Les armes, fierté de l’être humain?

Les fusils Chassepot en 1867

Les fusils Chassepot en 1867

Pourquoi les armes sont-elles la fierté de l’être humain?

Les Chassepot ont fait merveille, dit le général de Failly  en 1867.

« Je vois déjà cette brillante jeunesse, habile à arborer des cols majuscules aux premières représentations des Bouffes – Parisiens, je la vois munie d’un fusil Chassepot…Le Français né malin, naît aussi garde national » -Jules Claretie-

Les femmes, qui pleurent le départ de leurs hommes pour la guerre sont séduites par les uniformes et les armes, ces symboles de la puissance masculine.

Aujourd’hui, le lobby des armes aux Etats-Unis est tout puissant.

L’homme porterait-il des armes pour se défendre, comme le serpent son venin, les félins leurs griffes et leurs crocs, les requins leur dents? Mais les animaux tuent pour se nourrir (et pas tous) et règlent leurs conflits de territoire parfois de façon violente mais sans massacrer les leurs. L’exemple des grands singes, nos plus proches cousins, est instructif : ils pratiquement l’intimidation, parfois le combat mais surtout la réconciliation.

Sur le plan des armes naturelles, nous sommes à égalité avec les grands singes, avec un léger handicap, celui d’être moins agiles dans la fuite au faîte des arbres, donc on comprend pourquoi les hommes primitifs qui avaient réussi à se fabriquer des armes avaient un avantage pour se défendre contre les bêtes sauvages. A quel moment l’usage des armes a-t-il dégénéré en guerre fratricide : lorsque l’homme s’est sédentarisé et a amassé et stocké sa production!

Bref, tant que l’homme n’aura pas appris la réconciliation et le partage, tant que porter un colt au ceinturon restera une image de la virilité, les armes resterons la fierté de l’être humain et le gage de sa perte.

Les fusils au XIXe

En 1866, les paroles ne respirent que la paix, mais l’inspirent bien peu et les actes n’ont en vue que la guerre : le fusil à aiguille en Prusse, le fusil Ridner en Autriche, le Chassepot en France.
En 1866, les Chassepot sont encore sans rivaux, pas pour longtemps, la guerre de 1870 est proche. En Italie, lors de l’opération du corps expéditionnaire français à Rome soutenant les troupes pontificales contre celles de Garibaldi,  « ils ont fait merveille » (1867).
Ils tirent plus loin, plus vite ; ils sont plus légers, mieux équilibrés, il ne crachent pas par l’arrière et ils ne s’encrassent pas comme les fusils prussiens, et surtout, ils ne se chargent plus par le canon, mais par la culasse ; les tirailleurs n’ont plus besoin de se lever pour les charger et peuvent rester ainsi à couvert.
Puis le général Boulanger est fier de faire adopter les fusils Lebel en 1886.

L’évolution de l’armement depuis le XIXe

armement

départ pour la guerre de 14

Les progrès de l’industrie permettent directement l’évolution des armements ; produire en grande série un matériel puissant, c’est atteindre le plus grand nombre de combattants adverses tout en garantissant sécurité et maniabilité à ceux qui les servent.

Il faut aussi savoir s’adapter : dans la guerre de commandos ou dans les guerillas, l’allégement devient une question de vie ou de mort.
Eléments stratégiques du progrès : acier, béton, chimie, télécommunication, chemin de fer, puis aviation.
Par l’amélioration de leur fabrication, colts et fusils gagnent en sécurité, en légèreté, en rapidité de chargement, en précision et en portée de tir.

Les canons Krupp, « triomphe de l’industrie allemande », lancent en 1879 des obus de 700 kg perçant tous les blindages à 2 000 mètres. La seconde moitié du XIXe siècle est marquée par cette course entre portée des canons et taille des obus, d’une part, résistance des blindages d’acier et des fortifications en béton, d’autre part.
L’industrie chimique fournit des explosifs de plus en plus puissants : les grenades atteignent l’ennemi abrité des coups directs, la dynamite améliore la diversité, la puissance destructrice et meurtrière des mines et pièges que le combattant peut faire exploser au passage de l’adversaire.
Au XXe siècle, la guerre change d’échelle et devient mondiale. Le transport des troupes se motorise grâce au train puis, à partir de la guerre de 14-18 grâce aux voitures et aux camions. La guerre se mécanise grâce aux chars et aux avions, puis intègre les télécommunications, le télégraphe puis le téléphone comme outil stratégique. La Première Guerre mondiale donne une accélération extraordinaire à l’aéronautique. Chaque phase de cette douloureuse période est marquée par un nouveau modèle, faisant passer la suprématie aérienne alternativement d’un camp à l’autre.
L’utilisation des armes chimiques en 1915 crée un moment de stupeur; c’est le prélude à l’affranchissement de l’armement de la tutelle de la seule sidérurgie, à son entrée dans l’ère chimique, atomique et biologique.

Aujourd’hui les drones qui permettent de tuer sans voir son ennemi, sans se « torchonner » font entrer la guerre dans une nouvelle phase : la mort de l’autre devient virtuelle : le combattant ne voit plus son ennemi en face à face, il joue à un jeu vidéo.

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