Heureusement que Rodin n’a pas pu entrer à l’Ecole des beaux-arts. (Dalou)
« Devant cette porte (la Porte de l’enfer), assis sur un rocher, Dante, absorbé dans sa profonde méditation, concevait le plan de son poème. Ce premier projet n’aboutit pas. Je conçus un autre penseur, un homme nu, accroupi sur un roc où ses pieds se crispent. Les poings aux dents, il songe. La pensée féconde s’élabore lentement dans son cerveau ; désormais, il n’est plus un rêveur, mais un créateur. »
Rodin -Conversation avec Marcel Adam-Le Penseur, exposé au salon, est largement raillé par les critiques. Pour prendre la défense de ce formidable Hercule au repos qui médite sur la damnation universelle, les Parisiens, emmenés par Gabriel Mourey, offriront, grâce à une souscription, un exemplaire du Penseur coulé en bronze à la Ville de Paris qui le fera placer devant le Panthéon (1906).
« Le Penseur emplit la place, on croirait qu’elle est faite pour lui. Rodin est à la taille de l’éternité, mais il ne déborde que très rarement les circonstances. » -Léon Daudet-
Rodin François Auguste René, sculpteur français
1840 (Paris) – 1917 (Meudon)
Les premières étapes de la vie d’artiste de Auguste Rodin sont difficiles. Il échoue à trois reprises au concours d’entrée de l’Ecole des beaux-arts, se voit obligé d’exécuter des travaux d’ornementation et de se mettre au service d’autres artistes comme Carrier-Belleuse, pour survivre.
Son voyage en Italie le confirme dans sa volonté de devenir sculpteur et il parvient à présenter L’Age d’airain au Salon de 1877, quand il revient de Belgique.
Fréquentant assidûment les œuvres du Louvre, il s’enrichit au frottement des œuvres des maîtres qu’il admire et qu’il s’est choisis, comme Carpeaux; il se forge un style à lui, dégagé d’une technique qu’il a acquise au rythme des travaux qu’il exécute pour les autres, développant rapidité, dextérité et surtout aptitude à façonner des œuvres de genres très différents.
Ses portraits, réalisés dans les années 1880 lui établissent peu à peu une réputation qui lui permet plus d’indépendance financière. Les amis qu’il se fait dans la classe politique favorisent sa carrière. De nombreuses commandes dont la plus connue est La Porte de l’enfer lui permettent de travailler dans de meilleures conditions : Les Bourgeois de Calais, les monuments dédiés à Claude Lorrain et à Balzac.
Rodin a toujours été un artiste contesté, mais à la fin du siècle sa renommée est mondiale. Dès 1900, il décide d’organiser un musée consacré à son art. Ardent patriote, il lègue peu avant sa mort tous ses biens à l’Etat.
« Rodin possédait plusieurs ateliers dont certains sont très connus où il recevait les visiteurs, ainsi que son courrier. Mais il en existait d’autres, situés à l’écart et que personne ne connaissait. Ces pièces ressemblaient à des cellules nues, pauvres, et grises de poussière, mais leur pauvreté était semblable au grand dénuement de Dieu, le même qui fait bourgeonner les arbres en mars. » -Rilke (1903)-
1854-57 : il est élève à l’Ecole spéciale de Dessin et de Mathématiques
1871-77 : travaille en Belgique
1875 : voyage en Italie
1877 : il expose au Salon de Printemps L’Age d’airain
1879 : Saint Jean-Baptiste
1880-85 : Porte de l’enfer, commande d’une porte monumentale pour le musée des Arts décoratifs
1880 : Le Penseur
1883 : Buste de Dalou
1884 : Bourgeois de Calais
1889 : Monument à Claude Lorrain
1890 : Monument à Victor Hugo
1898 : Monument à Balzac
1911 : Buste de Clemenceau