Il n’y a pas que les poupées en celluloïd
En 1869, les frères Hyatt, imprimeurs dans le New Jersey cherchent un produit inaltérable à l’air pour en fabriquer des rouleaux ; au même moment, un riche américain promet un prix très important à qui trouvera le moyen de remplacer l’ivoire des boules de billard par une matière synthétique.
Après des essais à partir de carton pâte, puis de camphre à la nitrocellulose avec un solvant, puis enfin de camphre et de nitrocellulose seuls, les frères Hyatt obtiennent une matière thermoplastique : le celluloïd.
Les fabricants de corne et d’ivoire voient d’un très mauvais œil ce premier matériau artificiel concurrentiel et se servent d’un argument frappant pour mener une campagne de dénigrement : le celluloïd s’enflamme très facilement, on dit même qu’il peut exploser (oui, oui, je confirme, je connais quelqu’un qui a fabriqué des explosifs avec de vieilles têtes de poupée en celluloïd. Mais rassurez-vous, le celluloïd n’explose pas spontanément, il faut faire un peu de cuisine pour obtenir un explosif!).
Tout cela n’empêchera pas son succès, car le celluloïd se travaille facilement ; laminé, comprimé, étuvé, il donne une matière dure, élastique, transparente, susceptible de prendre un beau poli, d’être moulée, tranchée, tournée, colorée, rendue opaque, d’imiter l’ivoire, l’ébène ou le corail.
Fabriqué en France depuis la fin des années 1870 à Stains dans les usines de la Compagnie française du celluloïd, puis à Oyonnax, le celluloïd fera fureur dans les objets de lingerie, les “articles de Paris”, les panneaux décoratifs, les clichés typographiques et les têtes de poupée.