La mécanisation de l’agriculture au XIXe

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La mécanisation de l’agriculture

Passage de la vie primitive à la mécanisation

L’Europe commence par la mécanisation des tâches simples (filature, tissage, métallurgie). L’Amérique, elle, s’attaque à la mécanisation des métiers complexes comme ceux de l’agriculture dans un souci d’économiser la main-d’œuvre. On assiste alors au passage d’une vie quasi primitive à un stade avancé de mécanisation.

« Une heure pour faire le travail d’une journée d’un ouvrier faucheur habile »

Attention à ne pas confondre mécanisation et motorisation. Ici il s’agit de mécanisation mais les machines sont encore tirées par des chevaux et guidées par les hommes jusqu’à la fin du XIXe siècle.

La main-d’œuvre, surtout aux États-Unis, devient de plus en plus exigeante et à des prix excessifs. Les freins à la mécanisation dans ce pays de grands espaces sont vite balayés par le sens pratique. C’est donc là que se développe rapidement la mécanisation puis la motorisation de l’agriculture. En France, la diminution de la population active agricole n’est pas, au départ, la conséquence de la mécanisation, mais plutôt la cause.

Ce sont d’abord les exploitations du nord qui se mécanisent.

1846 : premières moissonneuses pratiques fabriquées par l’Américain Mac Cormick et présentées à l’Exposition Universelle de Londres en 1851. Elles exigent un homme sur la machine pour faire la javelle ; après le passage de la machine, pour ramasser et lier les javelles, la main d’œuvre réclame le même prix que pour le travail complet. En France la population rurale représente encore  75 % de la population totale.

1877 : la moissonneuse-lieuse américaine  Osborne est présentée à l’Exposition agricole de Vincennes. En France la population rurale représente encore 67 % de la population totale.

1885 : la moissonneuse-lieuse de MM. Hornsby et fils, présentée à la société d’encouragement « permet d’obtenir d’un seul coup, la récolte des céréales en gerbes égales, solidement liées au moyen d’un mécanisme rappelant celui de la machine à coudre et disposées parallèlement sur le sol. La moisson peut se faire par un seul homme monté sur la moissonneuse traînée par deux chevaux ; chaque machine peut faire un demi-hectare par heure, soit le travail d’une journée excessive d’un ouvrier faucheur habile ».

« Ces machines forcément délicates et compliquées dont les organes sont animés d’une grande vitesse, exigent des soins particuliers qui nécessitent une certaine intelligence de la part des conducteurs ».

Quelques exemples des machines qui ont jalonné la mécanisation de l’agriculture.

Tarare d’établissement de Hohenheim dans le Würtemberg, fin XVIIIe siècle.

2511HCe type de tarare est déjà très répandu au XVIIe siècle.

Le principe de cette machine est de vanner le grain, c’est-à-dire de dégager, par ventilation, la céréale de son enveloppe ou balle.

Le vannage intervient au moment où le grain tombe de la trémie, vaste entonnoir formant le haut du tarare. Les grains atteignent ensuite le crible, qui opère leur triage.

Lorsque le grain sort du contre-batteur ou des secoueurs d’une batteuse  il est accompagné de poussières, de fragments de paille, de mottes de terre, de mauvaises graines, etc. Il faut le nettoyer. Les différentes machines qui interviennent dans ce nettoyage s’appellent tarares :

– tarare débourreur pour un nettoyage grossier qui enlève les matières plus légères que le grain ; un criblage accompagne cette opération pour enlever les matières plus lourdes ;

– tarare cribleur pour donner un blé vraiment propre.

Les tarares sont le plus souvent montés sur les batteuses.

Le grain est placé dans une trémie, tombe sur des grilles animées de secousses et reçoit un courant d’air chassé par un ventilateur.

13302_8Moissonneuse de Cyrus Mac Cormick

constructeur de machines agricoles à Chicago, brevetée en 1834. Modèle construit en 1899 pour être présenté dans le cadre de la rétrospective de l’Exposition Universelle de 1900.

Le ratelage est fait par un ouvrier marchant derrière la machine.

La première moissonneuse-lieuse n’apparaît qu’en 1885.

Mac Cormick ne fabriquera les premières moissonneuses réellement pratiques qu’en 1846. Elles exigent un homme sur la machine pour faire la javelle. Après le passage de la machine, pour ramasser et lier les javelles, la main d’œuvre réclamait le même prix que pour le travail complet.

Cyrus Hall Mac Cormick

1809 (Virginie) – 1884 (Chicago),

industriel américain.

Plus qu’un problème de main-d’œuvre, c’est la vaste étendue des terres cultivables, espaces qui ne sont pas à l’échelle de l’homme seul, qui pousse l’Amérique du Nord à la recherche dans la mécanisation. Pour dominer l’immensité des récoltes, Mac Cormick invente la première moissonneuse mécanique.

Fils d’un fermier de Virginie, Mac Cormick amène dans les champs paternels en 1833 une étrange machine traînée par deux chevaux : les roues impriment à une scie un mouvement alternatif par l’intermédiaire d’une courroie. Les tiges de blé tranchées, puis rabattues sont rejetées sur un emplacement spécial. Le champ est fauché avec une précision et une rapidité stupéfiantes.

1839 : Mac Cormick devient industriel pour vendre ses machines.

1847 : il fonde une entreprise qui porte son nom (l’International Harvester Company à partir de 1902).

A l’Exposition de Londres de 1851, la moissonneuse Mac Cormick reçoit la consécration qui lui est due : elle est remarquée parmi toutes les machines présentées ; la voie de la mécaniculture est ouverte.

Un an plus tard, la première moissonneuse-batteuse sera inventée par Moore.

Scarificateur « Bataille » avec ses palonniers, 1838

2576Plus généralement appelé herse Bataille ou encore Batailleuse, elle se compose d’un avant-train triangulaire.

Son châssis porte onze dents et peut s’élever ou s’abaisser au moyen de vis régulatrices, ce qui permet de faire varier l’entrure des dents. On reproche à ce scarificateur d’offrir, avec ses roues trop basses, une ligne de tirage défectueuse.

Cette machine complète ou remplace le travail de la charrue . Elle remue, divise et émiette le sol.

Moissonneuse à disque de Smith, 1811

79Les premières moissonneuses gauloises consistaient en une caisse rectangulaire montée sur deux roues et munie à l’arrière d’un brancard auquel on attelait un bœuf de trait. Les dents de fer fixées à l’avant pénétraient dans la masse des épis et les détachaient de la paille.

Ce n’est qu’au début du XIXe siècle que l’insuffisance des bras à l’époque de la moisson en Angleterre, due à l’émigration irlandaise, amène les agriculteurs anglais à résoudre le problème de la mécanisation de la moisson.

Une moissonneuse doit répondre aux exigences suivantes :

– n’abîmer ni les épis ni la paille,

– si possible lier également les javelles laissées sur le champ.

Une moissonneuse comprend :

– un appareil coupeur :

on a d’abord essayé des sortes

de faux que l’on faisait tourner horizontalement sans grand succès, car les systèmes d’entraînement étaient incapables de leur donner le bon angle d’attaque, et elles cassaient les tiges au lieu de les scier. Puis le dispositif qui se généralise à partir de 1850 est celui de Mac Cormick : de petits triangles d’acier sont fixés sur une tige à laquelle on donne un mouvement alternatif rapide de peu d’amplitude. Cette sorte de scie à grandes dents passe dans les mortaises de pointes fixes formant un peigne qui relève les tiges de blé couchées et les maintient pendant la coupe,

– des rabatteurs poussent légèrement les tiges pour qu’elles tombent directement sur le tablier situé derrière la scie. Ce sont en général des moulinets à ailes,

– des javeleurs qui sont parfois semblables au rabatteur : l’aile traîne périodiquement sur le tablier pour ramasser le blé tombé sans l’égrener,

– pour les moissonneuses lieuses, un système qui recueille les tige sous forme de gerbes pour les lier.

Charrue guimbarde réversible ou « double-brabant »

2579(le brabant, d’abord fabriqué en Brabant, est l’avant-train métallique des charrues), de

M. Pâris, charron à Saint-Quentin, 1831.

Un grand nombre de constructeurs français de l’Oise, de la Somme et de la Seine et Marne fabriquent, au milieu du XIXe siècle, des charrues double-brabant à age tournant (l’age est une longue pièce de bois ou de fer à laquelle se fixent toutes les parties de la charrue). Elles permettent de travailler différemment le sol sans changer de charrue, par simple rotation du corps de la charrue.

Charrue

On nomme charrue tout instrument destiné à couper le sol en tranches égales parallèles et à les retourner plus ou moins complètement.

Les charrues primitives ne faisaient que gratter le sol en surface :

ce travail rompait la croûte superficielle et l’ameublissait un peu.

Mais on a très vite demandé aux charrues d’ouvrir profondément le sol et de retourner les bandes de terre pour que l’influence atmosphérique les améliore.

Pour labourer, il faut s’opposer aux différents types de résistance  qu’offre la terre aux mouvements des pièces de la charrue.

La charrue de Charles Guillaume perfectionnée.

3025Conçue en 1804, elle est peu différente des charrues traditionnelles de la région parisienne. La chaîne fixée derrière le coutre et attachée directement au palonnier est censée réduire la force de tirage.

Pour cette raison, Guillaume gagne le premier concours de labour organisé par la Société d’Agriculture de la Seine en 1806.

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