L’anticléricalisme militant comme arme contre la montée des fondamentalismes religieux.
Quand je pense que les avancées extraordinaires du XIXe sur la laïcité ont dû emprunter la voie d’un anticléricalisme militant et forcené (face à l’église catholique), je me demande si aujourd’hui, nous ne sommes pas dans une situation qui nécessiterait un anticléricalisme tout aussi forcené (face à l’Islam).
Respecter les croyances de chacun est tout aussi essentiel que de respecter la liberté de la presse. Les manifestations de la foi de chaque citoyen n’a pas à empiéter sur la liberté des autres. Certaines religions devraient revoir leur copie afin de permettre à leurs adeptes de pratiquer leur foi sans agresser les citoyens qui n’ont pas la même. Si elles ne le font pas, c’est qu’elles estiment devoir imposer leur religion. Nous sommes au XXIe siècle, pas au moyen âge, ni même au XIXe siècle. Comment acceptons-nous ces guerres de religion?L’anticléricalisme au XIXe siècle est combatif. Il s’oppose « à l’esprit de l’Église catholique tendant à subordonner l’autorité temporelle à l’autorité ecclésiastique ». Il affirme la nécessité de la séparation du civil et du religieux. Les découvertes scientifiques, « l’affront » darwiniste sur l’origine des espèces, font reculer les croyances anciennes et vont redistribuer les cartes : les rapports entre l’État et les Églises doivent changer. On dénonce le complot clérical ou jésuite, comme d’autres dénoncent le complot franc-maçon ou juif.
En février 1848, tout porte à la réconciliation. Les arbres de la liberté, emblèmes de la République renaissante, sont bénis par le clergé. Mais cela ne dure guère. La peur sociale, manifeste lors des journées de juin, rallie les catholiques à la majorité conservatrice. La loi Falloux, votée sous le prince président, conforte l’influence de l’Église catholique dans l’enseignement. Beaucoup pensent que la religion est une nécessité sociale qui évite les menaces de la « lutte des classes ».
L’Empire autoritaire sera soutenu par la majorité des catholiques. L’anticléricalisme prend corps pendant cette période. Des penseurs et écrivains comme Proudhon, Michelet, Auguste Comte, Renan, Quinet, expriment leur point de vue dans maintes publications.
Pour la première fois, un programme politique, celui de Belleville(Gambetta) demandera clairement la séparation des Églises et de l’État, et un enseignement laïc. Il sera proclamé le 2 avril 1871 par la Commune. C’est une grande première. La IIIe République mettra trente cinq ans pour l’imposer.
« Les associations de personnes pourront se former librement sans autorisation ni déclaration préalable. » (article 2)
La loi du 2 juillet 1901 à laquelle est attachée le nom de Waldeck-Rousseau permet la constitution libre d’associations laïques autres que professionnelles et la possession de biens utiles à leur activité, dès lors qu’elles sont déclarées.
Les congrégations, elles, doivent solliciter une autorisation et peuvent être dissoutes par décret ; tout établissement nouveau fondé par une congrégation ancienne devra être autorisé.
Favorable aux réseaux associatifs et à la constitution de grands partis (radical et radical-socialiste 1901, socialiste en 1905) la loi de 1901 vise aussi -et peut-être surtout- le contrôle des congrégations fortunées, et en particulier celles qui avaient vitupéré contre les laïcs, les protestants et les juifs pendant l’Affaire Dreyfus. A cet égard, elle s’insère dans l’histoire de l’anticléricalisme : « le petit père » Combes appliquera cette partie de la loi avec une extrême rigueur. Sa partie positive, elle, reste encore très vivante.

Emile Combes – caricature
Combes Emile, homme politique français
1835 (Roquecourbe, Tarn) – 1921 (Pons, Charente-Maritime)
Le « petit père Combes », l’ancien séminariste, est un anticléricaliste militant. Quand il succède à Waldeck-Rousseau, qui l’a recommandé au président Loubet, il met en pratique immédiate ses convictions : il fait appliquer strictement la loi de 1901 qui oblige les associations à se déclarer et à demander une autorisation. Waldeck-Rousseau ira jusqu’à lui reprocher d’en faire une loi d’exclusion au lieu d’une loi de contrôle ; il fait fermer 2.000 écoles congréganistes en juillet 1904 dans le cadre de la nouvelle loi ; il rompt les relations diplomatiques avec le Vatican, accusant le Saint Père d’ingérence étrangère ; la loi de séparation des Églises et de l’État sera votée en 1905 sous le gouvernement Rouvier.
Cette grande œuvre – trois ans au ministère – est arrêtée net par l’affaire « du système des fiches » pratiqué par son ministre de la Guerre : l’avancement est lié aux opinions politiques et religieuses. Il est contraint de démissionner. Il retrouve son siège de sénateur en Charente-Inférieure où il avait été élu dès 1885.
Il reste un spécialiste de l’enseignement, n’oubliant pas sa formation de docteur en théologie et de professeur de philosophie. Il participera en 1915, pendant la Grande Guerre, au cabinet d' »union sacrée ».
1895-96 : ministre de l’Instruction publique et des Cultes
1902-1905 : président du Conseil
1904 : rupture avec le Saint-Siège