Mais où sont les extra-terrestres?
Pas seuls et pourtant bien seuls dans l’univers.
Nous savons qu’il existe sans doute des milliers, voire des millions de planètes sur lesquelles la vie s’est développée, mais comment a-t-elle évolué, existe-t-il des êtres doués d’intelligence et de quelle intelligence, c’est ce que nous ne saurons sans doute jamais, car ils sont trop loin et jusqu’à preuve du contraire, on ne peut pas se déplacer plus vite que la vitesse de la lumière, à savoir 300 000 km/s. Même si nous arrivions à capter puis à décoder des signaux envoyés par ces extra-terrestres, puis à leur répondre, nous serons morts depuis longtemps lorsque leur éventuelle réponse parviendra sur Terre.
Nous ne sommes sans doute pas seuls dans l’Univers mais nous devons vivre avec cette frustration angoissante: nous ne connaîtrons jamais « les autres », nés sur des planètes analogues à la nôtre qui gravitent autour d’étoiles qui ressemblent à notre Soleil.
Pour comprendre pourquoi nous n’avons jamais vu d’extra-terrestres, il est utile d’analyser le paradoxe de Fermi.
Pour prendre la mesure de notre solitude rappelons que l’année-lumière est l’unité de distance utilisée couramment en astronomie: la lumière ne nous parvient pas instantanément depuis les objets, elle se propage à 300 000 km/s.
1 année-lumière
est la distance parcourue par la lumière en 1 an soit : 300 000 x 3 600 x 24 x 365= 9 460 milliards de km
Imaginons que des extra-terrestres aient observé que l’étoile Soleil possède un système planétaire…et que leur civilisation soit éternelle! Suivons leur progression dans leur parcours à la recherche de la Terre et aidons-les à arriver jusqu’à nous. Imaginons que leur avance technologique leur permette de se déplacer à la vitesse de la lumière (le temps, en années, qu’ils mettent à parcourir les distances est alors égal à la distance en années-lumières).
Ils approchent de l’amas de galaxies dont fait partie notre Galaxie, ils sont encore à 100 millions d’années-lumière de notre Galaxie spirale.
Ils rentrent dans l’amas de galaxies et ne sont plus qu’à 2 millions d’années-lumière de notre Galaxie. Il la voient dans toute sa splendeur. Reste à trouver le bras spiral, très extérieur, où se trouve le Soleil, seul astre du système solaire qu’ils peuvent observer à cette distance.
Les voilà maintenant tout près du soleil, ils ne sont plus qu’à une dizaine d’années-lumières de nous.
Ils pénètrent dans le système solaire, ils ne sont plus qu’à 4 heures-lumière de nous. Ils voient à peu près ce que la sonde Voyager a vu lorsqu’elle a quitté le système solaire en passant au large de Neptune, à 4 milliards et demi de km de nous. Le Soleil n’est plus qu’une pastille lumineuse.
Ils vont bientôt découvrir la Terre.
Imaginons maintenant ce que voient de nous, à l’instant présent, des extra-terrestres, selon leur position dans l’Univers. Ils ne voient aucune image optique de la Terre! Car, après avoir parcouru autant de chemin, la lumière ne véhicule plus l’image initiale. Seules les ondes radio peuvent parcourir des distances astronomiques sans perdre l’information. Admettons qu’ils aient trouvé un système pour nous observer:
Un extra-terrestre, arrivé jusqu’aux confins du système solaire pourrait capter le journal télévisé qui a eu lieu il y a 6 heures.
Un autre, sur une planète d’une étoile proche de nous recevrait les actualités des années 60.
Pendant qu’un troisième observateur, toujours dans notre Galaxie, observe que le Soleil possède un système planétaire, mais il ne sait pas qu’un bal a lieu dans les jardins de Versailles sous Louis XIV.
Un autre encore, beaucoup plus loin, sur une planète de la galaxie d’Andromède voit la Terre au moment des premiers hominidés.
L’habitant d’une galaxie lointaine mesure la température de la soupe chaude de Terre primitive: la vie n’existe pas encore sur Terre .
Inversement, lorsque nous observons des étoiles dans les galaxies les plus lointaines accessibles à nos instruments, nous ne pouvons pas savoir comment elles sont aujourd’hui, ni même si elles existent encore, puisque nous les voyons tels qu’elles étaient il y a 10 milliards d’années environ. Plus nous observons loin, plus la lumière a mis de temps pour nous parvenir et plus nous observons dans le passé. Si des habitants là bas regardent en direction de la Terre, pendant que vous êtes en train de lire ce texte, ils ne voient rien: le Soleil et le système solaire n’existent pas encore.
L’observation des planètes est très technique car la lumière de l’étoile nous empêche l’observer les planètes qui gravitent autour. Cette observation n’a commencé que depuis une vingtaine d’années, en utilisant des méthodes indirectes. On a repéré plus d’un millier de planètes à ce jour et on arrive même à évaluer si elles pourraient abriter de l’eau liquide, donc potentiellement de la vie.
Nous ne sommes pas allés bien loin, 1,3 secondes-lumière, et pourtant, quel pas!
L’homme a longtemps rêvé de la Lune puis de marcher sur la Lune. Son rêve s’est concrétisé en 1968.
L’aventure Terre-Lune, qu’exprime si bien les photos de la Terre vue depuis un autre astre du système solaire, la Lune, est le symbole de la réussite scientifique du XXe siècle. Kepler en rêvait déjà en 1600: Un jour « des vaisseaux célestes, avec des voiles adaptées aux vents des cieux, partiront, habités par des explorateurs qui n’auront pas peur de l’immensité ». Peut-être ne perçoit-on pas encore les conséquences sur la civilisation de cette image de notre situation d’astre banal dans l’Univers.
Le voyage jusqu’aux planètes les plus éloignées du système solaire serait bien coûteux et bien long pour un vol habité envoyé de la Terre: 20 ans pour faire le trajet aller-retour! C’est imaginable mais guère réaliste, dans l’état actuel de nos possibilités, pour visiter ces mondes inhospitaliers et froids, à peine éclairés par le Soleil.
Quant au voyage vers les planètes susceptibles d’abriter de la vie, comme Kepler-62e, dans notre Galaxie, sachant que si des signaux nous parvenaient, ils auraient été émis il y a 2000 ans, et que pour y aller, même à la vitesse de la lumière, il faudrait 2000 ans, voyez le problème!
Tiendriez-vous seul(e) dans une cabine spatiale pour un voyage de plusieurs années?
Les romans sur les îles désertes sont de délicieux exercices de style romantiques. Mais avez-vous fait l’expérience de vous retirer dans un lieu isolé, même votre appartement en pleine ville, seul(e), sans télévision, sans sortir pour faire des courses ou acheter le journal, sans téléphone, sans mails sans visites? Essayez (vous faites quelques courses avant de vous retirer pour ne pas mourir de faim) et notez combien d’heures ou de jours vous êtes capable de tenir.
La récente expérience du covid-19 a d’ailleurs mis récemment toutes les personnes seules face à cette situation.
Certains se défoulent dans des activités concrètes (c’est le cas de Robinson pour pouvoir survivre), mais vous n’avez pas ce problème, vous êtes arrivé avec des provisions. Vous pouvez repeindre les volets, mais à quoi sert de repeindre les volets si on a personne à qui faire admirer son ouvrage?
Après une telle expérience, vous serez peut-être plus indulgent(e) avec ces vieilles personnes qui passent trois heures à la caisse, juste pour parler, parce qu’elles ont passé la journée toutes seules. Elles sont vieilles et n’ont plus grand chose à espérer de la vie, mais vous, cette solitude devrait vous permettre de mettre sur pied de grands projets, mais non, face à vous-même, vous flanchez…ou pas? Bref : combien de jours tenez-vous? Faites l’expérience.
Puis imaginez la même chose dans le noir interstellaire.
Voyage imaginaire du nanomètre aux années lumière
Imaginez votre collection d’objets, d’animaux ou de lieux préférés depuis le nanomètre (que vous ne voyez pas mais que vous pouvez collectionner en photos au microscope au balayage) jusqu’aux années lumière. Les canaux dans la membrane d’une cellule, un spermatozoïde….un chat, la pampa argentine….les anneaux de Saturne, Orion…
Faites-vous une échelle métrique de 10 en 10 (10 puissance -9, 10 puissance -8, etc; cm, m, km, années lumières, etc.) et attribuez à chaque étape l’objet que vous préférez, le lieux où vous voudriez être, les images ou espaces qui vous fascinent le plus.
Ce sera votre voyage imaginaire personnel. Vous pourrez même en modifier les étapes parfois, changer le chat pour un chien ou les anneaux de Saturne pour la tache rouge de Jupiter.
Êtes-vous conscient (e) de la chance que vous avez d’exister
Comme on l’a vu plus haut, la Terre est-elle une exception ou non? Première chance que vous avez d’exister : être né(e) sur la Terre.
À chaque éjaculation, l’homme libère en moyenne près de 200 millions de spermatozoïdes. Calculez le nombre de spermatozoïdes, dans la vie d’une homme, qui n’ont pas servi à féconder un ovule, vous serez émerveillé(e) d’avoir gagné une vie sur Terre à cette loterie. Chaque matin, pensez à ce que vous allez bien pouvoir faire de ce gros lot improbable, votre vie. Notre planète ressemble à un monde dans lequel on aurait réuni tous les gagnants de la loterie. Ces gagnants ne font pas tous le même usage de leur gain. Pourquoi vous précisément, avez eu la chance d’exister parmi tous les possibles perdus? Justement, on n’a pas de réponse, c’est ce qui fait le prix de la vie. Méditer sur cette question fait travailler une zone du cerveau très bien localisée qui est la même que celle qui est mobilisée par les croyants lorsqu’ils pensent à Dieu. À méditer également.
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