigueur dans les observations des cas pathologiques surtout pour le cerveau. « Indiquer exactement le nom et le rang des circonvolutions malades » pour établir une corrélation rigoureuse entre faits d’anatomie et faits de comportement.
Paul Broca, professeur de chirurgie clinique fait réellement sortir l’anthropologie de son état de tabou. En démontrant la localisation corticale discrète d’une faculté bien définie, il rejoint « l’organologie » de Gall, mais cette fois-ci avec des données expérimentales rigoureuses.
Pourtant il oubliera de rapporter le poids du cerveau au poids du corps et écrira : « Le poids encéphalique moyen de 51 travailleurs non qualifiés est de 1365 g, alors que celui de 24 travailleurs qualifiés atteint 1420 g. »
1859 : il fonde la Société d’Anthropologie de Paris
1866-69 : Traité des tumeurs
1872 : il fonde la Revue d’Anthropologie
1876 : il fonde l’Ecole d’Anthropologie
1880 : sénateur inamovible
Charcot Jean-Martin, neurologue français
1825 (Paris) – 1893 (Lac de Settons, Nièvre)
Médecin, grand clinicien, Charcot est célèbre pour ses cours à l’hôpital de la Salpêtrière qui attirent des étudiants venus de toutes les parties du monde (dont Freud). Il fonde avec Guillaume Duchenne la neurologie moderne.
Professeur, collaborateur de la Gazette des hôpitaux et directeur des archives de physiologie, il publie nombre d’études sur les maladies chroniques et nerveuses, sur le rhumatisme, sur le ramollissement du cerveau …. observant, autopsiant.
En 1873, il occupe la chaire d’anatomie pathologique à la faculté de médecine de Paris. Pionnier avec Broca de la théorie des localisations cérébrales, il autopsie des hémiplégiques pour identifier les centres cérébraux responsables de fonctions nerveuses spécifiques.
1857 : De l’expectation en médecine
1860 : De la pneumonie chronique
1867 : La médecine empirique et la médecine scientifique, parallèle entre les anciens et les modernes
1868 : Leçons cliniques sur les maladies des vieillards et les malades chroniques
1873-84 : Leçons sur les maladies du système nerveux, faites à la Salpêtrière.