L’expression vivante des courants modernes
Le jury du Salon de 1884 s’est montré une nouvelle fois hostile à la nouvelle peinture. Quelques artistes courageux, emmenés par Signac et Seurat décident alors de créer un salon libre. Une exposition libre ! C’est la ruée, mais aussi une déception.
Le jour du vernissage, la toile de Signac n’est même pas accrochée ! Emus par la situation qu’ils jugent scandaleuse, quarante exposants réagissent et sous la présidence de Odilon Redon créent la Société des Artistes Indépendants (4 juin 1884).
Leur première exposition, soutenue par la ville de Paris, sera inaugurée le 10 décembre 1884.
Le Salon des Indépendants deviendra l’expression vivante des courants modernes : néo-impressionnistes, symbolistes, nabis, fauves et en 1908 les bizarreries cubistes de Braque.
Redon Odilon, peintre français
1840 (Bordeaux) – 1914 (Paris)
Issu d’une famille bourgeoise bordelaise, Odilon Redon doit son inspiration aux premières impressions d’une enfance fragile, livrée à elle-même dans le domaine de Peyrelebade. Il est initié au dessin par Gorin, élève d’Isabey, qui lui apprend à admirer Corot, Delacroix et surtout Gustave Moreau.
Hésitant encore sur sa vocation, le jeune Redon entre dans l’atelier de Gérôme. Une expérience catastrophique, heureusement compensée par la rencontre décisive avec Bresdin, qui l’oriente vers un art libre -aussi éloigné du naturalisme que des conventions officielles-, et lui fait découvrir la lithographie.
Redon produit alors d’admirables fusains et lithographies, « Les Noirs ».
Il illustre Flaubert, Edgar Poe, Baudelaire.
Cofondateur du Salon des Indépendants, il participe aussi à la dernière exposition impressionniste en 1886.
Il découvre quelques années plus tard la couleur par le truchement du pastel : fleurs, portraits, jeunes filles, sujets religieux deviennent alors les modèles de sa vie d’artiste reconnu.
L’exposition chez Durand-Ruel, le célèbre banquet en l’honneur de Jean Moreas et des symbolistes, auquel il participe, lui apportent la notoriété. Même Gauguin, le difficile, l’admire.
Les peintres de la jeune génération, comme Bonnard, Vuillard, Signac, lui rendent hommage.
Aujourd’hui son art de visionnaire qui tendait déjà à une certaine abstraction en fait un précurseur aussi bien pour les fauves que pour Marcel Duchamp et les surréalistes.
Un tableau n’enseigne rien, il attire, il surprend, il exalte, il mène insensiblement et par amour au besoin de vivre avec le beau. -Odilon Redon-
1872-80 : fusains, Le destin, La folie, Le prisonnier à la loupe
1879 : Dans le rêve, premier album lithographique
1880: Les Yeux clos
1883 : Les origines
1883 : illustration de L’Apocalypse de Saint-Jean
1884 : cofondateur du Salon des Indépendants, Vision sous-marine, pastel
1885 : Hommage à Goya
1886 : La nuit
1888-89 : illustration de La tentation de saint Antoine -Flaubert-
1889 et 1894 : exposition chez Durand-Ruel
1890 : illustration des Fleurs du mal
1898 : exposition chez Vollard avec les peintres graveurs
1900-1903: La Fuite en Egypte
1922 : publication de son journal intime, A soi-même