En lisant ce texte concernant les élections américaines de 1908, demandez-vous si vous êtes pour les démocrates ou pour les républicains… et cherchez ce qui a changé dans les orientations de ces deux partis depuis 1908:
En 1908, aux États-Unis, les élections présidentielles mettaient déjà aux prises deux grands partis:
les Républicains ont pour but la centralisation complète du pouvoir à Washington, au détriment des droits particuliers de chacun des États indépendants. Ils veulent la Plus grande Union, sont impérialistes et prétendent à ce que les États-Unis prennent voix dans le concert des Puissances. »
Les Démocrates sont les remparts de la doctrine de Monroë: L’Amérique aux Américains. Ils veulent défendre l’Union contre les immigrations étrangères. Ils maudissent et l’impérialisme et la politique coloniale. Leur devise serait encore mieux Chacun chez soi. S’en tenant à la lettre à l’esprit de la Constitution, ils soutiennent les intérêts particuliers des États contre les menées centralisatrices.
On n’a pas idée des dépenses que représentent les élections présidentielles américaines!On pourrait comparer les républicaine à des fourmis audacieuses prêtes à razzier les fourmilières ennemies, les démocrates à des abeilles qui se contentent de travailler chez elles, mais sans jamais supporter l’intrusion.
Le candidat des Républicains, William Howard Taft avait quitté la magistrature pour se consacrer en 1887 à la pacification des Philippines dont il fut nommé gouverneur. En 1904, Roosevelt lui confie le portefeuille de la guerre qu’il conserve jusqu’au jour ou il se fait acclamer dans l’immense salle du Colyseum devant 14000 républicains puisque Roosevelt renonce à une nouvelle candidature. Grand, plus spirituel qu’éloquent, d’une bonhommie qui le rend populaire. A un contradicteur exaspéré qui s’enroue, il offre une pastille d’eucalyptus en souriant: reposez-vous un moment, je vais travailler pendant ce temps, ça vous fournira de nouveaux arguments quand vous reprendrez.
Son atout : l’amitié de Roosevelt.
Sa pierre d’achoppement : l’inimitié des trusts auxquels il continue la guerre commencée par le président sortant.
Le candidat démocrate, William Jennings Bryan, un infatigable jouteur et grand orateur, que ses deux précédents échecs n’ont pas découragé. Il n’a jamais occupé de fonctions publique, c’est un fils de ses oeuvres. Enfant d’un pauvre fermier du Far-West, il apprit à lire dans les rares loisirs que lui laissaient les travaux des champs. Ce sont sa plume alerte de journaliste et l’exploitation de ses domaines qui lui permettent d’amasser une fortune considérable.
La situation des Républicains : leurs forces sont surtout concentrées dans les états de l’Est. Les noirs et les mulâtres du Sud, dont le nombre augmente à tous les recensements, sont en majorité républicains. La magnifique situation du parti républicain est entamée par la lutte engagée par Roosevelt contre les trusts. Le krach du 21 octobre 1908 ont détaché du président actuel et du candidat à sa succession la majeure partie des puissants milliardaires qui crient que Roosevelt a paralysé les affaires et que c’est à lui qu’est due la misère qui pèse sur les classes laborieuses. Mais comme les démocrates se sont toujours dressés en ennemis en face des grandes puissances financières qui malgré leur inimitié pour Roosevelt et Taft, ne se rallieront sûrement jamais aux démocrates. La haute industrie ne peut se brouiller avec les républicains impérialistes dont les aspirations à l’hégémonie du monde peuvent devenir une source inépuisable de constructions et de fournitures militaires et maritimes. Ce qui handicape Taft est que les Américains n’ont pas grande estime pour les fonctionnaires de carrière. De plus est il est de l’avis de Roosevelt de supprimer In god we trust de la tranche des dollars décision qui avait soulevé un tel tollé du peuple que Roosevelt l’avait abandonnée.
La situation des Démocrates: En principe, tout le sud des États-Unis est acquis aux Démocrates, à l’exception des gens de couleur. Ils ont également pour eux une partie de l’ouest et en particulier New-York. Ils sont eux aussi ennemis des trusts. A la convention de Denver, Bryan annonce qu’il ne se contentera pas de lutter contre les trusts mais qu’il règlementera le prix de toutes les marchandises consommées dans l’Union et qu’à la politique douanière qui n’a servi qu’à enrichir les Rois industriels, il substituera un impôt unique sur le revenu. Pas d’impérialisme, pas de dépenses exagérées pour la guerre. Il souhaite reconnaître l’indépendance des Philippines sous un protectorat qui cesserait dès que les Puissances auraient formellement reconnu l’indépendance de l’archipel. Il prend nettement parti contre l’immigration jaune.
Son atout est le krach du 21 octobre, attribué à la brutalité de Roosevelt, les récoltes mauvaises dans l’ouest qui font passer au démocrates un électorat traditionnellement républicain. De plus la Fédération américaine du travail a déclaré que le programme du parti démocrate donne toute satisfaction aux revendications ouvrières.
Malgré cela : And the winner in 1909 is: William Taft
Extrait du journal Je sais tout – 1908