Une bonne respiration, gage de santé et de maîtrise de soi
J’ai déjà parlé des exercices respiratoires mais je voudrais revenir sur l’importance de la respiration pour l’interprétation d’un rôle, mais aussi dans la vie courante: si vous apprenez à bien respirer, vous aurez moins de problèmes de santé, pas d’insuffisance veineuse, vous vous maîtriserez mieux en situation de stress.
De la façon dont vous respirez dépend votre santé physiologique et morale.
C’est la respiration qui autorise le corps à évoluer dans l’espace à sa guise et le libère au-delà même de ses propres formes par le prolongement des sens. La souplesse, la puissance et le contrôle respiratoire vous apporteront de bons réflexes, le contrôle de vous-même et la canalisation de votre force. Une bonne respiration et un bon contrôle respiratoire vous permettent de vous décontracter totalement pour pouvoir vous concentrer et méditer. Avez-vous déjà essayé, pour déboucher une bouteille ou dévisser un couvercle récalcitrant de procéder comme je l’ai indiqué dans les exercices respiratoires: vous prenez les trois couches d’air, plus une quatrième, vous bloquez avec le diaphragme et vous dévissez le couvercle sans problème.
Bases respiratoires
Toujours commencer par une expiration pour se rendre vacant.
Utiliser trois couches d’air superposées:
– la première avec le minimum d’air possible pour la survie, au repos, elle suffit,
– la seconde quand on prévoit qu’on va avoir à fournir un effort,
– se préparer à prendre la troisième pour passer à l’action,
– en rajouter éventuellement une quatrième pour la surmultipliée.
Décontraction, concentration
N’essayez surtout pas de faire un effort pour vous décontracter, concentrez-vous entièrement sur la respiration comme s’il n’y avait rien d’autre à faire.
La décontraction vous permet de vous comporter comme un fluide: aucune rigidité, si grande qu’elle soit n’est aussi puissante qu’un fluide! Si votre corps se comporte comme un fluide, toute son énergie est immédiatement disponible en un point précis, alors que s’il est rigide, seule l’énergie locale est disponible.
La décontraction permet la concentration:
– du corps par la possibilité de ne contracter qu’un point précis (le Tai Chi est étonnant pour ça).
– de l’esprit, donc la méditation, la puissance et le secret et enfin l’action et l’expression d’un sentiment. Ce cycle : relaxation, contrôle, concentration, mémoire émotionnelle permet d’exprimer sur sur scène.
Trouvez vos points de tension (difficiles à décontracter). Ce sont généralement: les paupières, les muscles du verbe (mâchoire), la nuque, les tempes (surtout pour les insomniaques et ceux qui se nourrissent mal), le front, la base du nez (lorsqu’on porte des lunettes). Les points particuliers dépendent de l’activité de chacun: bras, jambes,etc.
La respiration et la composition des personnages
Si vous respirez comme un personnage, vous ressentirez comme lui et pourrez composer son rôle sur scène.
Le personnage lymphatique expire et inspire lentement sauf lorsqu’il bloque. il respire souvent mal, par en haut et par la bouche au lieu de respirer avec le diaphragme. Si vous prenez sa respiration, vous allez ressentir comme lui.
Je ne résiste pas au plaisir de vous soumettre un petit perçu de l’art d’inventer les personnages de Georges Polti:
Le lymphatique : âme froide, patiente, pensée profonde, brumeuse au contact des autres, didactique. Amour du collectif, esprit scientifique, mémoire développée mais encombrée de documents, utilitarisme. Amour des circonstances oiseuses. Peut être imbécile. Douter brumeusement, étudier sans fin, indifférence utilitaire en politique. réaliste, vie régulière.
Chair incolore ou très blanche au contact froid et mou. Appareil digestif encombrant, épris de graisses et de sucres. Goût développé. Maladies : rhume.
Voix lente. diction descendante, coulante, aux récitatifs chantants; se complait dans des discours qui traînent en longueur. Achève ses mots dans des soupirs.
Geste lourd, écriture molle, comme au pinceau, négligeamment tracée, paresseuse, plus large que haute. style descriptif.
Le personnage sanguin expire et inspire lentement et largement, il prend toujours plein (trop) d’air.
Esprit railleur, affirmations hâtives et exagérées, sociabilité. Du panache, le caractère tour à tour audacieux et lâcheur, amour du théâtre et de la mise en scène, esprit démocratique et turbulent. Instinct pratique, habitude du mensonge et du sophisme, morale facile, scepticisme, folies impulsives. Gai, énergique, pratique, adaptable.
Goût des épices, odorat délié. Sujet aux ruptures de vaisseaux et aux coups de sang. Corps de tons chauds, hâlé, peau souple, légèrement grasse.
Intonations aiguës. Diction criarde, bien pour les colères en feu de paille, les querelles et la raillerie. Gesticulation effrénée. Gestes forts et agiles. Écriture aux lettres rondes, ouvertes, légères, peu lisible à cause de la rapidité. Aime les couleurs vives et bariolées, les oripeaux, décorations, uniformes chamarrés. Costumes amusants et tapageurs.
Le personnage nerveux respire rapidement et de façon spasmodique.
Lyrique, mystique, épris de soie, te thé, de café, de hashish et d’opium, aime les paradis artificiels ou sacrés.
Peau transparente d’ivoire, contact lisse et délicat, grosseur des yeux, front haut et comme cornu, tête large en arrière, cheveux longs. Ouïe développée, myope. Nez-trompe.
Névrosé, a des hallucinations. Nie d’abord puis s’enthousiasme.
Voix vibrante, un peu grave, prononciation parfois embarrassée, notes gutturales.
Gestes resserrés, tremblants, écriture élevée, étroite, anguleuse, entortille des paraphes, allonge les barres. Aime le vert, le noir, les étoffes soyeuses, aux aspects changeants et aux formes singulières.
Le personnage bilieux respire lentement régulièrement et économiquement et souvent du haut au lieu de respirer avec le diaphragme.
Hardi, ambitieux, conquérant, marin, brutal, raisonneur, orateur, historien, politique, impérieux. Idéaliste et en politique dogmatique et autoritaire. Systématique mais pas de suite dans les idées. Ouvre sans cesse des parenthèses et veut tout déduire de principes même devant l’absurdité des résultats.
Nez aquilin, yeux creux, menton saillant. Corps musclé, biceps. Peau mate, au grain serré. front large. Diction brève, martelée, respiration large qui fait sentencieux. Emphase, longs discours. Geste accentué et précis. Écriture nette, droite aux lettres courtes et bien faites, les “l” munis de petites barres droites et fortes. Aime les étoffes fermes couleurs tranchées et classiques.