Je me suis livrée à une petite investigation qui a consisté à chercher le mot “mère” dans la “bibliothèque” du jeu vidéo “Le psy c’est vous”. Je vous livre tous les mots qui font référence à la mère en psychanalyse. De quoi vous donner des pistes sur les raisons de vos éventuels problèmes relationnels avec votre propre mère.
A propos du jeu Le Psy c’est vous, j’ai reçu un jour un mail d’une mère disant que grâce à ce jeu elle avait reparlé avec sa fille. Elles jouaient toutes les deux et en s’échangeant les solutions pour avancer dans le jeu, elles ont renoué le dialogue.
Agoraphobie
L’agoraphobe pris dans une rue trop large ou sur une place déserte est pris d’angoisse, de palpitations, de sueurs froides, d’un grand sentiment d’impuissance et de virtualisaion du monde environnant.
Ces malaises insurmontables montrent combien il vit dans la dépendance d’une force protectrice (père, mère, mari) dont la présence lui manque. Le sujet souffre d’un manque d’autonomie et de liberté due à une circonstance traumatisante, une blessure affective, une rupture dans sa vie émotionnelle (sexuelle, sociale, familiale).
Dépression anaclitique
Troubles qui surviennent chez l’enfant séparé de sa mère dans les premiers mois de la vie et qui se caractérisent par des pleurnichements, des insomnies, une perte de poids, un manque d’expression du visage, un retard dans le développement moteur.
Spitz considère “la structure dynamique de la dépression anaclitique comme foncièrement différente de la dépression chez l’adulte.” La première année de la vie de l’enfant.
Complexe d’Oedipe
“Héros antique, Oedipe symbolise l’universel de l’inconscient déguisé en destin, héros moderne, Hamlet renvoie à la naissance d’une subjectivité coupable, contemporaine d’une époque où se défait l’image traditionnelle du cosmos.” -Jean Starobinski dans la préface de Hamlet et Oedipe d’Ernest Jones.
“Tout être humain se voit imposer la tâche de maîtriser le complexe d’Oedipe.” Freud – Trois essais sur la théorie de la sexualité – 1 905.
“Le petit garçon n’a pas seulement une attitude ambivalente envers le père et un choix d’objet tendre dirigé sur la mère, mais il se comporte en même temps comme une petite fille en montrant une attitude féminine tendre envers le père et l’attitude correspondante d’hostilité jalouse à l’égard de la mère.” Freud – Le moi et le ça – 1923.
Ambivalence donc envers le père plus que rivalité.
Amoureux de la mère, il veut la conquérir et se pose comme rival du père ; mais aussi tendresse envers le père et hostilité envers la mère.
Dans l’Abrégé de psychanalyse, Freud souligne l’importance de l’explicitation du mythe : “Je m’autorise à penser que si la psychanalyse n’avait à son actif que la seule découverte du complexe d’Oedipe refoulé, cela suffirait à la faire ranger parmi les précieuses acquisitions nouvelles du genre humain.
Position dépressive
“On retrouve régulièrement chez les enfants ce passage entre l’exubérance et l’accablement qui est caractéristique des états dépressifs.’’ – Mélanie Klein –
Elle considère que dans l’univers de l’enfant la position dépressive s’instaure après la position paranoïde vers les six mois du nourrisson.
‘’ L’amour et la haine se sont beaucoup rapprochés et le bon et le mauvais sein, la bonne et la mauvaise mère ne peuvent plus être maintenus aussi largement à l’écart l’un de l’autre.’’
La relation à la mère n’est plus exclusive, ‘’…la libido et l’angoisse dépressive sont détournées dans une certaine mesure de la mère, et ce processus de distribution stimule ses relations d’objet de même qu’il diminue l’intensité des sentiments dépressifs.’’
Zones érogène
“Régions de l’épiderme ou de la muqueuse qui, excitées d’une certaine façon, procurent une sensation de plaisir d’une qualité particulière.” – Freud – Introduction au narcissisme –
Il existe des zones d’élection entretenues en général par la mère pendant la période de l’enfance ; il en est ainsi de la zone bucco-labiale (sein, biberon) sollicitée par la nécessité de la nutrition.
La zone anale, puis les zones génitales deviennent par la suite des zones érogènes de par leur fonctionnement. A la puberté, ces pulsions partielles coucourent au bon fonctionnement de l’acte sexuel.
Ce n’est que lorsque ces pulsions partielles remplacent l’acte principal qu’apparait la névrose ou la perversion.
Féminité
“Nous avons donné à la force pulsionnelle de la vie sexuelle le nom de libido. La vie sexuelle est dominée par la polarité virilité-féminité ; rien de plus naturel que d’étudier la situation de la libido par rapport à cette opposition.” – Freud –
“ Si en nous fondant sur les rapprochements conventionnels faits entre la virilité et l’activité, nous la qualifions de virile, nous nous gardons d’oublier qu’elle représente également des tendances à buts passifs.”
De part et d’autre, la libido se concentre sur un manque ( l’envie de pénis, la castration).
“Le désir avec lequel la petite fille se tourne ver le père est sans doute à l’origine du pénis que la mère lui a refusé et qu’elle espère maintenant avoir de son père. Toutefois, la situation féminine ne s’établit que lorsque le désir du pénis est remplacé par le désir d’enfant et que l’enfant, selon la vieille équivalence symbolique, vient à la place du pénis.”
Identification primaire
“Au tout premier début, à la phase orale primitive de l’individu, l’investissement à l’objet et l’identification ne sont peut-être pas à distinguer l’un de l’autre.” – Freud – Le moi et le ça – 1923.
C’est l’identification primaire, la première relation à la mère, avant qu’il y ait une différenciation bien établie entre l’ego et l’alter ego.
Freud suggère aussi qu’une identification au père de la préhistoire personnelle serait “une identification directe et immédiate qui se situe antérieurement à tout investissement d’objet.”
L’idéal, le prototype.
Masculinité
Les données biologiques de l’appartenance au sexe masculin ou féminin ne suffisent pas à expliquer le comportement psycho-sexuel des sujets.
La notion de traits masculins (autonomie, initiative, caractère) ou de traits féminins (instinct, diplomatie, résistance) relèvent plus de la tradition culturelle de chaque peuple que de réalités fondamentales (signification sociale, signification sociologique)
Selon Freud, une fille ne devient réellement féminine que lorsque elle a résolu son “changement de zone érogène” (du clitoris au vagin) et son changement d’objet d’amour (de la mère au père). – Freud – Nouvelles Conférences sur la psychanalyse – 1936.
Névrose d’abandon
L’angoisse d’abandon et le besoin de sécurité (souvent excessif) viendraient d’une sorte d’insécurité affective fondamentale.
Plus le sentiment d’un refus d’amour (de la mère par exemple) qu’un réel abandon qui s’exprimerait sous une forme agressive, un besoin d’amour assez “glouton”, une intolérance à la frustration et à la contrainte.
La “névrose d’abandon” est un terme introduit par la psychanalyste suisse Germaine Guex.
Bon objet
Pour comprendre l’origine précoce des états psychotiques, Abraham disjoint la notion de stade (de la libido) et d’objet que Freud n’avait abordé que dans le cadre des pulsions (à pulsion partielle, objet partiel) – Freud –Trois essais sur la théorie de la sexualité – 1 905.
Mélanie Klein introduit le clivage entre (bon ou mauvais) objet : expression du désir ou de la haine de l’enfant.
Dans sa psychose, le patient ne parvient pas à regarder la personne (totale, la mère par exemple) mais seulement à travers le clivage d’une partie du corps (= l’objet, le sein par exemple) qu’il voit bon ou mauvais.
Passivité
“… chaque pulsion est un morceau d’activité ; lorqu’on parle de façon négligente de pulsions passives, on ne peut rien vouloir dire d’autre que pulsions à but passif.” – Freud – Les pulsions et leurs destins – 1915.
Actif/ passif, dans cette opposition il faut comprendre que la pulsion, toujours active peut avoir un but passif : être maltraité (masochisme), être vu (exhibitionnisme) pour mettre le sujet dans la position de satisfaction.
“…le moi passif se remet, fantasmatiquement, à la place qui est dévolue au sujet étranger.”
Toute position passive est inséparable de son opposé ; dans le masochisme : être à la merci de l’autre et vice versa.
La croissance de l’enfant montre comment de passif vis à vis de sa mère qui satisfait ce dont il a besoin, l’enfant devient de plus en plus actif en s’identifiant à l’activité de la mère à son égard.
Envie du pénis
Cette envie du pénis caractérise le besoin qu’exprime une petite fille quand elle dit qu’elle aimerait mieux “être un garçon”. – Freud –Trois essais sur la théorie de la sexualité – 1905.
Dans l’historique de la sexualité de la fille, cette envie du pénis se traduit par une évolution de la zone érogène, du clitoris au vagin, et un changement d’objet d’amour, de la mère au père.
“Le désir avec lequel la fille se tourne vers le père est sans doute à l’origine le désir du pénis que la mère lui a refusé et qu’elle espère avoir de son père.”Freud – Nouvelles conférences sur la psychanalyse – 1932.
Envie d’enfant, envie de posséder un pénis à l’intérieur de soi, envie du coït, ces stades caractérisent la sexualité féminine.
Préoedipien
La phase préoedipienne est celle où n’existe de façon exclusive qu’une relation entre les deux : mère et enfant, avant que le père ne devienne le “rival importun”. Freud – La sexualité féminine – 1931.
Cette relation est exclusive ou elle n’existe pas; dans ce dernier cas, il n’y a pas de phase préoedipienne.
Roman familial
Le sujet s’invente une famille, des histoires de famille, un roman familial qui correspond aux délires qu’il s’est forgé : aventures secrètes de sa mère, origines prestigieuses inconnues (en référence au complexe d’Oedipe).
Dans son “roman familial”, le sujet cherche à rabaisser ou au contraire à sublimer ses proches, de toutes les façons à leur donner un rôle construit selon son imagination ; s’y confirme aussi son désir de grandeur, sa volonté de contourner l’interdit de l’inceste ou de dépasser tout sentiment de rivalité.
Scène originaire
Scène du rapport sexuel entre les parents qui est regardée, ou fantasmée par l’enfant. Il l’interprète généralement comme une scène de violence du père à l’égard de la mère … “ un élément qui manque rarement dans le trésor des fantasmes inconscients qu’on peut découvrir chez tous les névrosés et probablement chez tous les enfants des hommes.” Freud – Un cas de paranoïa qui contredisait la théorie psychanalytique de cette affection – 1915.
Dans L’homme aux loups, Freud insiste sur le fait que ce n’est qu’après coup que la scène est interprétée par l’enfant et que le réel a fourni des indices (bruit similaire, scène identique d’animaux).
Théorie de la séduction
Des simples avances en paroles aux gestes plus entreprenants, la scène de séduction est vécue par le patient (en général à l’âge de l’enfance) comme subit avec effroi. La scène est refoulée dans un second temps, en général après la puberté, quand, à l’occasion d’une association, le souvenir de l’incident crée un effet plus considérable que l’incident lui-même.
Mais Freud découvre qu’en fait ces fameuses scènes dites de séduction entre un adulte et un enfant sont souvent des reconstructions fantasmatiques qui révèlent l’existence d’une réelle vie sexuelle de l’enfant, ce qui l’amène à abandonner cette théorie de la séduction : “S’il est vrai que les hystériques ramènent leurs symptômes à des traumatismes fictifs, le fait nouveau est qu’ils fantasment de telles scènes ; il est donc nécessaire de tenir compte, à côté de la réalité pratique, d’une réalité psychique. On découvre ainsi que ces fantasmes servent à dissimuler l’activité auto-érotique des premières années de l’enfance, à les embellir et à les porter à un niveau plus élevé. Alors, derrière ces fantasmes, apparaît dans toute son ampleur la vie sexuelle de l’enfant”. Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique – Freud – 1914.
Mais il faut apporter quelques nuances car :
“… c’est réellement la mère qui a nécessairement provoqué et peut-être même éveillé, dans les organes génitaux, les premières sensations de plaisir, en donnant à l’enfant ses soins corporels”. Nouvelles conférences sur la psychanalyse, Freud – 1932.
Ferenczi reprendra à son compte la théorie de la séduction, soulignant que l’adulte dans son langage de la passion peut perturber le monde de l’enfant qui en est encore au langage de la tendresse.
Et si vous voulez lire un roman sur la relation mère-fille dans lequel j’ai essayé de faire ressentir tous les concepts ci-dessus sans les expliquer n’hésitez pas à lire Dialogues de sourds.
En voulez-vous encore à votre mère?
N’attendez pas que votre mère soit morte pour faire le bilan de vos relations avec elle. Offrez-lui des roses si elle est en vie ou portez un bouquet de roses sur sa tombe si elle est morte. Calculez le nombre de roses que vous allez acheter.
Vous partez d’un chiffre de douze roses. Vous faites un tableur avec dans la colonne de gauche tout ce que vous lui reprochez et dans la colonne de droite tout ce dont vous lui êtes reconnaissant(e).
Vous enlevez de 12 autant de roses que de lignes à gauche et vous ajoutez autant de roses que de lignes à droite.
Si vous obtenez zéro ou un chiffre négatif de roses, méditez pendant la semaine sur votre tableur : à moins que vote mère ne vous ait vraiment martyrisé(e), enfermé(e) dans un sous-sol ou battu(e) quotidiennement, elle ne peut pas avoir été aussi mauvaise. Cherchez pourquoi vous lui en voulez encore, trouvez ce que vous ne lui avez pas pardonné et offrez-lui quand même des roses.