Un langage polyphonique et atonal
Pierrot lunaire, Op. 21, de Schoenberg : 21 mélodrames pour voix de récitant et 5 instruments, flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano, sur des poèmes d’Albert Giraud.
Le résultat instrumental est fascinant : chaque pièce a une instrumentation différente, possède sa couleur propre ; quant à la voix, Schoenberg s’explique lui-même : « le rythme doit être observé strictement comme s’il s’agissait de chant, mais alors que la mélodie chantée maintient la hauteur de son, la mélodie parlée ne fait que l’indiquer pour la quitter aussitôt, de façon ascendante et descendante ».Le langage est essentiellement polyphonique et atonal, les caractères très changeants : poétiques, sarcastiques, lyriques tout à la fois. Peut-être l’œuvre la plus célèbre de Schoenberg, en tous cas l’une des plus originales par la nouveauté purement sonore. Sa création fait scandale un peu partout en Europe et il faudra attendre 1922 pour l’entendre à Paris, sous la direction de Darius Milhaud.
Schoenberg Arnold, compositeur autrichien, naturalisé américain
1874 (Vienne) – 1951 (Los Angeles)
Fortement influencé dans ses premières œuvres par Brahms et Wagner, Schoenberg y montre malgré tout un talent précoce, renouvelant les principes du poème symphonique dans la musique de chambre. Puis, de conquête en renouvellement, il parvient à mettre les douze sons de la gamme chromatique sur le même pied, il abandonne tonique, dominante et sous-dominante, et apporte ainsi une conclusion cohérente aux conflits sur l’atonalité, la polytonalité et sur la « dissonance à l’intérieur de la tonalité ».
Dans ses compositions, au-delà de ces nouveaux principes, on trouve une grande originalité mélodique et harmonique, une grande nouveauté dans l’écriture vocale. Il est à l’origine du « chant parlé » (Sprechgesang) rendu célèbre par Pierrot lunaire.
Non satisfait de ses premières conquêtes, Schoenberg pendant une dizaine d’années se recueille dans la recherche et bâtit peu à peu ce qu’on appellera le principe sériel. Les œuvres de cette période utilisent des séries d’intervalles (de cinq, six, sept sons et plus) qui déterminent les figures harmoniques et mélodiques.
Chassé par la pression nazie, Schoenberg termine sa vie aux Etats-Unis. Ses dernières compositions, empreintes de la liberté qu’apporte l’assimilation d’années de recherche et de travail, mais aussi de la synthèse de qualités maîtrisées, expriment une grande plénitude : Concerto pour violon, Ode à Napoléon, et les dernières œuvres chorales. Il laisse un opéra inachevé : Moïse et Aaron.
Représentant principal de ce qu’on appelle L’école viennoise atonale, avec Alban Berg et Anton Webern, ses élèves, Schoenberg a une grande influence sur toute la musique contemporaine, tant les bouleversements qu’il apporte dans la composition, mais aussi dans l’enseignement musical, sont importants.
1898 : Premiers Lieder op.1, 2 et 3
1899 : Nuit transfigurée, poème symphonique – Sextuor à cordes
1900 – 11 : Les Gurrelieder, symphonie dramatique
1903 : Pelléas et Mélisande, poème symphonique
1905 : 1er quatuor à cordes
1906 : Symphonie de Chambre
1907-08 : Deuxième Quatuor à cordes
1908 : Le Livre des jardins suspendus (quinze lieder)
1909 : Cinq pièces pour orchestre – Attente
1911 : Six pièces pour piano op.19
1912 : Pierrot lunaire
1917-23 : Cinq pièces pour piano – Sérénade – Suite pour piano – Quintette pour instruments à vents
1926-32 : Troisième Quatuor à cordes – Variations pour orchestre -D’aujourd’hui à demain, opéra bouffe – Moïse et Aaron
1933 : départ aux Etats-Unis
1934-36 : Concerto pour violon
1936 : Quatrième Quatuor à cordes
1941 : Ode à Napoléon
1945 : Prélude pour orchestre et chœur
1946 : Trio à cordes
1947 : Survivant de Varsovie
1949 : Fantaisie pour violon et piano
1950-51 : Trois fois mille ans – De Profundis – Psaumes modernes, œuvres chorales
Oeuvres écrites :
1911 : Traité d’harmonie
1911 : Professeur au Conservatoire Stern à Berlin
1942 : Modèle pour débutant en composition
1954 : Fonction structurelle de l’harmonie
Portrait : Autoportrait, collection Lisa Jalowetz Aronson