
La Marseillaise en Alsace
Du chant des volontaires, chanté en 1792, au décret du 26 Messidor An III qui le consacre hymne national, la Marseillaise subit quelques vicissitudes pendant les régimes monarchiques et impériaux ; mais le décret n’est pas abrogé.
Aussi, l’hymne, point de ralliement des subversions et des révoltes depuis la Révolution, fait une rentrée discrète le 14 février 1879 lors d’une séance, qu’on dira plus tard historique, parce qu’elle confirme son statut de chant national.
La IIIe République hérite de ce sentiment populaire de la nation qui vient de 1789. Elle adopte la Marseillaise comme hymne national, laissant son côté révolutionnaire pour mieux en louer le côté patriotique.
L’enjeu est d’importance! Il est hors de question que le patriotisme soit accaparé par une certaine jeunesse de droite, nationaliste, qui veut l’exploiter contre les juifs ou les socialistes internationalistes. Cette jeunesse magnifie la guerre pour la patrie, comme une occasion exceptionnelle de manifester les vertus suprêmes : l’énergie et le sacrifice.
L’usage qui est fait de ce chant national, officiel, militaire, nationaliste, a pour résultat que
est combattue par la classe ouvrière.
« La patrie n’est pas une idée épuisée… Les nations s’ébrouent dans l’humanité sans se dissoudre. Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène. Il faut arracher la patrie aux maquignons de la patrie d’internationalisme. » Ces mots sont de Jaurès, à qui on ne peut reprocher de ne pas être patriote, même s’il fait « la guerre à la guerre ».
« L’union sacrée » en 1914 envoie tout le monde d’un commun accord à la guerre. Il faut défendre la patrie, la nation se dresse sans discuter, et dans la réconciliation.
Le rêve de Jaurès mourra avec lui, et Barrès deviendra le « rossignol du carnage », selon le mot cruel de Romain Rolland.