La composition du personnage est une façon continue et cohérente de se comporter dans un rôle pour permettre une diversité de jeu.
La composition du personnage permet au comédien de faire croire le public à ses “mensonges”, c’est à dire de s’imposer comme étant le personnage.
Le travail de la composition se fait à l’intérieur de la mise en place et des déplacements prévus et représente plus de la moitié de la tâche du metteur en scène. Un comédien qui manque de technique risque de tirer le personnage à lui ce qui nuit d’une part au rôle et d’autre part à la santé psychique du comédien lui-même.
Pour composer un personnage, le plus important est de prendre son rythme respiratoire et d’assimiler ses fonctions psychiques qui sont en quelque sorte sa signature et sa continuité.
Le sentiment de base est toujours simple, c’est la superposition des couches qui fait la complexité du personnage.
Comment assimiler un psychisme, quelques exercices:
– Chercher l’animal qui peut le mieux représenter le personnage, l’observer, l’imiter dans la plastique, penser comme lui, choisir un sentiment à extérioriser (ex: un lion amoureux), puis dire le texte.
– Chercher la déformation professionnelle, les vices et l’activité principale du personnage.
quelques exemples : le paysan possède la terre avec ses pieds lorsqu’il marche : toute la jambe est contractée et les pieds suivent, le travailleur manuel économise ses gestes, il prend du temps pour parler et sa voix est sans nuances, le fou démultiplie ses gestes et voit le monde à travers les objets, l’orateur lance les mots d’abord et pense après, les personnes ordinaires prononcent les “x” comme des “s”, le charcutier est timide et a une femme qui compte ses sous, le boulanger ne vend pas, il regarde la réaction du client sur le pas de la porte, ceux qui sont obligés de faire des courbettes dans leur métier ont des difficultés à aimer.
– Rôle à nuance : ne pas faire de nuances dans la voix mais dans le rythme.
– Prendre le rythme respiratoire du personnage:
Selon sa santé physique et mentale
Succession des rythmes chez un personnage équilibré: moyen (affectif), lent (concret), rapide (abstrait).
Succession des rythmes chez un désaxé affectif : lent, rapide, moyen.
Succession des rythmes chez un désaxé concret : rapide, lent, moyen.
Succession des rythmes chez un fou : n’importe quoi.
Selon son âge
Chez un personnage jeune, on trouve en général 2 changements de voix, 3 de projection et 7 de rythme. L’expiration est rapide et l’inspiration lente et large.
Chez un personnage d’âge mûr, 3 changements de voix, 3 de projection et 3 de rythme. La respiration est lente et économique.
Les femmes
Commencent par parler dans le médium pour en imposer, puis utilisent le raisonnement et enfin la pudeur offensée.
Dans la scène de séduction (voire scène de ménage) on observe souvent la succession : charme, larmes aux yeux, révolte, raisonnement, sobriété dans la puissance.
Etudiez la psychologie du personnage
Une merveilleuse leçon de composition : Le loup et l’agneau
Tout le monde connaît la morale de cette fable : “La raison du plus fort est toujours la meilleure”!
Connaissez-vous des exemples où ça n’est pas le cas?
Mais oui ça existe. par exemple, on se demande toujours pourquoi les mâles singes non dominants arrivent à se reproduire. Simple : ils provoquent le combat entre deux mâles dominants et pendant ce temps, ils se payent la guenon pour laquelle les deux autres se battent. Certains vont même jusqu’à dire que c’est la guenon qui provoque le combat car elle en a marre de se payer les mâles dominants…
Bref travaillez la composition de personnage sur la fable de La Fontaine, Le loup et l’agneau
Téléchargez la fable sur le site officiel, imprimez-la en deux exemplaires et trouvez un partenaire avec lequel la jouer en échangeant les rôles du loup et de l’agneau : c’est tellement passionnant de voir comment chacun se voit en loup ou en agneau.
Les fables de La Fontaine sont une merveilleuse leçon de théâtre
Trouvez quel est votre tempérament
Faites ce test insolite, pour apprendre autrement à cerner les personnages.
Kant classe les hommes selon les “tempéraments”, au nombre de quatre, le sanguin, le bilieux, le nerveux et le lymphatique. Il pense que ces tempéraments ne peuvent absolument pas se mélanger chez un un être humain “pas plus que les quatre formes du syllogisme”. Quant à George Polti, dans son ouvrage L’art d’inventer les personnages, il se sert des tempéraments pour les fouiller, les combiner à loisir afin d’offrir toute une gamme subtile de caractères aux apprentis auteurs de romans ou de pièces de théâtre.
Trouvez quel est votre tempérament d’après les critères de monsieur Polti et je vous dirai de quels personnages de la littérature ou figures célèbres vous vous rapprochez: une occasion de lire ou de relire des grands classiques.
Sans être comédien(ne), essayez-vous à être quelqu’un d’autre.
Ne rêvez-vous pas secrètement d’être quelqu’un d’autre, de ressembler à quelqu’un de votre entourage ou à quelqu’un de célèbre ou encore à un héros ou une héroïne de film. Vous avez sans doute déjà essayé de copier son look, ses manières ou alors vous n’avez pas osé.
Osez pendant une semaine, osez en étudiant attentivement votre idole, non seulement son apparence extérieure, mais sa communication non verbale, sa façon de penser, ses amours, ses manies, sa façon de s’exprimer, sa voix (c’est ce qu’il y a de plus difficile à composer), ses déformations professionnelles, etc. Ne l’imitez pas par l’extérieur, mais essayez de ressentir comme votre idole, de respirer comme elle.
Si vous êtes grosse (ou gros) et que votre idole est filiforme, vous devriez arriver à vous sentir filiforme et à ce que les autres vous voient filiforme ou au moins vous disent: “tu as maigri”!
Si votre idole vivait au XVIIIe siècle, n’allez pas au bureau en costume d’époque, mais cherchez la caractéristique de son habillement par rapport à la mode de l’époque (plus ostentatoire ou au contraire plus sobre, très coloré ou au contraire tons sur tons pastels, très simple mais très recherché dans les accessoires, etc.) et transposez en contemporain, comme si vous faisiez une adaptation cinématographique moderne du personnage.
Puisez de l’inspiration près de vos muses
Les neuf Muses sont les médiatrices entre les Dieux et les hommes qui créent. Elles personnifient l’inspiration.
Modernisez les muses: trouvez neuf personnes de votre entourage pour personnifier, pour vous, chacune des muses:
l’éloquence, l’histoire, l’art lyrique, la musique, la tragédie, la rhétorique, la danse, la comédie, l’astronomie.
Parlez quotidiennement avec au moins une de vos muses. Ce frottement vous ouvrira des horizons et stimulera votre créativité.
Entraînez-vous à imiter la signature du personnage
Cherchez de quelle personnalité le personnage que vous voulez incarner est le plus proche. Cherchez sa signature et entraînez-vous à signer votre nom avec la même graphie.
Et si vous voulez vous rapprocher de vos idoles, cherchez la personne que vous admirez le plus au monde. Même si vous ne croyez pas à la graphologie, ça fait du bien à l’ego de se dire qu’on s’est entraîné à ressentir intérieurement comme une personne qu’on estime hautement. Entraînez-vous en imitant les signatures de vos proches, vous verrez que pour bien les imiter, il faut se mettre à leur place et les comprendre.
(Sur la photo les signatures de Pierre Dux, Curzio Malaparte, Gaston Rebuffat, Sammy Price, Madeleine Renaud, Béatrix Dussane, et Max Favalelli.
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