Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, les pièces préalablement forgées sont limées par un ouvrier puis ajustées en cours d’assemblage, ce qui rend l’interchangeabilité problématique. Comment dans ces conditions réparer les armes en cours de campagne?
C’est avec le maître arquebusier, Le Blanc, en 1763, qu’est repensée la fabrication des armes. Il a en vue l’interchangeabilité des pièces, afin de simplifier l’assemblage et la réparation.«Ce procédé consiste à fabriquer une pièce si exactement identique aux autres que chacune peut être utilisée au montage de n’importe quel fusil… On m’a présenté 50 platines en pièces détachées : j’en ai monté plusieurs moi-même, en choisissant les pièces au hasard et elles se montèrent à la perfection.» Thomas Jefferson, futur président des États-Unis – 30 août 1785.De 1764 à 1788, Gribeauval publie ses Tables de construction des principaux attirails de l’artillerie, où l’on trouve déjà les principes généraux de l’interchangeabilité des éléments mécaniques. Gribeauval a été considéré comme «le père de la normalisation».
Aux États-Unis, en 1800, Eli Whitney reçoit une commande du gouvernement des États-Unis pour 10 000 fusils. En 1818, il met au point la machine à fraiser qui marque un net progrès de l’usinage et de la coupe des métaux . Il est alors capable d’assembler 10 fusils à partir de pièces prises au hasard. Il est le premier à produire des armes parfaitement interchangeables.
Les calibres
Depuis Louis XII (1462-1515), on a vainement cherché à réduire le nombre de calibres des canons en vue de faciliter les approvisionnements. François Ier ramène le nombre de calibres de 17 à 12. Charles Quint lui possède 500 canons de 50 modèles différents. Après une réforme de Valière en 1732, les armées de Louis XV n’utilisent plus que 5 calibres.
La construction moderne
À l’occasion du Congrès international de mécanique appliquée (1900), Sauvage écrit :
«Dans les constructions mécaniques, on distingue les méthodes anciennes où l’on exécutait les pièces un peu comme on pouvait… (et ) la «construction moderne»… les différentes pièces… sont fabriquées isolément mais avec assez d’exactitude pour qu’on puisse, sans retouches, les assembler toutes…»