Le chardon-marie, Silybum marianum Gaertn, de la famille des Asteraceae, est une plante herbacée spontanée dans toute la région méditerranéenne et en Asie occidentale. En France, elle est rare au nord de la Loire. Cette belle plante affectionne les sols pierreux et bien drainés, les terrains incultes, les bords de route.
Bisannuelle, sa taille atteint 150 cm de haut. Ses feuilles d’un vert luisant veiné de blanc au long des nervures, sont amples, elles embrassent la tige par leur base, leur extrémité est piquante. Les inflorescences regroupent de petites fleurs pourpres en forme de tube sur un plateau ; elles ressemblent à des artichauts miniatures. La floraison a lieu aux mois de juillet et d’août. Les fruits sont des akènes pourvus d’une aigrette de poils.
Usages
Les parties utilisées en phytothérapie sont : les graines en poudre, les feuilles fraîches ou sèches et la racine fraîche.
La récolte des feuilles se fait au printemps, celle de l’infrutescence aux mois d’août et de septembre ; on s’en servait, dans l’Antiquité, pour soigner la vésicule biliaire et le foie, la racine étant considérée comme pectorale et apéritive et les feuilles comme toniques. Lindanus utilisa la racine contre la rage et Mariotti (1554) pour évacuer les voies biliaires. Les graines étaient considérées comme diurétiques et galactogènes.
Son usage alimentaire est varié : la tige fait office de légume, les feuilles sont mangées en salade (en Grèce c’est la nervure principale de la feuille qui est cuite et servie avec de l’huile et du sel), quant à la racine de 2 ans elle est mangée comme des salsifis et le réceptacle de la fleur comme les coeurs d’artichaut. On en a même fait des confitures.
Le chardon Marie était cultivé dans les potagers en Angleterre.
La volaille apprécie ces akènes riches en huile.
C’est une plante ornementale que l’on plante dans les fentes des rochers.
Usages actuels
Les semences contiennent :
– des glucides, notamment des oses (glucose) et des osides (mucilages)
-17 à 30 % de protéines
– 20 à 30 % d’huile renfermant :
. des triglycérides d’acides gras insaturés (55 à 60 % d’acide linoléique, 20 à 25 % d’acide oléique, 8 à 10 % d’acide palmitique, 4 à 6 % d’acide stéarique, 2 à 3 % d’acide arachidique, 2 – 3 % d’acide béhénique, environ 1 % d’acide eicosénoïque)
. une fraction insaponifiable composée de :
. phénols : environ 0,05 % de tocophérols
. terpénoïdes : triterpènes : 0,63 % de stéroïdes tels que le campestérol, le sitostérol et le stigmastérol
– des composés phénoliques parmi lesquels :
. 1,5 à 3 % de flavonoïdes représentés par des flavones (apigénine, chrysoériol), des flavonols (kaempférol, quercétine), des tanins catéchiques, des flavanones (ériodictyol, naringine), des dihydroflavonols (silybine, silydianine, silymarine, silychristine, taxifoline)
– des polyines
– 0,1 % d’huile essentielle
C’est la silymarine et la silybine qui confèrent à la plante ses propriétés. Le chardon Marie possède des activités fébrifuges et anti-hémorragiques mais il est surtout réputé pour ses propriétés hépatoprotectrices qui ont été largement étudiées. D’autre part, la silymarine, inhibitrice de la peroxydation des lipides, aurait un effet stabilisateur de la membrane cellulaire.
On attribue également au chardon Marie des vertus anti-émétiques, antispasmodiques et stomachiques. On lui reconnaît par ailleurs une fonction veinoprotectrice et hypotensive.
Utilisations pharmaceutiques
Les semences sont réputées, sous forme de décoction, contre les métrorragies, les hématuries, les saignements de nez.
La plante est employée pour lutter contre les troubles circulatoires veineux (varices, ulcères variqueux).
Le chardon Marie, et plus précisément la silybine, exerce une action protectrice et curative au niveau du foie (cirrhose, hépatite) et combat par conséquent les affections hépatotoxiques. C’est pourquoi il est aussi traditionnellement utilisé dans les troubles fonctionnels digestifs attribués à une origine hépatique.
L’action hépatoprotectrice de la silymarine a été mise en évidence vis-à-vis de l’intoxication par :
– le tétrachlorure de carbone,
– la phalloïdine (principe toxique de l’Amanite phalloïde),
– la galactosamine,
– le praséodyme,
– le thioacétamide.
Dans tous les cas, la silymarine agit à titre préventif ou même à titre curatif. Elle protège les cellules hépatiques de plusieurs façons :
– elle empêche la lyse cellulaire,
– elle augmente la résistance osmotique des érythrocytes,
– elle accroît également la résistance des mastocytes par suite d’une modification des propriétés mécaniques des parois.
Toutes ces expériences montrent que la silymarine possède au moins un site d’action sur la membrane cellulaire, empêchant ou rendant très difficile la pénétration des toxiques à l’intérieur de la cellule.
Utilisation cosmétique
Le chardon Marie présente des activités anti-radicalaires, anti-couperose et anti-oxydantes, ce qui en fait un actif anti-âge fort apprécié. D’autre part, il jouit de vertus régénérantes.
L’huile de chardon Marie est un excellent conditionneur cutané et participe, en formulation, à l’élaboration de la phase grasse. On lui attribue par ailleurs des propriétés hydratantes et régénérantes.
Les extraits ainsi que l’huile de chardon Marie sont particulièrement recommandés dans :
– des produits capillaires destinés aux cheveux abîmés et fragiles
– des crèmes anti-rides pour le contour des yeux
– des soins pour peaux couperosées et stressées
– des crèmes de massage pour les pieds et les jambes lourdes
– des laits hydratants pour le corps
– des crèmes pour les mains
– des crèmes de nuit anti-radicalaires.
Folklore
Dioscoride avait déjà décrit cette plante sous le nom de silybon, le nom spécifique Marianum ayant été adopté au début du christianisme. Silybon est une contraction de sitos : nourriture et de lepos : envelopper, étymologie plus culinaire.
D’où des noms vernaculaires faisant référence à ces deux origines : lait de Notre Dame et artichaut sauvage.
Le chardon est symbole de force et de protection.
Le chardon-marie était réputé pour stimuler les esprits et donner du dynamisme, ainsi en Savoie les hommes qui mangeaient de ce chardon étaient-ils très recherchés comme amants.
Les vaches nourries aux chardons-marie étaient censées n’être jamais malades, donner davantage de lait et d’une meilleure qualité.
Dans la campagne anglaise, les sorciers les faisaient pousser à hauteur de noisetier pour s’en faire des bâtons de marche sur lesquels ils gravaient des signes cabalistiques. Ils s’en servaient dans les actes divinatoires.
La plante était également réputée pour éviter les voleurs : des jardinières de chardons-marie, placées tout autour de la maison, chassent les influences négatives.
Selon la légende, les tâches laiteuses qui maculent ses feuilles seraient des gouttes de lait tombées du sein de la Vierge Marie, fuyant les persécutions d’Hérode lors de la fuite en Égypte, d’où son nom d’espèce : Marianum.
Recettes
Chardons au four
Ingrédients :
4 grosses poignées de chardons préparés
1 petit bol de lait
1 jus de citron
2 cuillères à dessert de câpres
Avec un couteau bien affûté ou des ciseaux de cuisine, coupez tout le pourtour épineux des feuilles de chardon. Séparez bien les tiges et les pétioles que vous gratterez un peu comme si c’était des asperges. Placez-les dans de l’eau vinaigrée, et égouttez bien. Ensuite, faites-les blanchir quelques minutes à l’eau salée. Attention, il ne faut pas que vos chardons soient cuits. Retirez-les de l’eau, égouttez-les à nouveau et placez-les dans un plat à gratin. Versez le lait par-dessus, et assaisonnez. Mettez 1 h à four moyen.
Avant de servir, versez dessus un jus de citron et saupoudrez de câpres.
Confiture de racines
Ingrédients :
1 kg de racines de chardon
1 kg de sucre cristallisé
Coupez les racines en tronçons.
Mettez-les au fond d’une bassine et recouvrez avec le sucre cristallisé. Laissez reposer toute la nuit.
Le lendemain, faites cuire en remuant souvent. Lorsque le mélange est pris en gelée (faites le test de la goutte sur l’assiette : si elle reste, la gelée est prise), mettez en pots et couvrez.
Chardons au fromage
Ingrédients :
4 grosses poignées de chardons
2 bols de sauce béchamel
1 bol de gruyère râpé
sel, poivre
Enlevez les bords épineux des chardons et dégagez les tiges et les pétioles.
Faites bouillir les chardons dans de l’eau salée jusqu’à ce qu’ils soient tendres.
Égouttez-les et mélangez-les à la sauce. Ajoutez le fromage râpé, le sel et le poivre.
Servez tout de suite.
Ragoût de chardon-marie
Ingrédients :
500 g de côtes de chardons
bouillon
1 cuillerée à soupe de farine
sel
1 oignon
1 bouquet garni
1 filet de verjus
1 noix de beurre
Coupez les chardons de la longueur de 7-8 cm. Ne mettez pas ceux qui sont creux et verts. Faites-les cuire _ h dans de l’eau et retirez-les dans de l’eau tiède pour les éplucher. Vous les faites cuire avec du bouillon où vous avez délayé la farine, mettez-y du sel, l’oignon, un bouquet de fines herbes, un filet de verjus en grains, un peu de beurre. Quand ils sont cuits, retirez-les pour les mettre dans un bon coulis avec un peu de bouillon, faites-les bouillir 1/2 heure dans cette sauce pour qu’ils prennent goût et servez-les, que la sauce ne soit ni trop claire, ni trop liée et d’un beau blond.
Chardons à la façon de Marie
Ingrédients :
1 kg de chardons
1 bon verre d’huile d’olive
150 g de beurre
8 anchois
sel, poivre
Prenez le blanc de chardons, essuyez-le bien (ne le lavez pas), coupez-le en petits bâtonnets et mettez-le de côté sur un linge. Dans une sauteuse, mettez à fondre les anchois dans l’huile d’olive. Quand les anchois sont fondus, ajoutez-y le beurre coupé en petits morceaux, faites-le fondre en remuant. Lorsqu’il est bien chaud (mais attention, pas brûlé), jetez dedans les chardons. Faites sauter toutes les 3 mn, pendant 20 mn environ. Salez, poivrez. Servez bien chaud.
Brochettes aux fonds de chardon
Ingrédients :
8 rognons de mouton
8 tomates bien fermes
8 fonds de chardons
huile, sel, poivre
Débarrassez les rognons de leur graisse et coupez-les en 4 ainsi que les tomates et les fonds de chardons que vous aurez passés rapidement à l’eau. Enfilez-les simultanément sur une brochette de métal, salez, poivrez et mettez sur le feu 10 mn, en arrosant d’huile de temps en temps.
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