Cours de théâtre: déplacements sur le plateau

L'Aiglon d'Edmond Rostand, créé en 1900

L’Aiglon d’Edmond Rostand, créé en 1900

La plus belle conquête sur soi-même est d’évoluer son corps dans l’espace à sa guise.

Cette maîtrise est encore plus capitale sur le plateau.

Tout déplacement non motivé est nuisible et donne une impression de jeu brouillon et amateur.

Les entrées et sorties

la prise de possession du plateau.

– Ne jamais entrer en scène gratuitement. C’est dans la plupart des cas le rôle principal qui fait son entrée en premier.

– Toujours accompagner les entrées et sorties d’un personnage: lors de l’entrée d’un personnage, celui qui est sur le plateau bloque ses gestes, sa respiration jusqu’à ce que celui qui fait son entrée soit arrêté. Les deux personnages (sauf en cas d’effet comique souhaité) ne doivent pas avoir la même plastique.

Pour passer devant quelqu’un

Lorsqu’on passe devant un partenaire sur scène, le regarder avant de commencer le déplacement, puis après.

Pour aider un partenaire à passer, avancer sur lui et le cerner au lieu de reculer pour lui laisser la place.

Aller d’un point à un autre

Tout déplacement doit être motivé: par exemple si on s’assied : s’assied-on parce qu’on est fatigué ou parce qu’on pense à s’asseoir en prévision de la fatigue?

Ne jamais aller tout droit d’un point à un autre et ne pas garder le même rythme pendant tout le déplacement. Se ménager les points où on s’interroge, où l’on focalise l’attention du public. La ligne de déplacement peut être courbe ou brisée selon l’effet recherché.

Déplacements et changements d’idées

– Changer d’axe pour changer d’idée. Les axes à 45° et 90° sont efficaces pour placer des jeux. Pour la poésie les changements d’axe restent minimes (pas plus de 15 °) car le public doit toujours pouvoir voir l’oeil du comédien.

– Ne pas bouger jusqu’au changement d’idée.

– Regarder le partenaire à la fin de l’idée pour lui fournir un tremplin  pour rebondir…On peut regarder avec les yeux, mais aussi avec l’épaule, la main : ces touchers sont aussi intenses qu’un regard.

– quand il se passe quelque chose, ponctuer le temps fort d’un geste.

Virtuosité

Répéter en démultipliant puis resserrer le rythme.  Jouer les même situation avec des plantations de décor différentes, ce qui oblige à modifier les trajectoires. Les changer plusieurs fois.

Technique

Pour s’asseoir : on se place de façon que la jambe soit au contact avec le siège et on se met en position assise. On doit pouvoir se relever facilement.

Pour se lever : se détacher de la chaise.

Pour tirer quelqu’un sur scène : c’est celui qui est tiré qui doit pousser

Pour donner une gifle : creuser la paume de la main, faire un mouvement large, très accéléré dans sa course médiane et ralentie au dernier moment. Pour donner un coup de pied au cul, le faire avec le flanc du pied et sous la fesse.

Pour faire semblant de lire lorsqu’on entend quelqu’un arriver: soit on ne lit pas et on se précipite sur son livre dès qu’on entend des pas, soit on lit vraiment mais distraitement en feuilletant, puis on se concentre sur sa lecture au moment où on entend marcher.

Pour faire un clin d’oeil qui doit avertir son partenaire que quelque chose ne va pas, se mettre profil perdu pour que le public voie bien le clin d’oeil.

Pour paraître essoufflé : respirer en coulisse très fort comme lorsqu’on est essoufflé et lorsqu’on entre sur le plateau contenir sa respiration comme si on faisait un effort pour ne pas paraître essoufflé.

Pour montrer qu’on vient d’un endroit aéré et qu’on entre dans une pièce fermée: decrescendo de respiration.

Montrer qu’on est saoul nécessite un très grand contrôle nerveux et musculaire : tout bloquer, puis se relâcher complètement: on ne doit pas « faire semblant d’être ivre » tout le temps, la personne saoule semble normale, puis soudain tout se dérègle, elle marche droit quelques pas, puis un accident dans la marche se produit. Démultiplier et ralentir les mouvements et l’élocution selon le degré d’ivresse. Au milieu d’une phrase longue, commencée normalement, on casse. Amollir dans la diction ce qui n’a pas d’importance.

Avoir peur : tout se passe avec la respiration, on prend trois couches d’air et on bloque puis ou ouvre la bouche pour inspirer par la bouche : on suffoque puisqu’on a déjà son plein d’air. Puis dès qu’il n’y a plus de danger, le trouillard fait le fanfaron.

Voir aussi: théâtre, une synthèse de dix ans de cours

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