La marjolaine, ou Grand origan, de la famille des Lamiaceae, spontanée dans les jardins et les terrains ensoleillés du bassin méditerranéen, elle est aussi cultivée, comme dans le sud de la France, en Provence. On la rencontre, spontanée, du nord-est de l’Afrique, particulièrement en Tunisie, jusqu’aux Indes en passant par l’Égypte et l’Arabie ; elle peut être cultivée jusqu’à 2000 m.
Petit sous-arbrisseau à odeur très aromatique et à saveur chaude, la marjolaine est vivace en Afrique du Nord, bisannuelle en région méditerranéenne mais ne se reproduit pas en région parisienne.
L’origan et la marjolaine sont très souvent confondus et l’on appelle souvent l’origan, marjolaine. Elle forme des touffes de 20 à 50 cm, atteignant 1 m en Tunisie. La tige est dressée, anguleuse et velue. Les feuilles sont petites, ovales, veloutées, grisâtres sur les 2 faces. Ses très petites fleurs blanchâtres ou rosées sont groupées par trois à l’aisselle de bractées incurvées en coquille. Son odeur est très aromatique.
Ses feuilles grisâtres velues sur les deux faces et les bractées en forme de petite coquille différencient la marjolaine de l’origan qui a des fleurs roses et pas de bractées en forme de coquille.
Usages
On utilise les sommités fleuries (Codex 1949) – ce qui permet plusieurs récoltes dans l’année – ou la plante entière.
Elle était très estimée dès le moyen âge et Albert le Grand la disait apéritive, résolutive et fortifiante : il la prescrivait contre les débuts d’hydropisie et la paralysie décroissante en friction huileuse. Matthiole la déclara efficace contre toutes les affections de la poitrine qui entraînent de l’oppression, celles du foie, de l’estomac, de la rate et de l’utérus.
En usage externe, on l’utilisait contre les affections froides de la tête, les rhumes de cerveau, les maux et la dureté d’oreille, la paralysie de la langue.
Dioscoride et Pline la citent : on en faisait une pommade ou une essence pour échauffer et ramollir les nerfs, appelée amaricinum, utilisée comme nervin mais aussi comme vulnéraire et pour soigner le rhume de cerveau, les enflures, les luxations.
Aujourd’hui la marjolaine est employée pour ses vertus antispasmodiques dans les états d’angoisse, en particulier dans ceux liés à la guerre. Elle calme les nerfs. La plante est énergique à forte dose, stimulante ou calmante à faible dose, la posologie dépendant beaucoup de l’individu.
Elle aurait également des propriétés antivirales, carminatives et diurétiques et on l’a employée comme résolutif sur les glandes indurées et les engorgements laiteux.
On utilise la marjolaine en cosmétique comme éclaircissant de la peau et pour la coloration des cheveux. Mais la marjolaine fraîche, contrairement à son huile essentielle, peut être irritante pour la peau.
En homéopathie, l’essence est considérée comme tonique, stomachique et elle est aussi prescrite contre l’obsession sexuelle et l’érotomanie.
La marjolaine est un excellent aromate, plus fin que l’origan. On l’utilise pour parfumer des desserts, des confiseries, des sauces et de la charcuterie.
L’huile essentielle de marjolaine est utilisée comme parfum assainissant d’atmosphère.
Composition chimique et usages actuels
La feuille renferme
– des protides notamment 3 % de protéines (albumine)
– des acides organiques : acide ascorbique (vitamine C)
– des composés phénoliques représentés par :
. des phénols notamment une quantité considérable d’hydroquinone
. des acides phénoliques tels que : acide caféique, acide labiatique et plus de 2 % d’acide rosmarinique
. des flavonoïdes principalement des flavones (apigénine, apigénine 7-glucoside, diosmétine, diosmétine-7-glucuronide, lutéoline, lutéoline-7-diglucoside, orientine, vitexine, dinatine et majoranine)
. des tanins
– des terpénoïdes : triterpènes notamment des saponines (acide oléanolique et acide ursolique) et des stéroïdes (beta-sitostérol)
– de la vitamine A (rétinol)
– des paraffines (n-triacontane), 7 % de pentosanes
– 3 % d’huile essentielle renfermant :
. des composés phénoliques : des phénols (trans-anéthole, eugénol, estragole et carvacrol)
. des terpénoïdes :
. des monoterpènes tels que : 0,1 à 3 % d’acétate de linalyle, acétate de terpényle et de géranyl, 2 à 5 % de linalol, 1 à 9 % de myrcène, 4 % d’alpha et beta phellandrènes, alpha et beta pinène (respectivement 1 à 5 % et 0,5 à 2,5 %), 2,5 à 10 % de sabinène, alpha et gamma terpinène (respectivement 6 à 8 % et 14 à 20 %), 3 à 6 % d’alpha-terpinéol, 1 à 7 % de terpinolène, para-cymène, thujanol et ocimène
. sesquiterpènes : 2 à 3 % de beta-caryophyllène, environ 0,1 % d’alpha-humulène
C’est à un alcool terpénique, le terpinéol, que l’huile essentielle de marjolaine doit son action antispasmodique, sédative, analgésique, cicatrisante et anti-asthénique.
La marjolaine aurait des propriétés antivirales, carminatives, diaphorétiques et diurétiques.
On lui reconnaît aussi des vertus antibactériennes et antifongiques. Elle est considérée également comme apéritive, expectorante, emménagogue, laxative, stomachique et vasodilatatrice.
L’huile essentielle de marjolaine est non-irritante pour la peau tandis que la marjolaine fraîche est source d’irritation pour la peau et les yeux.
On utilise la marjolaine pour ses propriétés carminatives, sudorifiques et stimulantes pour soigner la toux, les affections bronchiques, l’asthme, favoriser la digestion, calmer les rhumatismes, les maux de tête et pour l’hygiène buccale.
Usages cosmétiques
L’huile essentielle de marjolaine est utilisée pour ses vertus antiseptiques et tonifiantes et comme parfum dans les savons, les crèmes, les lotions à une dose maximum de 0,6 %.
La marjolaine est anti-oxydante, antiseptique, dépigmentante, régénérante et tonifiante.
Par son contenu en hydroquinone elle peut être utilisée comme éclaircissant de la peau.
L’ensemble de ces propriétés font des extraits de marjolaine un excellent actif dans :
– des produits pour les mains
– des produits pour le corps
– des produits pour le visage destinés aux peaux abîmées et matures, ternes et fatiguées mais aussi pour les peaux normales
Folklore
Marjolaine, ce nom dérive-t-il de Marjorana, à cause des vertus de prolongement de la vie qu’on attribuait autrefois à la plante ou du vieux français marjole ou mariole, figurine religieuse qui représentait initialement la Vierge Marie puis une marionnette ou poupée, les groupuscules de fleurs faisant songer à de petites poupées.
Origanum, issu du grec origanos vient de oros, montagne et de ganos, éclat : soit plante ornant les montagnes et hortensis, des jardins.
La marjolaine éloigne les séducteurs.
Elle était très cultivée dans l’Égypte ancienne où on l’appelait la plante d’Osiris et en Grèce ou en Italie, où elle entrait dans la confection de couronnes et était utilisée comme aromatique et médicinale. Au moyen âge, elle commence à être cultivée en France. Elle tombera peu à peu dans l’oubli à partir du XVIIe siècle, alors qu’elle reste utilisée dans les autres pays d’Europe centrale et méridionale.
Les Grecs la plantaient sur les tombes pour procurer la paix de l’esprit aux disparus. Aristote dit que les tortues qui ont avalé un serpent vont manger aussitôt de la marjolaine pour ne pas mourir.
Un jour, Amaracus, au service du roi de Chypre, laissa tomber un vase contenant des parfums. Il s’en effraya tellement qu’il perdit connaissance et fut changé en une herbe odorante appelée « sampsuchon », puis « amarakon », la marjolaine.
On connait aussi « les elfes couronnés de §thym§ et de marjolaine »ou ce chant dont le refrain, dédié aux « compagnons de la marjolaine »,
évoque ces joyeux garçons qui partaient à l’aventure, n’oubliant pas de glisser un brin d’herbe porte-bonheur sous le revers de leur botte.
Recettes
beignets aux fines herbes
Ingrédients:
1 sachet de levure
1 tasse et quart d’eau tiède
1 tasse de farine
3 à 4 cuillerées à soupe de fines herbes
3 cuillerées à soupe de persil frais
thym,
sarriette
marjolaine
1 litre d’huile à friture
sel
Faites dissoudre, en remuant, la levure dans 1/4 de tasse d’eau tiède. Ajoutez la farine, l’eau qui reste et les fines herbes hachées menu.
Couvrez et mettez dans un endroit chaud.
Jetez la pâte par cuillerées dans l’huile très chaude et faites frire. Si vous faites frire dans très peu d’huile, retournez une fois.
Vous pourriez encore ajouter du fenouil et remplacer l’huile par un peu de bouillon de poulet ou de boeuf sans trahir l’esprit de cette recette.
tartes d’herbes au mois de mai
“Autant de fromage tu découperas et pileras que j’ai dit ci-dessus au premier et second chapitre des tartes. Et quand sera pilé tu y ajouteras le jus de blette, un peu de marjolaine, un petit peu de sauge, bien petit de menthe, beaucoup de persil tout pilé au mortier & quinze ou seize glaires d’oeufs bien battus, demi-livre de sain, d’auve ou de beurre frais & mettras tout ensemble. Aucun il y a qui veulent aucune feuilles de persils découpés seulement et non pilées, demi livre de gingembre blanc & y ajoutent ensemble huit onces de sucre. Et tout ceci mettent ensemble dedans un pot ou une poêle bien ointe et font bouillir sur les charbons assez loin de la flamme à cause de la fumée, & le remuent continuellement jusqu’à ce que devienne épais. Et quand est presque cuit le mettent en une autre poêle dedans laquelle sera ta croute & avec ta tête la couvriras jusqu’à ce que soit cuite lentement à petit feu. Et quand est cuite & mise sur le plat le convient surfondre de bon sucre & eau de rose. Et cette façon de tarte, de tant que sont plus vertes, de tant sont meilleures & agréables.
Ceux qui sont dangereux de manger choses crues n’en mangeront point pour ce que est de tarde concoction, obsusque les yeux, fait opilation & engendre la pierre.”
Selon la version choisie, la tarte est sucrée ou non, huit onces de sucre font la différence. Cette distinction entre mets sucrés et salés que nous opérons aujourd’hui n’était pas alors une frontière aussi rigide, mais plutôt une affaire de goût personnel; elle n’avait pas d’incidence directe dans l’ordre de présentation des plats sur la table; pour ne rien dire ici des mets qui mélangeaient les deux saveurs.
tarte bourbonnaise
Haches menu et piles autant de gras fromage que nous avons dit blanche et y ajoutes après des blettes, persil, marjolaine, coupes, quatre oeufs bien battus, du poivre pilé, un peu de saindoux ou de beurre frais et mettras tout ensemble et soit tout bien réduit en un corps, puis (comme est dessus ton tête ou en croute de pâte sur le feu). Et quand elle sera cuite, lui donner couleur y mets par dessus un oeuf battu avec. Ta cuite quand la croûte de dessus commencera à se leve ores pire que là-dessus dite.
Conseil est donné ici de faire cuire en tourtière ou dans une poêle bien que cette dernière pouvait être considérée un simple récipient de cuisson et n’être point conforme à l’avis médical, il est sans appel!
Infusion de marjolaine pour combattre l’aérophagie:
Une cuillerée à dessert de plante coupée pour une tasse d’eau bouillante.
Laisser infuser 10 minutes et prendre deux tasses par jour après les repas.