Contrôle et conservatisme du monde du travail

livret ouvrier
livret ouvrier, contrôle policier

Trop de contrôle tue le contrôle. La peur de perdre son emploi, la peur de l’évolution des professions rend le monde du travail souvent réactionnaire. On se focalise sur les solutions immédiates et non sur le long terme. C’était le cas au XIXe. Et aujourd’hui? La surveillance par l’IA va-t-elle remplacer le livret ouvrier?

Un livret sans avenir

« Les ouvriers de l’un ou de l’autre sexe, attachés aux manufactures, fabriques, usines, mines, minières, carrières, chantiers, ateliers et autres établissements industriels ou travaillant chez eux pour un ou plusieurs patrons, sont tenus de se munir d’un livret. »

En reprenant cette tradition du Premier Empire, Napoléon III donne l’impression de prendre une mesure de surveillance sur l’embauche des ouvriers. Deux dispositions adoucissent cette rigueur policière : le patron ne peut inscrire sur le livret aucune annotation qu’elle soit élogieuse ou critique et ne peut garder le livret.

Dans la pratique, la loi du 22 juin 1854 est assez peu respectée par les deux parties. Vingt ans après la chute de l’Empire, en 1890, le livret sera purement et simplement supprimé.

Les ouvriers ne veulent rien renverser.

Premier congrès ouvrier après la Commune, celui qui se tient à Paris du 2 au 10 octobre 1876 réunit les représentants de quelque 20 000 ouvriers, parisiens dans leur grande majorité, venus de métiers qualifiés.

On y discute exclusivement des solutions immédiates à apporter à la « question sociale ». La coopérative de production l’emporte. En apparence on est loin de la Commune. Pas de débat politique, malgré le soutien des journaux radicaux. Comme dans les années 1860 les ouvriers affirment leur intention de « faire leurs affaires eux mêmes ». L’hypothèse de candidature ouvrières n’est évoquée que très timidement.

Un succès pour le parti ouvrier en Belgique

Aux élections législatives de 1894, les catholiques belges obtiennent environ un million de voix, les libéraux 600 000, le parti ouvrier 300 000. C’est un succès pour ce dernier. Il n’avait, jusque là, aucun élu. Il en obtient vingt sept et devient en même temps que le socialisme français, une grande force parlementaire. Une performance, car en Belgique le suffrage n’est pas universel et beaucoup de notables, chargés de famille, disposent de deux ou trois voix.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.