
Pour le tsar Alexandre III, la République française incarne le mal absolu : »les Français sont le peuple le plus infect du monde, on ne s’allie pas avec une pourriture. »
Mais, au fil des années, les relations germano-russes se dégradent et le rapprochement entre la Russie qui se sent isolée et la France s’effectue peu à peu : les premiers emprunts russes datent de 1888.
Le chef d’état major français, le général de Boisdeffre est invité en Russie aux grandes manœuvres d’août 1890 et la flotte française est reçue dans l’enthousiasme à Cronstadt : Alexandre III écoute la Marseillaise tête nue. La France sort de son isolement diplomatique
Le 27 juillet 1891, un accord politique secret est conclu, dans lequel les deux puissances se promettent consultation. C’est la fin de l’isolement de la France face à l’Allemagne et les premières bases d’un futur accord, la Triple Entente, avec la Grande Bretagne.
Alexandre III, tsar de Russie
1845 (Saint-Pétersbourg) – 1894 (Livadia)

Le nouveau tsar Alexandre III, qui succède à Alexandre II a longtemps participé aux travaux gouvernementaux aux côtés de son père avant qu’il ne soit assassiné. Partisan de réformes libérales (réforme de justice, réforme de la représentation nationale, réforme économique et sociale) sous le règne d’Alexandre II, Alexandre III réagit brutalement au meurtre de son père et le manifeste impérial du 1er mars 1881 est une déclaration de guerre à toute réforme.
« Le pouvoir autocratique sera affirmé et défendu contre toute attaque pour « le bien du peuple ».
L’empereur fait la guerre aux terroristes (ils sont pendus ou exilés). L’empereur fait la guerre au libéralisme qu’il juge « dégoûtant ». Il surveille étroitement la presse et les assemblées locales. L’empereur lutte contre les religions non orthodoxes et impose une russification systématique. La police ferme les yeux sur les pogroms de plus en plus fréquents.
En revanche, il encourage les transformations économiques commencées sous Alexandre II : assainissement financier, emprunts d’état lancés en France, construction de voies ferrées (le Transsibérien), développement de la métallurgie et du textile.
Il pratique une politique d’expansion territoriale (Caucase), de colonisation (Sibérie) et d’ouverture diplomatique vers la France.
Mais la situation sociale ne cesse de s’aggraver : les moujiks émancipés restent très misérables, le développement industriel a créé un sous-prolétariat exploité et aux ressources insuffisantes.
Tous les ingrédients de l’explosion future sont légués à Nicolas II qui succède à son père en 1894.
Le règne d’Alexandre III est marqué par un changement dans les rapports de la Russie avec la France ; le tsar, malgré son dégoût de la République, favorise un rapprochement que l’avenir ne démentira pas.
1881-94 : règne d’Alexandre III