Le rêve, quelques clefs

rêve

dessin de Jérôme Lefranc

Censure

“As-tu jamais eu l’occasion de voir un journal étranger censuré par les Russes au passage de la frontière ? Des mots, des phrases, des paragraphes entiers sont caviardés, de telle sorte que le reste devient inintelligible.” Freud –Lettres à Wilhelm Fliess

La censure, à l’origine du refoulement, construit les barrages entre l’inconscient et le préconscient-conscient, c’est elle qui engendre les déformations des rêves.

“… cette instance d’auto-observation, nous la connaissons : c’est le censeur du moi, la conscience morale ; c’est la même qui exerce la nuit la censure des rêves, c’est d’elle que partent les refoulements de désirs inadmissibles.” – Freud – Introduction à la psychanalyse – 1 916.

Contenu latent

Traduction du discours du rêveur, le contenu latent serait l’expression de son désir.

Le contenu latent, et par opposition le contenu manifeste nous “apparaissent comme deux présentations du même contenu dans deux langues différentes, ou, pour mieux dire, le contenu du rêve nous apparaît comme un transfert des pensées du rêve dans un autre mode d’expression dont nous devons apprendre à connaître les signes et les lois de composition, par comparaison de l’original et de la traduction. Les pensées du rêve nous sont immédiatement compréhensibles dès que nous en prenons connaissance.” – Freud – L’interprétation des rêves – 1 900.

Le contenu latent est antérieur au contenu manifeste, le travail du rêve fait la transformation de l’un à l’autre.

“Dans les rêves les mieux interprétés on est souvent obligé de laisser dans l’ombre un point.” Il est difficile pour l’analyste de tout redécouvrir.

Contenu manifeste

Le contenu manifeste est le résultat du travail du rêve : le récit descriptif que le sujet fait de son rêve avant qu’il en connaisse toutes les significations.

Le contenu latent, et par opposition le contenu manifeste nous “apparaissent comme deux présentations du même contenu dans deux langues différentes, ou, pour mieux dire, le contenu du rêve nous apparaît comme un transfert des pensées du rêve dans un autre mode d’expression dont nous devons apprendre à connaître les signes et les lois de composition, par comparaison de l’original et de la traduction. Les pensées du rêve nous sont immédiatement compréhensibles dès que nous en prenons connaissance.” – Freud – L’interprétation des rêves – 1 900. »

Le fantasme

Le fantasme, selon Freud,c’est :

– un “rêve diurne” que le sujet imagine : scènes, fictions, romans qu’il se raconte. Sa structure est comparable à celle d’un rêve dans la formation des compromis.

– un “fantasme inconscient”, une sorte de rêverie subliminale dont le sujet ne prend pas forcément conscience.

– le fantasme lié au désir inconscient, première partie du trajet qui conduit au rêve et “… va de façon progrédiente des scènes aux fantasmes inconscients jusqu’au préconscient.”

“Les fantasmes de désir que l’analyste découvre dans les rêves nocturnes se révèlent souvent être des répétitions et des remaniements de scènes infantiles ; ainsi, dans plus d’un rêve, la façade du rêve nous désigne de façon immédiate le véritable noyau du rêve qui se trouve déformé parce qu’il est mêlé à un autre matériel.” Freud –Le rêve et son interprétation – 1 901.

“Les fantasmes s’approchent tout près de la conscience et restent là sans être troublés aussi longtemps qu’il n’ont pas un investissement intense, mais ils sont renvoyés dès qu’ils dépassent un certain niveau d’investissement.” – Freud – L’inconscient – 1 915.

“Les fantasmes sont d’une part hautement organisés, non contradictoires, ils ont mis à profit tous les avantages du système conscient et notre jugement les distinguerait avec peine des formations de ce système ; d’autre part, il sont inconscients et incapables de devenir conscients. C’est leur origine (inconsciente) qui est décisive pour leur destin.”

Dans la cure, l’analyste s’essaie à dégager derrière le rêve, le symptôme, la mise en acte et surtout les conduites répétitives qui conduisent au fantasme sous-jacent.

Rêve

Autrefois, “les hommes n’étaient pas embarrassés pour expliquer le rêve. Quand ils s’en souvenaient, ils le tenaient pour une information soit bienveillante soit hostile de puissances supérieures, dieux et démons … de nos jours, il ne reste parmi les gens cultivés, qu’une infime minorité de personnes qui doutent que le rêve soit une opération psychique propre au rêveur.” Freud – Sur le rêve – 1 901.

Ce phénomène psychique qui se produit pendant le sommeil est constitué par des images et des représentation diverses ; leur organisation échappe en général au contrôle conscient du dormeur, mais il prend souvent sa source dans la volonté de l’accomplissement d’un désir inconscient.

L’interprétation des rêves de Freud, dans ce sens, “ … n’est pas le livre d’analyse des rêves, ni le livre sur le rêve, mais le livre qui, par la médiation des lois du discours du rêve, découvre celle de tout discours et fonde la psychanalyse.”

L’apport de Freud se situe dans la description de la nature de l’interprétation plus que dans l’interprétation elle-même ; il tente de se distinguer de la symbolisation. C’est le patient lui-même qui par le truchement des associations mentales qu’il fait en racontant son rêve qui est à l’origine lui-même de l’interprétation et n’est plus “l’objet du bon plaisir de l’interprète”…

C’est là tout le débat avec Breton et les surréalistes qui font allusion aux “Vases communicants”.

Freud y répond dans Trajectoire du rêve, “… un recueil de rêves sans les associations qui s’y sont ajoutées, sans la connaissance des circonstances dans lesquelles le rêve a eu lieu, un tel recueil pour moi ne veut rien dire et je ne peux guère imaginer ce qu’il peut vouloir dire pour d’autres.

Rêve diurne (rêverie)

Les rêves diurnes “ de même que les rêves, ce sont des accomplissements de désir ; de même que les rêves, ils reposent pour une bonne part sur les impressions laissées par des événements infantiles ; de même que les rêves, ils bénéficient pour leurs créations d’une certaine indulgence de la part de la censure. Quand on examine leur structure, on s’aperçoit que le motif de désir qui est à l’oeuvre dans leur production a mêlé le matériel dont ils sont construits, en a changé l’ordre pour constituer un nouvel ensemble. Ils sont à l’égard des souvenirs d’enfance auxquels ils se rapportent, un peu dans le même rapport que ces palais baroques de Rome à l’égard des ruines antiques : pierre de taille et colonnes ont servi de matériel pour construire des formes modernes.” Freud – L’interprétation des rêves – 1900.

Mais l’élaboration secondaire assure aux scénarios une cohérence plus grande qu’à ceux du rêve.

“ …il s’effectue un remaniement du matériel psychique en fonction d’un nouveau but, remaniement qui est souvent fondamentalement forcé,bien que compréhensible si l’on se place au point de vue du système.” Freud – Totem et tabou – 1912.

Les rêves diurnes deviennent la “façade du rêve”

Travail du rêve

« Le travail psychique dans la formation du rêve se divise en deux opérations : la production des pensées du rêve, la transformation en contenu manifeste du rêve.” Freud – L’interprétation du rêve – 1 900.

Le rêve transforme les matériaux, il ne les invente pas, il y a “une sorte de nécessité impérieuse de combiner en une seule unité toutes les sources qui ont agi comme stimuli du rêve.”

La pensée est le matériel qui nourrit le travail du rêve, mais si “ on a longtemps confondu les rêves avec leur contenu manifeste, il ne faut pas non plus les confondre avec les pensées latentes.”

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