Les jalons de l’unité italienne

EVT039_1Un mariage de raison

Jeune page, puis officier du génie, et député en 1849, le comte de Cavour se voit confier, en 1852, la présidence du Conseil par le roi Victor-Emmanuel. L’ancien ministre du commerce a déjà esquissé sa politique d’entente délibérée entre le centre droit et le centre gauche dirigé par Rattazzi. Ce connubio (mariage) ou regroupement des centres constitue la majorité parlementaire qui soutient la politique nationale du Piémont ; Cavour est tout désigné pour le diriger. Il sera (presque sans interruption jusqu’en 1861) l’artisan du développement économique de la Maison de Savoie et surtout de l’unité italienne autour de Victor-Emmanuel.

La campagne d'Italie

La campagne d’Italie

La campagne d’Italie, une campagne indécise

« Si la France, tout en chassant les Autrichiens de l’Italie, protège le pouvoir du pape, si elle s’oppose aux excès et déclare que, sauf la Savoie et Nice, elle ne veut faire aucune conquête, elle aura pour elle l’Europe…
A l’intérieur, la guerre réveillera d’abord de grandes craintes ; tout ce qui est commerçant et spéculateur jettera les hauts cris, mais le sentiment national fera justice de ces terreurs intérieures, et la nation se retrempera dans une lutte qui fera vibrer bien des cœurs … »
Napoléon III est bien sûr de lui lorsqu’il plaide devant son ministère l’intervention française en Italie.
Quand l’Autriche attaque le Piémont, Napoléon III est contraint de soutenir son allié. Il part, porté par l’enthousiasme populaire.
Victoire rapide à Magenta, mais à Solférino Napoléon III hésite. « Une partie de la cavalerie a été prise de panique ; quant à l’état sanitaire des hommes et des chevaux, il était déplorable ».
L’armée française révèle ses faiblesses. Napoléon III ne souhaite pas aller plus loin: « La guerre allait prendre des proportions qui n’étaient pas en rapport avec l’intérêt de la France ». Le Piémont n’annexe que la Lombardie. Cavour est indigné.

Proclamation du royaume d'Italie

Proclamation du royaume d’Italie

Un roi heureux

Le mois de mars est un bon mois pour le roi Victor Emmanuel : c’est le 14 mars 1820 qu’il est né, le 28 mars 1849 qu’il est monté sur le trône du royaume Sarde, le 23 mars 1861 qu’il est proclamé roi d’Italie par la grâce de Dieu et la volonté nationale.
Grâce à Cavour, président du conseil, le processus de l’unité italienne, enclenché au Congrès de Paris, vient de s’achever ou presque. Il manque encore Venise et Rome.
Cavour meurt avant d’avoir achevé son œuvre, mais le 1er roi d’Italie Victor Emmanuel est garant de la continuité.

Cavour

Cavour

Cavour Camillo Benso, comte de, homme d’Etat italien
1810 (Turin) – 1861 (Turin)

« Toujours simple de manières, causant, point infatué, point solennel, c’est un esprit sans éclat, mais sans nuage… » Le type même de l’homme d’Etat pragmatique, orateur sans phrases, à la fois prudent et résolu. D’origine aristocratique, Cavour ne se destine pas à la politique. Comme dit Gioberti : « Il est quasiment étranger à l’Italie, Anglais quant aux idées, Français par la langue, avant tout curieux de l’évolution du monde moderne. » Il nourrit son expérience de nombreux voyages et veut contribuer à faire du Piémont un état fort économiquement et militairement ; il est persuadé qu’on ne peut réussir le progrès social et politique sans développement économique.
Elu député en 1849, il est tour à tour ministre du Commerce, de l’Agriculture et des Finances, puis président du Conseil ; il influence ainsi directement toute la politique piémontaise pendant dix ans, de 1852 à 1861. Favorable au développement du commerce, il signe des traités avec la France, l’Angleterre et l’Autriche ; favorable au développement du chemin de fer qui permettra de « coudre la botte », favorable enfin et surtout à la conquête de l’indépendance et de l’unité nationale italienne :
« L’avenir que nous appelons de tous nos vœux, c’est la conquête de l’indépendance nationale, bien suprême que l’Italie atteindra par la réunion de tous les efforts de tous ses enfants, bien sans lequel elle ne peut espérer aucune amélioration réelle et durable dans sa condition politique, ni marcher d’un pas assuré dans la carrière du progrès. » C’est au Congrès de Paris, après la participation du Piémont à la guerre de Crimée, que Cavour commence à poser la question italienne sans beaucoup de résultat : « Beaucoup de fumée et peu de rôti », dit-il.
Profitant de l’alliance conclue avec Napoléon III contre l’Autriche et d’un accord passé avec Garibaldi pour libérer les états du Sud, il réalise après cinq ans d’efforts, en 1861, juste avant sa mort, son rêve : l’unité italienne -même si la question romaine ne sera réglée qu’en 1870-.

1847 : il crée Il Risorgimento, journal qui défend une constitution (qui sera acceptée en 1848)
1848 : il est élu député au Parlement de Turin
1850 : ministre de l’Agriculture
1850-52 : ministre des Finances
1852-59 : président du Conseil
1858 : rencontre avec Napoléon III à Plombières
1860-61 : président du Conseil

Garibaldi

Garibaldi

Garibaldi Giuseppe, homme politique italien
1807 (Nice) – 1882 (Caprera)

Aventurier plus courageux qu’habile tacticien, Garibaldi est célèbre pour ses « coups », souvent réussis. Exilé après l’échec de l’insurrection à Gênes, il offre ses services et le concours de ses « chemises rouges » à l’Amérique du Sud pour lutter contre l’empereur du Brésil, à la République du Rio Grande do Sul, puis à l’Uruguay pour lutter contre le dictateur argentin Rosas.
Une renommée grandissante le précède en Italie. Il y retourne en 1848, se bat contre les Autrichiens, se met au service des Républicains.
Quand Rome tombe le 1er juillet 1849, il est recherché et s’exile de nouveau en Amérique. Rallié à la politique de Cavour, bien que républicain, il proteste contre l’abandon de Nice et de la Savoie à la France, mais, avec son accord implicite, monte l’expédition des Mille qui lui permet de s’emparer du Royaume de Naples ; il signera le décret d’annexion à la couronne d’Italie le 15 octobre 1860.
Entre ses expéditions, il se retire dans son île de Caprera qu’il a achetée à son retour d’Amérique ; il prête main forte aux Français pendant la guerre de 1870. Elu député par quatre départements français, il devra céder son mandat, l’Assemblée le considérant comme étranger. « Le seul de nos généraux qui n’ait pas été battu » dira une voix à l’Assemblée nationale réunie à Bordeaux. « Une grâce indiscutable, des dons magnétiques, des attractions de charmeur. » Tel est l’homme ! Une vie de conviction, d’abnégation et d’héroïsme.

1833 : adhère à la Jeune-Italie de Mazzini
1836-48 : séjour en Amérique latine
23-25 juillet 1848 : défaite de Custozza
26 août 1848 : défaite de Morazzone devant les Autrichiens
30 avril 1849 : victoire devant les Français à Janicule
1er juillet 1849 : défaite dans Rome – Exil en Amérique ; il vend des chandelles à New-York –
1854 : retour en Italie
1856 : il se rallie à la politique de Cavour et de Victor-Emmanuel
1860 : expédition des « Mille »
29 août 1862 : bataille d’Aspromonte (vaincu, il ne peut envahir les Etats pontificaux) ; blessé, fait prisonnier, il est amnistié par le gouvernement italien
1870 : participe à la guerre aux côtés des Français (au secours du gouvernement de Défense nationale)
1874 : député de Rome
1888 : parution des Mémoires autobiographiques

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