Dans le port de Saint-Tropez, au premier plan, une bouée rouge pour amarrer les bateaux qui ressemble à un chapeau de marin jeté à l’eau.
L’eau est comme une mosaïque où les reflets éclatent en milliers de points colorés.
Signac est pointilliste ou plutôt divisionniste ! Cette nouvelle technique mise au point par Georges Seurat consiste à poser sur la toile des points de couleurs pures, juxtaposées, dans le but de renforcer la richesse, la solidité et l’éclat des tons. Ainsi, c’est l’œil du spectateur qui opère le mélange optique des pigments et recompose la synthèse des éléments.
L’horizon est placé haut dans le tableau, les mâts de bateaux et les maisons rythment la partie supérieure du tableau.
(Une minute au musée)Paul Signac, peintre, aquarelliste et écrivain français, 1863-1935
Encouragé par ses parents à devenir architecte, Paul Signac, à peine âgé de 20 ans, désire plutôt se consacrer à la peinture. Il décide de suivre des cours dans une académie privée, et se forme beaucoup seul à partir des œuvres de Monet. Alors qu’il s’exerce à peindre sur les quais de la Seine à Paris, il a la chance d’être remarqué par le peintre Guillaumin qui l’entraîne dans la mouvance des impressionnistes. Signac expose d’ailleurs ses premières œuvres (La route de Gennevilliers, 1883), lors de la dernière exposition du groupe en 1886. Profondément marqué par sa rencontre avec Seurat à l’occasion du Salon des Indépendants en 1884, il adopte rapidement la technique néo-impressionniste, la division des couleurs et de mélange optique, dont il formalise l’esthétique quelques années plus tard dans d’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme (1899). Seurat est persuadé que, comme les sciences, l’art est régi par des lois: il emprunte une démarche scientifique influencée par les théories mathématiques de Charles Henry (1859-1926) sur les rythmes et les couleurs, qualifiée péjorativement par la critique de »pointillisme ».
Grand navigateur, après avoir peint la Bretagne (Saint-Briac, 1890), Signac découvre au début des années 1890 Saint-Tropez où il séjourne régulièrement. Les paysages de la Méditerranée lui inspirent des œuvres intensément lumineuses, comme Femmes au puits ou La bouée rouge (1895).
A la fin des années 1890, sa technique évolue et, en devenant plus libre, elle évoque la mosaïque (Le château des Papes, Avignon, 1900). Il s’intéresse davantage aux scènes d’intimité (Femme se coiffant, 1892) et laisse même parfois libre cours sur la toile à sa vision de la société idéale, véritable manifeste anarchiste (Au temps d’harmonie, 1894).
En 1909, il devient président de la Société des Artistes Indépendants et accueille très favorablement les nouveaux courants, tels que le fauvisme et le cubisme. Son influence s’est exercée sur de nombreux artistes, Cross, Luce, Van Rysselberghe, et même Matisse qu’il invite en 1904 à le rejoindre à Saint-Tropez.
Signac laisse aussi une œuvre abondante et remarquable d’aquarelles, peintes au cours de ses nombreux voyages, qui contrastent avec son œuvre peinte par sa grande liberté des couleurs et du style.
1863: né à Paris
1884: rencontre déterminante avec Seurat
1886: 18 toiles à la dernière exposition des impressionnistes 1892: Femmes au puits
1895: La bouée rouge
1896: commence à élargir sa touche
1899: publication de D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme
1904: influence Matisse et Derain
1909: président de la Société des Artistes Indépendants
1921: Port de la Rochelle
1935: meurt à Paris