Botanique
La joubarbe des toits ou artichaut des toits ou des murailles ou herbes aux cors, Sempervivum tectorum de la famille des Crassulaceae, est une plante grasse qui pousse sur les murs, les toits, les rochers – en montagne jusqu’à 2800 m – dans presque toute la France. Elle est présente en Europe – surtout centrale-, dans le Caucase et en Iran.
Cette vivace se multiplie par des rejets grêles, allongés, terminés par une rosette en forme d’artichaut de 5 à 50 cm de haut.
Les feuilles caulinaires sont alternes, les basales en rosettes de 5 à 8 cm. Elles sont aplaties, épaisses et charnues, les caulinaires oblongues, à extrémités rouges, ciliées sur les bords.
Une tige florifère s’en élève, le plus souvent simple et dressée; elle porte de juin à août de grandes fleurs (2 à 3 cm) rose pâle, en épi recourbé formant une panicule.
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Composition chimique et usages actuels
La plante entière renferme :
– des glucides représentés par :
. des oses
. des osides (mucilages et pectine)
– une faible quantité de protides constitués d’acides aminés
– des matières minérales, en particulier du calcium
– des acides organiques principalement : acide ascorbique (vitamine C), acide formique, acide malique et acide isocitrique
– des composés phénoliques représentés par :
. des flavonoïdes
. des tanins
– des traces d’alcaloïdes
La joubarbe est douée de propriétés anti-inflammatoires, veinoprotectrices et cicatrisantes. On lui attribue également des activités anti-prurigineuses et antipyrétiques. Elle est aussi sédative.
Usages pharmaceutiques
On préconise la joubarbe pour soulager les brûlures, soigner les plaies et les ulcères, également les affections bucco-pharyngées. Elle est aussi efficace dans le traitement des hémorroïdes.
La joubarbe est utilisée en usage local comme traitement d’appoint adoucissant pour calmer les démangeaisons des affections cutanées (crevasses, écorchures, gerçures) et contre les piqûres d’insecte.
Le suc de l’herbe fraîche est un corricide assez actif.
Usages cosmétiques
On attribue à la joubarbe des activités adoucissantes, hydratantes et régénérantes. On la recommande aussi pour ses vertus astringentes, anti-couperose, détergentes et rafraîchissantes.
L’ensemble de ces propriétés fait des extraits de joubarbe un bon actif dans :
– des shampooings destinés aux cheveux normaux et gras
– des produits pour le corps et les mains
– des produits pour le visage (crèmes contour des yeux, crèmes hydratantes pour peaux stressées, fatiguées et ternes, sensibles et délicates, crèmes régénérantes pour peaux matures, crèmes astringentes pour peaux abîmées et couperosées)
Usages traditionnels
On emploie le suc des feuilles cueillies en pleine floraison.
Initialement Dioscoride cite la joubarbe comme rafraîchissante et astringente et il l’indique, en usage externe, contre les inflammations des yeux, les brûlures, les maux de tête et en usage interne sous forme de suc frais contre les morsures de tarentules, la dysenterie et les vers intestinaux .
Au moyen âge, elle était utilisée contre les maladies des yeux, la dureté d’oreille, la surdité et comme aphrodisiaque.
Toutes ces utilisations ont été confirmées. H. Leclerc, au début du siècle, prescrivait une pommade de joubarbe contre les contusions par coup ou par chute.
Le suc des feuilles fraîches est un bon remède contre les brûlures, les piqûres d’abeilles, les inflammations superficielles, les plaies gangreneuses, les ulcères sordides, les épithéliomas (tumeurs malignes). Un mélange de suc de joubarbe avec de la craie est efficace en pansements sur les eczémas aigus, dans les inflammations traumatiques et les hémorroïdes douloureuses.
Les feuilles pilées avec du vinaigre sont coricides; on les emploie également pour traiter les verrues.
Un extrait de joubarbe est utilisé par les homéopathes contre les plaies, l’herpès, diverses éruptions, les douleurs du cancer, les hémorroïdes et les vers.
Dans diverses régions, on mange les pousses et les jeunes feuilles en salade. En Engadine (Suisse), on place les feuilles dans l’eau pour la rendre plus rafraîchissante.
La joubarbe est mellifère.
Les jardiniers la cultivent souvent sur les murs et dans les jardins de rocailles.
Folklore
Sempervivum, du latin « semper », toujours et « vivum », vivant, est une allusion faite à la plante toujours verte. Tectorum vient de « tectum », toit, endroit où elle pousse. Joubarbe découle du latin « jovis barba », barbe de Jupiter, dénomination issue de la croyance selon laquelle la plante éloigne la foudre, qui est l’attribut de Jupiter.
Les Anciens nommaient la plante « aïzoon » . Théophraste la mentionne déjà comme poussant sur les murs et les toits et Dioscoride énumère bon nombre de ses propriétés médicinales.
Selon le langage des fleurs, la joubarbe signifie : bienfaisance sans ostentation.
Prédiction magique : les jeunes filles donnaient le nom de leur prétendant à plusieurs boutons de joubarbe. Le premier en fleur indiquerait le nom du futur mari.
Le mélange de suc de joubarbe avec de la gomme, de l’alun et de l’arsenic rouge passait jadis pour un secret merveilleux: en s’en frottant les mains, on pouvait saisir le fer chauffé au rouge.
La joubarbe fut d’abord plantée sur les huttes primitives pour les préserver des dégâts des fortes pluies mais on aurait constaté que la foudre épargnait ces refuges. Charlemagne ordonna alors de planter les toits de joubarbe pour préserver les maisons de la foudre.
Recettes
Pommade de joubarbe
100g de suc frais de joubarbe
100g de saindoux
100g d’huile d’amandes douces
à mélanger à feu très doux.
Lorsque le tout est liquéfié et bien amagalmé, battre au fouet jusqu’au complet refroidissement.
Cette pommade fait merveille contre les dartres et les maladies de peau.
Jus contre les cors
Jus de joubarbe et suc de lierre en parties égales.
En imprégner une petite compresse qui sera appliquée sur le cor.
Deux ou trois applications devraient avoir raison de ce cor
Cataplasme contre les abcès
Broyer quelques feuilles de joubarbe, jeunes et fraîches et les appliquer sur l’abcès, chaudes, en cataplasme, deux fois par jour.