Mettez-vous dans la peau d’un officier de police judiciaire (OPJ) chargé d’identifier un suspect. L’identification est un processus complexe dans lequel il faut prendre garde à ne pas partir avec des à priori.
Pour vous aider à faire le test, voici quelques éléments issus du CD-Rom « Le commissaire c’est vous » (établis par un OPJ, un avocat et un juge d’instruction).
L’audition
L’agent de police judiciaire exerçant sous le contrôle de l’OPJ peut les conduire.
Depuis la loi N° 95-73 du 21/01/1995, l’audition du témoin se distingue de celle du mis en cause. L’article 62-1 du CPP dispose que « sur autorisation du procureur de la République », les témoins « peuvent déclarer comme domicile l’adresse du commissariat ou de la brigade de gendarmerie ». Cependant l’alinéa 3 dudit article fait obligation de faire figurer l’adresse réelle de la personne sur un registre spécial.
L’article 62-2 du CPP oblige les personnes convoquées par l’OPJ à comparaître.
La loi n° 2000-516 du 15 juin 2000 a complété l’ordonnance du 2/02/1945 en prévoyant l’enregistrement audiovisuel des interrogatoires des mineurs placés en garde à vue.
CONDUITE d’AUDITION
Chaque audition est précédée d’une présentation de la pièce de justice (commission rogatoire). L’audition comporte le jour, l’heure de début et de fin, l’identité et le grade du rédacteur, son service, le descriptif de la pièce de justice, les articles du code de procédure pénale qui autorisent l’acte, la prestation de serment, l’identité complète et
– sa situation familiale : célibataire, concubinage, mais aussi ses frères et soeurs, la profession des parents
– profession et professions antérieures
– ses diplômes (date et lieu d’obtention).
– son salaire
– ses références bancaires
– ses résidences secondaires
– son domicile actuel et ses domiciles anciens (loyer et nom du propriétaire).
– ses antécédents
– des problèmes particuliers médicaux ou autres.
Et s’il s’agit d’un étranger:
– les références complètes de son titre de séjour, délivré par telle préfecture
– sa date d’entrée sur le territoire national, ce qui permettra de vérifier son dossier en préfecture et, petit détail, de voir que le témoin ou le suspect a bien passé la visite médicale nécessaire auprès de l’OMI (Office des Migrations Internationales)
– les références de son permis de conduire, de son passeport (avec vérifications possibles pour voir s’il s’agit d’un faux).
– éventuellement en cas de doute, une prise d’empreintes peut être effectuée et adressée au pays d’origine pour vérifier que le suspect n’est pas connu.
Identité judiciaire
Police technique et scientifique (composée de spécialistes, ils procèdent à la recherche de traces papillaires, d’indices, effectuant des prélèvements de sang ou de toute autre nature, dressant des plans des lieux) dont la contribution est souvent essentielle dans l’enquête en matière d’identification.
Et maintenant, faites le test :
Si vous êtiez un OPJ, comment conduiriez-vous une audition pour cerner l’identité d’un personnage? Quelles qualités vous semblent-elles indispensables dans ce boulot?
pénétrer
Méthode forte. Faire confiance à ce que vous disent spontanément les autres ? Revenu de ce genre de naïveté, vous préférez la méthode forte et le dialogue bien balisé, la persuasion plutôt que la séduction. Et comme, au fond, vous aimez l’ordre et les choses bien rangées, au total tout ça pourrait vite donner de vous une image un peu intimidante : en fait vous n’êtes pas facilement à l’aise avec n’importe qui. Pour éviter de prolonger le doute, vous anticipez le conflit, en vous endurcissant. Vous préférez qu’on ne parle pas de vos émotions ? Sans aller jusqu’à prendre tout à la légère, vous pourriez aussi choisir de voir la vie professionnelle, celle-là au moins, comme un sport d’équipe (pour l’instant ça vous fait sourire), plutôt que comme une partie de Solitaire ou un bras de fer avec la Poisse. Comptez sur vos partenaires et lancez-vous dans la mêlée, sur le terrain, avec une stratégie plus concertée et plus optimiste.
répéter
Curiosité. Vous aimez aller au-delà des apparences et des banalités, à la recherche de la nouveauté et de l’inconnu: dommage que l’anxiété et la rencontre des obstacles vous fassent souvent douter de vous. Vous aimez réfléchir, observer, mais vous vous savez influençable et vous avez du mal à suivre une ligne continue ; votre méfiance vis-à-vis des généralités et des idées préconçues vous amène à pencher de l’autre côté, comme par timidité. Du coup, il vous arrive de prendre les mots au pied de la lettre. Rigoureux dans la méthode et sensible dans l’approche des autres, vous avez pourtant des qualités suffisantes pour ne pas craindre d’élargir votre champ d’action. » La vérité d’un homme, c’est d’abord ce qu’il cache » (Malraux). Nous n’en saurons donc jamais plus sur vous ?
Mûrir
Précision. Vous aimez réfléchir, analyser et observer au point de retarder vos décisions et hésiter à agir. L’esprit de laboratoire : « … même quand on ne trouve rien, on y renifle l’odeur de la vérité qui se cache » (Jean Rostand). Oui, mais les problèmes ne se résolvent pas d’eux-mêmes parce qu’on réussit seulement à les formuler, les personnes ne se dévoilent pas par le seul fait de s’intéresser à elles. Très patient, vous n’hésitez pas à reconsidérer les choses autant de fois qu’il le faut, voire davantage, mais pendant ce temps-là, ça n’avance guère : votre capacité d’adaptation, qui est réelle, devrait vous permettre de vous sentir plus autonome, plus autorisé à prendre du recul par rapport aux cas particuliers. Pourquoi, au fond, ne pas essayer d’être plus pragmatique ?mûrir
observer
Fouille merde. Les difficultés et les obstacles vous galvanisent : persévérant, vous ne vous laissez pas distraire facilement et comme vous ne croyez pas que les choses s’arrangent d’elles-mêmes vous vous voudriez bien que tout le monde autour de vous retrousse les manches sur plusieurs problèmes à la fois s’il le faut. » Il n’est pas d’autre critère de la vérité que l’accroissement du sentiment de puissance » (Nietszsche). Votre côté pragmatique, pas toujours très méthodique, trouve ses limites face à des problèmes qui requièrent plus de patience ou comportent moins d’enjeu immédiat. Lorsque vous vous impliquez avec des personnes en chair et en os, avez-vous remarqué à quel point ce que vous ressentez ne pouvait pas se prévoir logiquement ni se deviner en restant à distance ?
contempler
Capacité d’écoute. Votre attention largement ouverte à tout ce qui vous entoure, vous aimez rassembler des informations sans les trier a priori. De la même manière, vous êtes aussi capable d’écouter les gens et de vouloir comprendre ce qui les motive, sans jugement moral précoce. Préférant les cas particuliers et concrets aux systèmes théoriques, vous n’êtes pas du genre à rester plongé dans des dossiers. Vous n’hésitez pas à affronter des situations risquées et payantes même si la probabilité de réussite est faible. » Ce que nous nommons vérité n’est qu’une élimination d’erreurs » (Clemenceau). Votre intuition est un outil puissant, mais vous gagneriez en efficacité finale si vous aviez moins souvent le souci d’agir pour agir : que diriez-vous d’un peu plus de rigueur et d’organisation ?
calculer
Esprit de synthèse. Que d’atouts dans votre main ! Vous excellez pour définir les problèmes tout autant que pour envisager des plans de résolution. Vous percevez les choses de façon synthétique, mais sans négliger pour autant les détails qui vous appparaissent dignes d’être retenus. Intuition et méthode, vous essayez de bien utiliser les deux, ce qui n’est guère facile : » L’instinct demande à être dressé par la méthode, mais l’instinct seul nous aide à découvrir une méthode qui nous soit propre et grâce à laquelle nous pouvons dresser notre instinct. » (Cocteau). Vous envoyez volontiers au charbon votre entourage mais vous êtes sincèrement attentif et ouvert à tout ce que cet entourage peut vous apporter. Quand vous ne redonnez pas autant en échange et que la réussite est au bout, plus personne n’a envie de vous en vouloir. Vous étiez fait pour commander, c’est ça ?
Sélectionnez un évènement un peu marquant qui se déroule dans votre environnement professionnel et familial et recueillez les témoignages des personnes qui y ont assisté.
Entre ceux qui n’auront rien vu parce qu’ils ne veulent pas prendre parti ou qu’ils ont honte de ne pas être intervenus (voir le superbe film de Lucas Belvaux, 38 témoins) et ceux qui en ont les souvenirs les plus fantaisistes, vous allez ressentir, ce que vous savez déjà, à quel point le travail des OPJ et de la justice est difficile.
