Les Mémoires d’Outre-tombe en feuilleton

Le tombeau de Chateaubriand face à Saint-Malo

Le tombeau de Chateaubriand face à Saint-Malo

1849, les Mémoires d’Outre-tombe sont publiées en feuilleton dans La Presse

« Grâce à l’exorbitance de mes années, mon monument est achevé, ce m’est un grand soulagement. En traçant ces derniers mots, ce 16 novembre 1841, ma fenêtre qui donne à l’ouest sur le jardin des missions étrangères, est ouverte…On dirait que l’ancien monde finit et que le nouveau commence. Je vois les reflets d’une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil. » Mémoires d’Outre-tombe.
Chateaubriand qui s’est toujours trompé en politique voit-il se lever le soleil de février 1848 ? Il s’éteint quelques semaines plus tard en plein orage d’une nouvelle révolution. Dès 1836, une société par actions avait acquis, contre une rente viagère, la propriété des Mémoires d’Outre-tombe avec la promesse de ne les publier qu’après la mort de l’auteur. En 1841, Girardin avait racheté le droit de les publier en feuilleton, ce qu’il fait dès 1849 dans son journal La Presse.

Chateaubriand

Chateaubriand

Chateaubriand François René vicomte de, écrivain et homme politique français
1768 (Saint-Malo) – 1848 (Paris)

« C’est seulement par la littérature qu’on peut aujourd’hui s’élever à la politique. » Chateaubriand a brûlé d’une grande ambition : réussir auprès du souverain ; il n’a, pour y parvenir, rien épargné. Parents, enfants, collègues ; il n’a pas été si malheureux, ni délaissé qu’il le conte dans ses Mémoires: « Je m’abîmais dans des désespoirs inexplicables »
A dix-neuf ans, il est présenté au roi. En 1791, il part en Amérique : il voulait pousser jusqu’au pôle et s’arrête au Niagara.
A son retour, il se marie, émigre, combat, est blessé et se réfugie à Jersey, puis à Londres où il vit d’expédients et se fait professeur.
Il rentre à Paris en 1800 ; la fièvre révolutionnaire est calmée. Il publie le Génie du Christianisme, une apologie de la religion, à un moment favorable puisque conforme aux desseins de Napoléon qui prépare le Concordat. Chateaubriand, en récompense, est radié de la liste des émigrés et envoyé à l’Ambassade de France à Rome (1803).
On peut aussi interpréter son œuvre autrement : désormais le passé chrétien acquiert la dignité du passé antique. Pendant trente ans, sa vie suivra les aléas de la politique. Il rompt -discrètement- avec Napoléon, fait retraite mélancoliquement, voyage en Orient où il devient Chevalier du Saint-Sépulcre, entre à l’Académie et publie Les Martyrs .
En 1814, son pamphlet De Buonaparte et des Bourbons, alors que l’Empire est déjà tombé, lui rouvre la carrière diplomatique.
Ce n’est qu’en 1823 qu’il réalise son rêve : ministre des Affaires étrangères, pour quelques mois. Journaliste et ultra, toujours impécunieux, voyageur et amant passionné – il rêve de revenir, triomphant, aux Affaires.
Après la révolution de 1830, Chateaubriand se retire de la politique, il voyage, entreprend ses œuvres historiques et Madame, votre fils est mon Roi, rédige les Mémoires d’outre-tombe, puis La Vie de Rancé, un livre sublime. Il meurt peu après la proclamation de la Deuxième République. Au total, un écrivain aux superbes cadences et un homme de lettres plus qu’un homme politique.

1791 : voyage en Amérique – L’Essai sur les révolutions
1793 : il émigre en Angleterre
1801 : Atala
1802 : René – Le Génie du christianisme
1803 : ambassadeur de France à Rome
1809 : Les Martyrs
1826 : Les Natchez – Les aventures du dernier Abencérage
1841 : Les Mémoires d’outre-tombe
1844 : La vie de Rancé

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