Victor Hugo en bref

Victor Hugo en quelques étapes.

Les contemplations de Victor Hugo

Les contemplations de Victor Hugo

1856, Les Contemplations

« Il regarde tant la nature
Que la nature a disparu… »
Si un auteur pouvait avoir quelque droit d’influer sur la disposition d’esprit des lecteurs qui ouvrent ce livre, l’auteur des Contemplations se bornerait à dire ceci:
« Ce livre doit être lu comme on lirait le livre d’un mort. »
Le poète tout enfant s’était écrié « être Chateaubriand ou rien »; il publie lui aussi ses Mémoires d’Outre-Tombe : vingt cinq années de poésie ordonnée entre un « autrefois » et un « aujourd’hui ». « Un abîme les sépare, le tombeau ». Entre la vie et la mort, un drame, la mort de Léopoldine, disparue dans la Seine, à Villequier, le 4 septembre 1843. Entre hier et aujourd’hui, l’exil, une autre manière de sortir du monde, de ne plus le voir, de le contempler.
« Et dépassant la créature,
Montant toujours, toujours accru,
Il regarde tant la nature,
Que la nature a disparu… »

EVT114_1Les Misérables, un roman qui appartient au peuple

Juin 1862 : Hugo donne les derniers bons à tirer. L’éditeur belge Lacroix vient d’acheter pour 300 000 francs Les Misérables, un roman auquel Hugo songeait depuis des années, un grand roman social qui devait s’appeler Les Misères.
La critique accueille fort mal le livre du proscrit, dont l’anticonformisme littéraire et politique gêne la faction impériale et bouscule le confort intellectuel de bien des républicains.
Mais, dans ce roman, la voix est au peuple et le succès est immense. Dans les ateliers, les ouvriers se cotisent chacun pour 20 sous, et les lectures publiques s’organisent : Fantine la prostituée, Javert, Jean Valjean le bagnard, Les Thenardier, Cosette et son seau, Gavroche, le gamin de Paris, croqués par Brion, reproduits à des milliers d’exemplaires, font leur entrée définitive dans la mémoire collective des Français.

Les Châtiments : « Car, dans ce siècle ardent, toute âme est un cratère et tout peuple un volcan »
A l’origine des Châtiments, il y a la volonté de Victor Hugo d’écrire « l’histoire immédiate et toute chaude » des événements dont il avait été acteur, témoin et juge sous la Deuxième République. « Je veux faire un livre rude et curieux qui commencera par les faits et qui conclura par les idées ». Victor Hugo souhaite que l’on ressente  » ce qu’il est sorti de tous ces crimes, un gouvernement ? non, une espèce de création, tout un monde inconnu » : la IIe République, le « coup d’Etat », le Second Empire et la terrible répression (même le bourgeois conservateur qu’est Hugo est révolté) et aussi l’histoire du crime depuis les origines telle que la ressent un voyant. Il précise à son éditeur qu’il s’implique totalement dans son œuvre ; elle pouvait s’appeler : MOI ». « Il n’y a pas de poésie lyrique sans le moi ». Eveil de la conscience du poète, mais aussi du prophète en exil.

La ligue des patriotes, une dérive vers un nationaliste antirépublicain et cocardier

A l’origine, la Ligue des Patriotes était une association républicaine présidée par l’historien Henri Martin, patronnée par Victor Hugo, Berthelot, Félix Faure, Gambetta – l’affiche est prestigieuse -, les sociétés de gymnastique, affiliées, étant présidées par Waldeck-Rousseau.
Mais très vite, son fondateur, le poète Paul Déroulède, l’auteur des Chants du soldat, distribués dans les écoles, évolue vers un nationalisme antirépublicain. « L’heure est venue d’un égoïsme national, d’une passion nationale absorbante, exclusive, jalouse comme toutes les passions. »
Il veut une France forte qui voue un culte à l’armée et au chef, qui mette en œuvre les méthodes modernes d’encadrement, de propagande et d’action de rue. La rupture est totale quand Déroulède prend la présidence de la Ligue des Patriotes en 1885 ; la dérive extrémiste et cocardière n’est pas loin.

Barrias, le monument Hugo

Barrias, le monument Hugo

Une statue monumentale pour une œuvre monumentale

Hugo a été grand sous les formes les plus diverses et les plus hautes de la poésie : l’ode le drame, l’épopée et la satire ; dans Les Contemplations il égale Pindare, dans La Légende des siècles il égale Dante, dans Ruy Blas il atteint Shakespeare, dans Les Châtiments il dépasse Juvénal.
Le 26 février 1902, centième anniversaire de la naissance du poète, il trône sur la place à la quelle on a donné son nom en 1879 : place Victor Hugo. La statue, (qui s’est fait longtemps attendre puisque la souscription est ouverte depuis 1881) est là, monumentale ; l’œuvre de Barrias se veut la synthèse de l’homme et de l’œuvre.
L’exilé y est figuré encore imberbe (la célèbre barbe ne lui vient qu’en 1851), entouré des « Quatre Vents de l’Esprit »; il contemple l’univers du haut de son rocher, tandis que les bas-reliefs rappellent son œuvre, son talent d’orateur, son apothéose et surtout la nuit du 4… », souvenir de guerre civile » dira avec rancœur Paul Meurice.

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