De l’esprit positif pour réorganiser la société
Auguste Comte, ancien élève de l’École polytechnique et auteur du Cours de philosophie positive, fonde l’Association libre pour l’instruction positive du peuple dans tout l’occident européen.
Il donne des cours aux ouvriers de Paris, mais il n’embrasse dans son vaste projet que « les cinq populations avancées qui composent la grande république occidentale. »
Son association, club organique, chargé non des développements de la doctrine mais de ses applications, a une devise, « ordre et progrès », et un but, effectuer les « travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la société. »
Le remède sera l’esprit positif dans toutes les sciences, celui qui s’en tient aux faits objectifs et rejette les constructions imaginatives ou sentimentales.
Comte Auguste, philosophe français
1798 (Montpellier) – 1857 (Paris)
Il est mathématicien, répétiteur d’analyse puis examinateur à l’Ecole polytechnique, il se nomme Auguste Comte.
Reçu à l’École polytechnique à l’âge de seize ans, renvoyé pour indiscipline, il butine : mathématique, théologie, politique, métaphysique, ouvre un cours de philosophie scientifique qui s’inspire clairement des idées saint-simoniennes.
Il veut sortir la société de son état d’anarchie en lui apportant une philosophie positive : il explique que toute connaissance passe successivement par trois stades : un stade théologique, un stade métaphysique et un stade positif.
Une grande partie du monde scientifique français fait du positivisme un cheval de bataille pour chasser définitivement la métaphysique de la science, mais s’entrave ainsi dans un rationalisme un peu étriqué.
1814-16 : élève à l’École polytechnique
1817-24 : collaborateur de Saint-Simon
1819-29 : Opuscules de philosophie sociale
1828-42 : Cours de philosophie positive
1851-54 : Système de politique positive
1856 : Système universel des conceptions propres à l’état normal de l’humanité
Le positivisme
Issu de Descartes, de Montesquieu et de d’Alembert qui remarquait en 1759 que le domaine de la philosophie est le domaine des sciences, le positivisme doit son nom à Auguste Comte qui en jette les bases, en 1852, dans son catéchisme positiviste. Toute science doit partir de faits observables, toute philosophie doit s’efforcer de parvenir à une classification, qui s’ordonne en fonction de l’étude des objets à étudier.
La mathématique est la première des sciences fondamentales, et la plus importante, est la « physique sociale » qui donnera naissance à la sociologie et à l’économie politique. Tout s’articule selon l’ordre et le progrès : l’état statique et l’état dynamique. Le premier se laisse décrire comme l’anatomie, il repose sur un large consensus, fait d’actions et de réactions mutuelles. Il se laisse enfermer dans la théorie religieuse. Le second est complexe comme la physiologie, il rend compte du développement continu de l’humanité ; il est régulé par des lois comme les lois économiques. L’histoire de l’esprit humain passe ainsi par une succession d’états théoriques : théologique, métaphysique, positif.
Des scientifiques comme Berthelot en chimie, ou Claude Bernard en médecine, ont développé l’aspect expérimental du positivisme. Des historiens comme Taine ou des romanciers comme Zola ont repris à leur compte son enseignement. Mais surtout le positivisme a bénéficié de la crise des idées que provoquaient le progrès des sciences et la laïcisation de la société.
Dès la fin de l’Empire, le positivisme se mêle à un spiritualisme rénové et devient une philosophie d’apparence scientifique, acceptable pour l’Église, le gouvernement et les pouvoirs en place.
Petite anecdote : au nom du positivisme, Auguste Comte écrivait qu’on ne pourrait jamais connaître la composition chimique des étoiles puisqu’on ne pourrait y aller pour expérimenter. Quatre ans plus tard, en 1859, Kirchoff découvrait la spectroscopie qui a permis de connaître la composition chimique des étoiles sans y mettre les pieds!