Bateaux
nom générique donné à toutes les embarcations naviguant à la rame, au croc, à la voile ou à la vapeur, sur les mers, les lacs, les fleuves, les rivières et les canaux.
On peut distinguer la forme des bateaux selon leurs usages (bateaux plats, à quille, chaloupes, canots, péniches, pirogue, navire, paquebot, sous-marins, etc.) et leur mode de propulsion (voile, énergie humaine, vapeur, moteur à combustion directe, énergie atomique).
L’image représente un Tableau animé aux armes de Mme de Pompadour, 1759. Dans ce tableau, plusieurs scènes animées se déroulent devant le Château de Saint-Ouen où bateliers, lavandières, pêcheurs, voituriers, marquis, grandes dames ou chasseurs se succèdent. Le moteur à ressort se trouve au dos, en haut du tableau. Il met en mouvement trois chaînes sans fin et un système assez complexe de roues dentées et de leviers.
C’est au XVIIIe siècle que la mode des tableaux animés s’est affirmée. Le mécanisme des tableaux est souvent très simple.
Les artisans qui exécutent le montage font d’avantage usage d’ingéniosité et de patience que de connaissance en mécanique horlogère.
Un long cylindre de bois, animé par un barillet à ressort, porte de nombreuses rangées de picots et de cames faits de clous ou de petits morceaux de fils de fer tordus ; des leviers et des manivelles sont reliés par de longues tringles aux sujets
à animer.
L’arrivée des machines à vapeur
Les premiers essais de machines à vapeur dans les transports ont été faits sur des bateaux bien avant les essais pour la locomotion terrestre : les premiers essais de bateau à vapeur de Papin datent de 1707 et les premiers bateaux ont navigué dès les années 1780.
Mais on fut longtemps, il est vrai, à vaincre les difficultés d’installation dans un espace aussi resserré que celui du navire, et à mettre en rapport convenable la machine et les roues, le moteur et le propulseur.
Des « steam-boats » aux « villes flottantes »
Au milieu du XIXe siècle, le moteur à vapeur et la chaudière « compound » ont conquis la navigation avant même de coloniser les transports terrestres car sur l’eau, il n’est pas nécessaire de construire des infrastructures lourdes comme rails, routes, tunnels. L’indiscutable supériorité du « vapeur », n’empêche pourtant pas la voile de résister, surtout dans l’hémisphère sud, trop éloigné de la houille anglaise. Dans la seconde moitié du siècle se livre une impressionnante course au gigantisme et à la vitesse. La France, puis l’Allemagne essaient de lutter contre l’hégémonie anglaise sur les transports maritimes.
1775 : Jacques-Constantin Périer fait évoluer pour la première fois un bateau « sous la seule impulsion de la machine à vapeur.
Début du XIXe siècle : les contraintes du ravitaillement en combustible cantonnent le succès de la vapeur sur les fleuves.
1807 : Fulton, véritable père de la navigation à vapeur construit le premier bateau à vapeur effectuant des services réguliers.
1816 : première traversée maritime (la Manche) réalisée par un bateau à vapeur, un petit seize mètres anglais qui vient prendre son service sur la Seine.
1819 : la première traversée atlantique « à vapeur » est réalisée du 20 mai au 17 juin par le « Savannah », mais le trajet s’est fait en partie à la voile.
Ce type de navigation « mixte » va durer encore une vingtaine d’années.
1838 : la situation change ; le « Great Western » est déjà un transatlantique moderne (moteur 750 cv, longueur 71 m) et il ne met qu’une quinzaine de jours pour la traversée.
Ce n’est qu’à partir de 1845 que l’hélice, idée pourtant ancienne, remplace de plus en plus fréquemment la roue à aube.
Années 1850 : le fer remplace le bois dans la fabrication des coques et la vapeur triomphe de la voile ; la flotte française se trouve gravement handicapée : l’armement maritime rapporte moins aux spéculateurs que les placements dans l’industrie et les recettes venant du transport des passagers, des marchandises (essentiellement manufacturées dont la valeur est grande pour un faible poids) et du courrier ne couvrent pas l’investissement.
1870 : la machine à vapeur de type pilon, utilisée pour les gros moteurs à piston de l’industrie et la double expansion s’imposent de façon définitive.
Pour lutter contre l’hégémonie anglaise, l’Etat français accorde la concession directe à deux grandes compagnies :la compagnie des Messageries Impériales, issue de la première agence des Messageries maritimes créée en1851,et la Compagnie générale maritime, créée en 1855 à l’instigation des frères Péreire qui devient « Compagnie générale transatlantique » en 1861.
En 1861, elle possède 8 vapeurs, 50 voiliers, 20 goélettes de pêche, ; en 1867 : 21 navires parcourent 170 000 lieues (Etats-Unis, Antilles, Mexique).
Course au gigantisme
1858 : le « Great Eastern » mesure 207 mètres de long.
1907 : le « Lusitania » mesure 232 mètres.
Course à la vitesse
1835 : la durée du trajet à la voile entre le Havre et New York est de 35 jours à l’aller, 25 jours au retour.
1860 : les transatlantiques à vapeur traversent l’Atlantique en 9 jours.
1914 : les transatlantiques à vapeur traversent l’Atlantique en 5 jours.
Les grands canaux, Suez en 1867 et Panama en 1914, raccourcissent les routes traditionnelles.
1880 : début de la spécialisation. La « Shell » (coquille), société de transport de nacre lance les premiers pétroliers, citerniers à voile, rachetés aux exportateurs italiens d’huile d’olive ; la « Compagnie des chargeurs réunis », fondée en 1872, utilise le navire frigorifique mis au point par Charles Tellier pour rapporter en Europe la viande, dite de singe, des bovins de la pampa argentine et uruguayenne.
L’évolution des transports maritimes reflète les traits typiques de l’économie libérale : les armateurs font place aux grandes compagnies rivales (Peninsular, Cunard, Hambourg America, Messageries maritimes, Transat) qui savent, pour défendre leurs intérêts, conclure des ententes et solliciter l’aide des États. Les coûts baissent en cinquante ans dans la proportion de 10 à 1. Une compagnie d’assurances, la Lloyds, née au fond d’un cabaret anglais où l’on discutait jadis les tarifs du fret, impose son hégémonie.
« Notre avenir est sur l’eau » dit l’empereur Guillaume II. Une marine marchande importante exige la protection d’une flotte de guerre. Les cuirassés de 1914 sont symboles de puissance guerrière et la rivalité anglo-allemande sur les mers du globe est une des causes de la grande guerre.
Bateau à vapeur de Desblanc, brevet du 7 avril 1802.
Ce bateau fut essayé sans succès en avril 1802.
Son originalité était le propulseur formé d’une double chaîne portant 36 palettes.
Bateau à vapeur de Fulton 1803
Une machine à double effet entraîne les deux roues à palettes d’une péniche. En 1803, le bateau de Fulton remonta la Seine pendant une heure et demie en tirant deux embarcations.
« Le 21 thermidor, à six heures du soir, Fulton, aidé seulement de trois personnes, mit en mouvement son bateau et deux autres attachés derrière et pendant une heure et demie, il procura aux curieux l’étrange spectacle d’un bateau mû par des roues comme un chariot, ces roues armées de volants ou rames plates, mues elles-mêmes par une pompe à feu… Sa vitesse à contre-courant nous parut égale à celle d’un piéton pressé ; il monta et descendit quatre fois depuis les bonshommes jusque vers la pompe de Chaillot.
Les trains de bateaux qui emploient quatre mois à venir de Nantes à Paris, arriveraient exactement en dix à quinze jours. » (Journal des débats, 1803).