Cours de théâtre: le travail sur le texte

L'absinthe, Edgar Degas - Musée d'orsay

L’absinthe, Edgar Degas – Musée d’orsay

Travailler un texte au théâtre, c’est le connaître et l’apprivoiser

Chaque auteur a son rythme et sa respiration propre. Lorsqu’on lit un texte, on s’imprègne de la respiration de l’auteur.

Même si on lit à voix basse, prendre sa respiration avant les verbes. Certains auteurs sont si mal “inspirés” qu’on peut en arriver à être incommodé physiquement si on respecte leurs respirations.

Pour travailler un texte, il faut le connaître et l’apprivoiser.

Quelques conseils

– lire plusieurs fois la pièce en entier et d’une seule traite.

– Lire acte par acte en analysant le texte (écrire de 5 à 10 lignes sur chaque acte).

– Lire la biographie de l’auteur.

Vous devez, après l’analyse du texte, vous faire une idée aussi précise du personnage que celle que vous donne de la buveuse d’absinthe, ce tableau de Degas.

Analyse de la pièce

Dans l’analyse de la pièce, n’oubliez pas les détails concrets qui pourront être utile non seulement pour le jeu, mais pour la mise en scène : dates, lieux, organisation sociale, architecture, costumes. La connaissance du contexte historique de la pièce permet ensuite de mieux s’en libérer pour ne s’attacher ensuite qu’à l’essence de la situation.

– Identifier les personnages moteur, les personnages en lutte, les comparses, les personnages annexes.

– Identifier le personnage le plus important de chaque acte.

Analyse des personnages

– Faire une analyse psychologique, morphologique, physiologique et philosophique de chaque personnage. Vous devez, après cette analyse, vous être fait une idée de la taille, du poids, de la finesse des attaches, des seins, du cul, de la bouche, des yeux, etc. du personnage.

– Noter tout ce qui est dit dans la pièce, directement ou indirectement, du personnage que l’on doit jouer. Ce qu’il dit de lui-même, ce que les autres disent. Chercher où est la vérité.

– Identifier ce qui prime chez le personnage : le concret, l’affectif ou le raisonnement.

– Noter les passages importants, puissants, qui stigmatisent le personnage : qui je suis?

– Analyser les entrées et sorties du personnage que l’on doit jouer : où je suis et pourquoi.

– Analyser les rapports de son rôle avec les autres personnages : à qui je parle?

– Enfin, trouver les écueils de l’interprétation : que devrez-vous éviter?

La respiration du texte et la découpe

Dans l’article consacré à la technique, j’indiquais comment articuler selon les respirations du texte. Il faut bien évidemment les indiquer au crayon dans le texte. Tout le travail d’analyse ci-dessus vous aidera à indiquer les respirations de votre personnage avant d’articuler le texte.

En règle générale : Si malgré l’analyse du personnage, vous n’avez pas vraiment trouvé son rythme et sa musique propre, respirez avant le verbe-action et avant les mots commençant par une voyelle. Au moins, on vous comprendra et on vous écoutera.

Indiquez les endroits où vous ne respirez pas, mais où vous bloquez votre respiration, soit pour jouer avec l’autre (qui a eu une réaction sur ce que vous dites), soit pour guetter la réaction chez l’autre. Un bon contrôle respiratoire permet de mieux jouer avec l’autre.

Où je suis, à qui je parle, qui je suis, que dois-je éviter?

Vous le savez après avoir analysé la pièce et les personnages. Mais vous allez dire que tout ça n’est que littérature et vous, vous devez jouer le rôle!

Savoir où je suis dans l’espace et le temps, quelques exemples:

La nuit, il faut parler plus large car lorsqu’on ne voit pas bien, on a tendance à parler plus fort puisqu’on évalue mal les distances. Dans une petite pièce, on freine la diction sinon le texte va paraître pompeux. Si vous savez que vous devez parler sur un bruit, étudiez son intensité pour pouvoir choisir les instants où le bruit est moins fort pour projeter votre texte.

Choisissez un passage de votre texte et entraînez-vous à le dire en imaginant des lieux et des époques différentes.

– A qui je parle?

On ne parle pas avec le même rythme à des personnes d’âges différents. On change de rythme selon qu’on s’adresse à l’autre pour exprimer un sentiment, pour expliquer un détail concret ou pour discuter d’idées. On change de voix selon qu’on ment ou ne ment pas à l’autre.  On change de projection aussi selon le rapport que l’on veut établir avec l’autre (supériorité par exemple).

– Qui je suis?

Bien savoir qui est votre personnage va vous permettre de composer ce personnage de lui donner une réalité, une vérité.

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