De humani corporis Fabrica de Vésale paraît à Bâle en 1545.
Baudelaire, lorsqu’il écrit Le squelette laboureur s’imprègne de la tragique beauté des planches de Vésale:
Dans les planches d’anatomie
Qui traînent sur ces quais poudreux
Où maint livre cadavéreux
Dort comme une antique momie.Dessins auxquels la gravité
Et le savoir d’un vieil artiste
Bien que le sujet en soit triste
Ont communiqué la beauté.
On voit, ce qui rend plus complètes
Ces mystérieuses horreurs;
Bêchant comme des laboureurs
Des écorchés et des squelettes…
Pour illustrer son livre, Vésale a employé un grand nombre de dessinateurs mais ce fut probablement Le Titien qui dirigea leurs travaux et participa lui-même. Vésale lui-même a illustré les planches des vaisseaux.
Le Succès du livre de Vésale fut tout de suite si grand qu’aucun traité d’anatomie ne voulut paraître sans illustrations inspirées de La Fabrica.
Sans même chercher à dissimuler leur fraudes, deux ans après la parution de la Fabrica, deux contrefaçons célèbres paraissent en Angleterre, en reproduisant les planches…
Elles-mêmes vont à leur tour trouver un si grand nombre d’imitateurs que jusqu’à la fin du XVIIe siècle, il ne sera guère possible de feuilleter un traité d’anatomie sans être hanté à chaque page par ces écorchés qui semblent crier leur désespoir en détachant eux-même leurs muscles et par les squelettes nostalgiques rêvant sur fonds de rocaille ou de ruines à la fragilité de la destinée humaine.
(source : Médecine de France 1962)