Les orateurs qui ont marqué le XIXe

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Jaurès parlant au Pré Saint Gervais en 1912

Les bons orateurs défendent mieux leurs idées

Lamartine, Victor Hugo,  Gambetta, Léon Daudet et Jean Jaurès ont mis tout leur talent d’orateurs à défendre leurs idées.

L’imagerie du XIXe siècle nous les montre souvent à la tribune, faisant de grands gestes, parlant à une foule nombreuse (et ils n’avaient pas de sono!)

Retrouvez des conseils pour chauffer sa voix lorsqu’on veut parler en public.

 Quel orateur êtes-vous?

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Lamartine à Hôtel de Ville 1848

Préférez-vous l’expression orale ou écrite. Êtes-vous du genre orateur: vous parlez d’abord, vous lancez les mots et vous pensez après ou préférez-vous pesez vos mots avant de parler, voire vous préférez écrire car vous avez peur que dans le feu de l’échange, vos paroles ne trahissent votre pensée.

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Lamartine

Lamartine Alphonse Marie-Louis de, poète et homme d’Etat français

1790 (Mâcon) – 1869 (Paris)

Aristocrate et homme du monde, poète et orateur, Lamartine est le maître d’une « poésie pure », l’homme de la régression heureuse : « Je viens chercher vivant le calme du Léthé ». Tirées à cinq cents exemplaires en 1820, les Méditations poétiques lui assurent aussitôt une immense célébrité.

« Ce livre est une révélation » – Sainte-Beuve –

Le poète va marquer toute une génération et donner au romantisme français une coloration élégiaque. Dès lors, il assure sa carrière littéraire en poursuivant régulièrement son œuvre, en gravissant les échelons de la gloire. Dès 1824, il se présente à l’Académie : c’est un échec, mais il est élu en 1829 et reçu en 1830, au lendemain de la bataille d’Hernani. Poète et orateur, mais aussi diplomate et homme politique : près un échec à la députation, il sera régulièrement élu à partir de 1833. Animateur d’un groupe « social » dans une Chambre, surtout soucieuse d’ordre et d’enrichissement, il sera un opposant vigoureux.

La France est une nation qui s’ennuie !

« Et pourquoi nous haïr et mettre entre les races

Ces bornes ou ces eaux qu’abhorre l’œil de Dieu ? »

Le bel Alphonse appelle à renoncer aux guerres de conquête. C’est en 1848 que se joue son destin politique. Longtemps royaliste, il est un des fondateurs de la IIe République ; il sait, au soir des « Journées de février », écarter le drapeau rouge au bénéfice du tricolore, emblème de la continuité et du Tiers-Etat. Pendant trois mois, il exerce une véritable « dictature oratoire ». Il est élu dans onze départements, mais son prestige s’écroule lors des Journées de juin, où il ne sait ni choisir son camp ni proposer. « Alphonse de Lamartine : une antithèse d’Adolphe Thiers. » – Henry Guillemin –

En décembre 1848, il obtient 8 000 voix comme candidat à la présidence de la République. Pendant vingt ans, il va mener une retraite studieuse et fébrile connaissant de graves difficultés financières. Il meurt oublié du Paris littéraire et politique en 1869.

« C’est à lui que nous devons tous les embêtements bleuâtres du lyrisme poitrinaire. » – Flaubert –

1820 : Les Méditations poétiques

1830 : Les Harmonies poétiques et religieuses

1836 : Jocelyn

1838 : La Chute d’un ange

1847 : Histoire des Girondins

1848 : ministre des Affaires étrangères, il est l’homme qui a composé La Marseillaise de la Paix.

1849 : Les Confidences, récit autobiographique

1852 : Graziella, récit

1856-69 : Cours familier de littérature

Victor Hugo

Victor Hugo

Hugo Victor, écrivain et homme politique français

1802 (Besançon) – 1885 (Paris)

“Ce siècle avait deux ans, Rome remplaçait Sparte

Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte.”

Victor Hugo par ces vers situe sa naissance et son enfance marquée par l’épopée napoléonienne. Il glorifie cette aventure dans les Chants du crépuscule, en entretient la légende et favorise ainsi l’avènement de celui qu’il détestera jusqu’à la mort : Napoléon III, « le petit ».

Royaliste, parce que libéral et démocrate (depuis la grande Révolution la République était loin d’être synonyme de démocratie), Victor Hugo fait partie de l’Assemblée nationale constituante, il siège avec le parti de l’ordre, vote parfois avec les républicains et soutient la candidature de Louis Napoléon à la présidence de la République.

Puis dans Choses Vues, il écrit .. »sous la pression de la multitude, dans l’éblouissement et la terreur de leur triomphe qui les débordait, ils décrètent la République, sans savoir qu’ils faisaient une si grande chose ».

Hugo, auquel Louis Napoléon a préféré Falloux comme ministre de l’Instruction, Hugo qui ne supporte ni l’expédition contre Rome, ni la loi Falloux, ni la loi sur la réforme électorale, ni bien d’autres signes avant-coureurs de coup d’Etat ; aussi Hugo devient-il républicain, tente de soulever les ouvriers au lendemain du coup d’Etat et doit partir pour dix-huit ans d’exil : « Quand la liberté rentrera, je rentrerai ».

Dix-huit années de création donnent naissance à vingt chefs-d’oeuvre : Napoléon le Petit et Les Châtiments, satires contre l’empereur répandues clandestinement en France, galvanisent l’opposition républicaine qui reconnaît dans l’illustre proscrit son chef spirituel, Les Contemplations, La Légende des Siècles, Les Misérables, Les Travailleurs de la mer … « Hugo, dans sa tâche mystérieuse, rabattit toute prose, philosophie, éloquence, histoire, au vers, et, comme il était le vers personnellement… » -Mallarmé-

Victor Hugo revient à Paris le 5 septembre 1870, participe financièrement à la guerre, est député en février 1871, vote contre la paix et démissionne, prononce un discours au Sénat en 1876 en faveur des condamnés de la Commune. A jamais, Victor Hugo reste le patriarche républicain dont la mémoire collective garde le souvenir, le défenseur des opprimés et des humbles dont le talent a sublimé la misère. Aucune satire n’empêche les manifestations grandioses et populaires à l’occasion de son 80e anniversaire et lors de ses funérailles : « Musset, tu n’auras pas à formuler ces vers : « Qui de nous, qui de nous va devenir un Dieu ? » -Victorien Sardou-.

1822 : premier recueil poétique

1827 : Préface de Cromwell

1829 : Le dernier jour d’un condamné (contre la peine de mort)

1830 : Vainqueur de la bataille d’Hernani remportée sur les classiques

1831 : Notre-Dame de Paris

1833 : Lucrèce Borgia – Juliette Drouet devient sa maîtresse –

1835 : Les Chants du crépuscule

1838 : Ruy Blas

1841 : entre à l’Académie française

1845 : nommé pair de France

23 avril 1848 : il siège à la Constituante

1849 : il est élu à l’Assemblée législative

Après le 2 décembre 1851 : l’exil – Bruxelles – Jersey – Guernesey

1853 : Les Châtiments

1856 : Les Contemplations

1859 : La Légende des siècles

1859 : amnistie, Victor Hugo refuse de rentrer

1861 : Les Misérables

1870 : retour en France

1870 : il est élu député à l’Assemblée nationale qui siège à Bordeaux

1872 : L’Année terrible

1874 : Quatre-vingt-treize

 

Léon Gambetta

Léon Gambetta

Gambetta Léon, homme politique français

1838 (Cahors) – 1882 (Paris)

Le réquisitoire de Gambetta contre le régime impérial à l’occasion de sa plaidoirie pour le journaliste Delescluze et le monument offert au député Baudin le rendent célèbre dès 1868. Son talent d’orateur et sa faconde méridionale frappent l’opinion publique. Elu au Corps législatif en 1869, il tente de s’opposer à la guerre ; en vain.

Il participe à la journée révolutionnaire du 4 septembre au cours de laquelle sont proclamées la déchéance de l’Empire et la naissance de la IIIe République. Ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de la Défense nationale, il quitte Paris assiégé, en ballon, pour organiser la résistance en province.

Après l’armistice de 1871, il préconise la lutte à outrance mais il n’est pas suivi et doit démissionner.

Elu député dans neuf départements, il s’associe à la protestation des députés d’Alsace-Lorraine contre le traité de Francfort. Thiers le considère comme un « fou furieux ».

Silencieux pendant la Commune, il entreprend de parcourir les campagnes pour les conquérir à la République et les engager à ne plus parler de « revanche ». « Pensons-y toujours, n’en parlons jamais ». Dans son discours de Grenoble, il définit les nouvelles couches sociales, les classes moyennes qui constitueront la base électorale du parti radical. Pour lutter contre le conservatisme, Gambetta se fait le champion de ce que Rochefort appelle « l’opportunisme ».

Après la chute de Mac-Mahon en 1877, il ne parvient pas à gouverner, toujours écarté par Jules Grévy qui se méfie de lui. Quand il l’appelle à la présidence du Conseil, il est trop tard : le pouvoir occulte de Gambetta a miné son autorité. Surtout, le monde financier le redoute et lui est très hostile (Léon Say).

Le « grand ministère » ne dure que 72 jours. Gambetta meurt quelques semaines

plus tard atteint de septicémie. Des obsèques nationales sont organisées pour ce grand combattant de la République, pour cet esprit novateur et puissant qui n’aura jamais pu vraiment donner sa mesure.

1869 : programme radical de Belleville

1871 : député du Bas-Rhin

1879 : président de la Chambre

1881 : ministère Gambetta, dit le « Grand Ministère »

 

Léon Daudet

Léon Daudet

Daudet Léon, écrivain et journaliste français

1868 (Paris) – 1942 (Saint-Rémy de Provence)

Léon Daudet aurait pu rester dans les mémoires comme écrivain ou comme critique littéraire. Mais le fils d’Alphonse Daudet a voulu d’abord mettre son talent au service de ses idées : fondateur avec Charles Maurras du quotidien L’Action française – « organe du nationalisme intégral »- antidémocratique et antisémite. Député royaliste, il est un orateur et un polémiste à la verve truculente qui ne recule devant aucun argument même vil ou calomniateur ; Louis Barthou et Aristide Briand comptent parmi ses cibles privilégiées.

Brillant élève du lycée Louis-le-Grand

Etudes de médecine – Collabore à la Libre Parole de Drumont

1894 : publication des Morticoles, roman contre les médecins et la Faculté

1896 : Membre de l’Académie Goncourt

1908 : fondation de l’Action française, quotidien

1914 : publication de Fantômes et vivants, essai politique

1919 : Le Monde des images (contre Freud)

1919-24 : député de Paris

1928 : Charles Maurras et son temps

 

Jean Jaurès

Jean Jaurès

Jaurès Jean, homme politique, philosophe et historien français

1859 (Castres) – 1914 (Paris)

L’homme est brillant, sa culture est classique, son ambition est humaniste. Son premier mandat de parlementaire le déçoit. Il préfère travailler à ses thèses de philosophie, ou militer. Il évolue vers le socialisme à la suite des événements de Fourmies :

« Je me considérerais comme un lâche si, au moment où semble commencer pour les militants du socialisme français les épreuves qu’on pouvait prévoir, la prison, la calomnie légale, la proscription, je n’affirmais pas une fois de plus que je suis uni à eux de doctrine, d’esprit et d’âme ».

Il défend les mineurs de Carmaux et se fait élire député de l’arrondissement pour continuer à les défendre. Convaincu de la nécessité de la révolution, il penche tout de même vers la participation politique et gouvernementale, soutient le gouvernement de « défense républicaine » de Waldeck-Rousseau, accepte la vice-présidence de la Chambre, joue un rôle important pour coordonner le travail parlementaire au sein de la « délégation des gauches ».

Il souhaite ardemment cette synthèse socialiste qui le brûle intérieurement, partagé entre l’affirmation révolutionnaire de la lutte des classes et l’idéal républicain patriotique. Il la souhaite dans son journal L’Humanité. Il la souhaite au Congrès d’Amsterdam, en 1904, où il doit s’incliner devant les thèses guesdistes qui refusent toute participation aux gouvernements bourgeois.

Il l’impose surtout quand il parle : « Il appartient par son aspect au même type humain que Mirabeau et Danton. Comme orateur, il est incomparable et n’a pu être comparé. Ce n’est pas sa riche technique, ni sa voix puissante qui frappe comme un miracle, ni la libre largesse de ses gestes, mais la naïveté générale de son enthousiasme. » -Trotsky-

L’unité, il la voudrait aussi, dans la lutte des organisations ouvrières de tous les pays contre la guerre. Dans L’Armée Nouvelle il propose une organisation populaire de la défense. Les calomnies et la haine, les appels au meurtre même répondent à sa campagne de « guerre à la guerre ».

Le 31 juillet 1914, il est assassiné dans un café sur le boulevard parmi ses amis socialistes. Ce jour-là, la paix perd un grand défenseur ; quatre jours après, l’Europe entre en guerre.

1878 : professeur agrégé de philosophie

1885 : député républicain du Tarn (centre gauche)

1889 : il est battu aux élections

1892 : thèses de philosophie, De la Réalité du monde sensible et Les Origines du socialisme allemand chez Luther, Kant, Fichte, Hegel

1893 : député de Carmaux (socialiste)

1898 : Les Preuves, articles sur l’Affaire Dreyfus

1901-08 : il dirige la publication de Histoire socialiste de la France contemporaine

1903 : vice-président de la Chambre

1904 : création de L’Humanité

1905 : fondation de la Section Française de l’Internationale Ouvrière, Parti Socialiste Unifié (SFIO)

 

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