Téhéran, novembre 1943, Staline est satisfait, Churchill et Roosevelt lui confirment l’ouverture d’un second front en Europe occidentale pour le printemps 1944.
La directive adressée au général Eisenhower par l’état-major interallié en décembre 1942 est fort simple et définit, au-delà de l’attaque amphibie Overlord, un plan stratégique à long terme: « Vous pénétrerez sur le continent européen, puis, en coordination avec les autres nations alliées, vous entreprendrez des opération devant vous mener au coeur de l’Allemagne et vous permettre de détruire ses forces armées. »
Les Alliés doivent prendre pied sur les côtes normandes et tenir la tête de pont. Des vagues successives de renforts doivent leur permettre de percer les lignes allemandes en direction de la Loire et de s’emparer de la Bretagne et de ses ports. Ainsi, les troupes américaines pourront débarquer massivement. La Seine devrait être franchie 90 jours après le jour J, un assaut principal en direction du cours inférieur de Rhin devait être épaulé par le débarquement de Provence ANVIL. Au jour J+330, les Alliés devaient être aux portes de la Rhur.
Chez les Allemands, tout le monde s’attend à une attaque alliée à l’ouest. Hitler le souhaite même. « La destruction de la tentative de débarquement sera un facteur décisif…l’ennemi ne pourra renouveler sa tentative, l’échec causera un choc moral indélébile…Aussitôt la décision emportée à l’Ouest, nous transporterons en Russie les divisions actuellement stationnées en Europe. » Mais les divergences sur la manière de repousser les Alliés divisent le haut commandement Allemand.
Historique du débarquement
Été 1940
Dès l’été 1940, Churchill fait étudier les problèmes posés par un débarquement en Europe. L’idée prend corps après l’entrée en guerre des États-Unis avec la création, en décembre 41, d’un commandement stratégique allié unique pour unir tous les efforts et les potentialités en vue de vaincre l’Allemagne. Mais au fil des conférences, les dissensions entre Anglais et Américains compliquent les négociations sur la stratégie à adopter.
Créer un deuxième front pour soulager les Russes, éliminer les Italiens du conflit et sauvegarder les positions stratégiques au Moyen-Orient, telles sont les principales données du problème. Mais les Américains, pressés par leur opinion publique, sont favorables à l’assaut d’urgence et les Anglais, qui ont testé à leur dépens les défenses côtières allemandes lors du raid de Dieppe, veulent assurer au débarquement une préparation suffisante pour qu’il ait de sérieuses chances de succès et qu’il ne soit pas trop meurtrier. Cela signifie déjà désinfecter l’Atlantique des sous-marins allemands pour permettre le transport des troupes et du matériel américain jusqu’en Angleterre. Ce sont tous ces éléments qui ont fait que le débarquement transmanche, Overlord, n’a eu lieu ni en 42, ni même en 43, mais au printemps 44 et qu’il a été précédé du débarquement en Afrique du Nord en novembre 42 et de celui de Sicile en juillet 43.
La position de l’Allemagne
Le 20 mars 1944, à propos de l’éventualité d’un débarquement allié, Hitler Déclare : « les deux secteurs les plus favorables sont les deux péninsules du littoral occidental, c’est à dire le Cotentin et la Bretagne. » Mais le haut commandement allemand, lui, reste persuadé que le choc essentiel se produira dans le Pas de Calais. Les opérations de désinformations alliées finiront par convaincre même Hitler.
En juin 1943, les chefs d’état-major alliés ont tranché en faveur d’un débarquement sur les côtes normandes. Malgré une traversée plus longue, nécessitant un soutine plus difficile de l’aviation et malgré l’éloignement de l’objectif final : les frontières de l’Allemagne, les avantages l’emportent : les larges plages de sable, d’accès facile, abritées des vents d’ouest sont favorables à un assaut amphibie; les fortifications, l’importance et la qualité des troupes allemandes s’y avèrent moins redoutables, donc le coût en vies humaines moins effrayant pour les Alliés…à condition de conforter les Allemands dans leur idée que le débarquement en Normandie n’est qu’une manoeuvre de diversion précédent une opération de plus grande envergure dans le Pas de Calais.
Malgré la réussite du plan de désinformation allié, Rommel, conscient de la supériorité aérienne des Alliés et du fait que la production de l’industrie d’armement allemande s’est laissée distancer, adresse, en décembre 1943 un rapport à Hitler. Au retour d’une inspection sur la côte de l’Atlantique, il demande un renforcement du dispositif de défense côtière, mines et obstacles sous-marins, et cherche à combler sa faiblesse sur le côtes normandes, mais il est trop tard!
La veille du 6 juin
Le 5 juin 1944, dans tous les ports de la côte sud de l’Angleterre, plus de 1500 hommes se rassemblent pour embarquer à bord de 5000 navires.
Le 5 juin 1944, la plus grande armada de tous les temps se rassemble au large de l’île de Wight au point appelé « Piccadilly Circus ». L’opération Neptune est déclenchée.
5 juin à minuit: les bombardiers lourds de la RAF commencent à attaquer les batteries allemandes.
6 juin, une heure du matin, trois divisions aéroportées sont larguées dans la région de Sainte-Mère-Église et à l’est de l’Orne pour protéger les flancs du débarquement.
Puis les colonnes de navires, surmontées de nuages de ballons de barrage, accompagnées d’escorteurs antiaériens, prennent la direction des côtes de France, empruntant 10 chenaux, balisés des dragueurs. Mais à bord, l’attente des derniers jours et la tempête n’ont pas rendu la traversée fort agréable.
6 juin, 5 heures 30, Dans leurs bunkers, les Allemands n’en croient pas leurs yeux:
« Ils arrivent »!
6 juin, 6 heures 30 en secteur américain, 7 heures 30 en secteur anglais (à cause de la marée), les péniches de débarquement avancent, malmenées par les vagues. Le fond des barges racle le sable. Les portes s’abattent.
Une course mortelle commence au travers des obstacles, sous le feu de l’ennemi.
Partout les défenses allemandes sont enfoncées, avec plus ou moins de pertes. Omaha beach restera de sinistre mémoire.
Le 6 juin au soir, les alliés occupent une tête de pont de 80 kilomètres, 12 000 soldats alliés sont morts. Les renforts allemands tardent à arriver, soit manque de décision, soit parce qu’ils sont stoppés par l’aviation ennemie et les sabotages effectués par la Résistance (ce dernier point est controversé, d’aucuns disent qu’il n’y avait pas de Résistance en Normandie…En tout cas ce qui est sûr c’est que ces sabotages ne furent pas les éléments les plus décisifs dans la bataille de Normandie.)
6 juin, fin d’après midi, les troupes allemandes interceptent un message américain : « l’opération se déroule conformément au plan. Seul un léger retard est à signaler. »
Léger retard!!! Il faudra trois longs mois meurtriers aux alliés pour remporter la bataille de Normandie.
(Cet article est issu du travail que j’ai réalisé pour l’ouverture du Mémorial de Caen: bornes interactives sur le débarquement)