La rue odorante, photosensibilisante

Rue

Rue © Secrets de plantes

Botanique

La rue, ou rue odorante, Ruta graveolens L. de la famille des Rutaceae, est une belle plante herbacée vivace, vert bleutée.

Elle pousse dans le midi de la France et en Corse sur les coteaux arides et les vieux  murs. Sa renommée est aussi vive que son odeur est forte, pour certains désagréable, à tel point qu’il arrive que l’on sente la rue avant de la voir.
La tige est ramifiée, glauque, couverte de glandes à essence, odorante au froissement.

Les feuilles sont alternes, complètement divisées à contour général triangulaire, généralement très odorante.
Les fleurs à 5 pétales sont jeunes, groupées en inflorescence lâches, ramifiées elles se trouvent au sommet de la plante.
Les fruits sont des capsules globuleuses, la partie souterraine est un rhizome.

Apprenez à la reconnaître avec la Flore.

Usages

Rue

Rue

On emploie les feuilles de la rue.
La rue était autrefois cultivée comme plante condimentaire et médicinale. Les Romains s’en servaient comme condiment dans la nourriture, les Italiens en parfument aujourd’hui encore la “grappa”.
La rue est stimulante, rubéfiante. Elle a été employée  depuis la plus haute antiquité comme agissant puissamment sur le système nerveux en général et sur l’utérus en particulier. On la considérait comme remède à l’épilepsie et comme emménagogue dans l’aménorrhée et les désordres de la menstruations.
Emménagogue, stomachique, carminative, antispasmodique et vermifuge la rue doit être employée avec précaution.
Le vinaigre de rue était appliqué contre la gale et les poux et la plante est censée éloigner les insectes.
A très forte dose, la rue est abortive ; appelée l’”herbe à la belle fille” elle tuait si souvent la mère avec l’enfant que l’on abandonnât son usage même condimentaire.
Cependant, en quantité modérée, les feuilles sont bonnes en salade : une fois séchées leur saveur s’adoucit et rappelle celle de l’estragon.
La plante referme une huile essentielle, de la vitamine P et C2.
Chez certaines personnes, la plante fraîche peut également être photosensibilisante et provoquer des irritations de la peau après toucher et exposition au soleil.
Certains pensent que seule Ruta chapelensis était utilisée dans la nourriture,
R. graveolens et R.montana entraînant des réactions trop fortes et notamment dans la sphère du coeur.

Folklore

fleurs de rue © Secrets de plantes

fleurs de rue © Secrets de plantes

Cette élégante plante vivace forme des touffes compactes de 60 cm de haut, aux petites feuilles dentelées vert bleuté, très aromatiques, surtout en fin de soirée après une chaude journée ensoleillée.
On pensait qu’elle combattait les poisons et l’on disait que la belette se roulait dans la rue et en mangeait avant de combattre les serpents venimeux.
La rue faisait partie d’une composition mise au point par le médecin de Mithridate, roi du Pont, afin de le préserver des tentatives d’empoisonnement qui étaient monnaie courante à sa cour. Ce médicament réussit, paraît-il, si bien qu’il ne parvînt pas à s’empoisonner pour éviter de servir au triomphe de ses vainqueurs. Ce système de mélange fut à l’origine de la thériaque.
La rue est anaphrodisiaque et dans cette optique elle était cultivée en Italie dans les couvents. Son usage se répandit dans les couvents du midi de la France et c’est ainsi que la plante passa les Alpes, s’acclimata dans les jardins avant de s’échapper dans un environnement propice.

« Salvia cum Ruta faciunt tibi pocula tuta. Adde Rosae Florem, minuuntque potenter amorem. »

« La sauge et la rue ont le don de rendre saine une boisson,

Si l’on y joint la fleur de rose, rien ne tempère mieux l’ardeur que l’amour cause ».

Recettes

Le moretum selon Virgile

Chez les Romains, la rue entre dans la fabrication d’un condiment qui servait à aromatiser de nombreux plats, le “moretum”. Ils s’en servaient comme actuellement les américains se servent de ketchup.
Ingrédients
un peu de rue fraîche (R.Chalepensis)
coriandre fraîche
4 têtes d’ail
fromage frais
huile d’olive
sel

“Simyle arrache 4 têtes d’ail à la gaine épaisse, cueille la coriandre gracile et la résistante rue.  Puis il va s’asseoir à la chaleur de l’âtre et réclame à grands cris un mortier, y dépose les gousses, sale à la volée, ajoute le fromage frais et les herbes pour finir.
Alors, il travaille vaillamment du pilon et mêle tous les sucs. Une  âcre odeur lui chatouille le nez ; il grimace, il essuie d’un revers de main les larmes sous ses yeux, et couvre de jurons le mortier qui n’y peut rien. L’ouvrage prend tournure ; dans le mélange épais, le pilon tourne mollement.
Simyle verse alors de l’huile goutte à goutte, ajoute un filet de ninaigre fort, mêle à nouveau le tout et le travaille derechef. Enfin, avec deux doigts, il fait le tour du mortier pour en vider le contenu.
La servante, de son côté, a défourné les miches. Le voilà paré contre la faim pour la journée. Il chausse joyeusement ses guêtres, enfonce son bonnet, attelle sous le joug ses taureaux dociles et parcourt les champs.”
(D’après Virgile)

L’antidote de Mithridate

Ingrédients
20 feuilles de rue contuses
2 noix sèches
2 figues
un peu de sel

Mélange à absorber quotidiennement. Cette recette fut trouvée par Pompée dans la gazette de ce prince.
Voici donc l’ancêtre de la Thériaque.

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