« Je ne voudrais pas écrire ou je voudrais être Shakespeare ou Schiller. » (Alfred de Musset)
1857 : Le prince des poètes est mort
« Ma force à lutter s’use et se prodigue.
Jusqu’à mon repos, tout est un combat ;
Et, comme un coursier brisé de fatigue,
Mon courage éteint chancelle et s’abat. »
Ce sont les derniers vers d’Alfred de Musset, mort à quarante six ans d’une hypertrophie du cœur. Le jour de son enterrement, il y a bien peu de monde à l’église Saint-Roch, et il ne reste presque plus personne en arrivant au cimetière. A peine quelques amis ; et surtout aucune jeunesse pour le poète qui a le mieux fait parler les cœurs de vingt ans ; deux acteurs, cinq ou six académiciens (Mérimée, Sainte-Beuve, Emile Augier, Alfred de Vigny) seulement accompagnent le « collègue » de l’Académie française. Pas une comédienne n’accompagne jusqu’à sa dernière demeure l’auteur à qui le théâtre français doit ses plus beaux personnages féminins et beaucoup de ses derniers succès.
Le poète qui vient de quitter le monde apparaît comme un jeune-vieux sans postérité perdu dans un univers de bourgeois repus qui l’ignorent et trouvent le romantisme comme dépassé.
Comédies et proverbes, l’édition de 1853
Paradoxe de dandy, les pièces qu’il écrit, Musset les regroupe sous le titre de Comédies et Proverbes pour être « lues dans un fauteuil et non pour être jouées ». Pourtant, depuis le succès de Un Caprice à la Comédie française le 27 novembre 1847, elles n’arrêtent pas d’être portées à la scène, non parfois sans soulever quelques problèmes… »La crudité de certains détails, la manière dont sont présentées par Octave des théories pour le moins inconvenantes sur le mariage et l’amour, nous paraissent rendre cet ouvrage inadmissible. » Musset accepte de faire quelques aménagements à la demande de la commission des ouvrages dramatiques qui avait interdit Les Caprices de Marianne.
« Seule édition complète revue et corrigée par l’auteur », l’édition de 1853 des Comédies et Proverbes est la dernière réalisée du vivant de l’auteur.
Musset Louis Charles Alfred de, poète
1810 (Paris) – 1856 (Paris)
« Eh bien, tel que le voilà, nous l’aimons toujours » -Taine-
Ni le droit, ni la peinture, ni la médecine ne retiennent Alfred de Musset ; « sous prétexte de faire son droit, il passait son temps à se promener aux Tuileries et au boulevard ». Sa vocation est de faire des vers et faire l’amour. « Je voudrais être un homme à bonnes fortunes ».
Son génie : la forme dramatique. Après le remarquable insuccès de sa première pièce écrite pour le théâtre, La Nuit Vénitienne, Musset fait le serment de ne plus écrire pour le théâtre, il écrit Un spectacle dans un fauteuil : toutes les pièces des Comédies et proverbes ont été écrites sans souci de mise en scène, et de contraintes de représentation ; elles paraissent dans la Revue des deux mondes.
Puis le 27 novembre 1847, Madame Allan fait ses débuts au Théâtre français dans Un caprice, le succès est triomphal ; le public étonné découvre Musset auteur dramatique et, depuis ce jour, ses pièces sont jouées.
Musset déteste le travail sur commande et les contraintes, il déteste la gravité, réagit contre le romantisme, s’adonne avec passion à sa liaison avec George Sand et avec d’autres (Rachel, Madame Allan), et à son égoïsme. Lorsque vient le succès, il n’écrit déjà plus, ou presque.
1829 : Premières poésies
1829 : Contes d’Espagne et d’Italie
1er décembre 1830 : La Nuit Vénitienne
1833 : Les Caprices de Marianne
1834 : Lorenzaccio – On ne badine pas avec l’amour
1835 : Le Chandelier
1835 – 1837 : les Nuits
1836 : La Confession d’un enfant du siècle
1834-37 : Comédies et proverbes
1848 : Musset perd son emploi de bibliothécaire
1848 : l’Académie décerne à Musset un prix destiné à « secourir un jeune écrivain pauvre dont le talent déjà remarquable paraît devoir être encouragé ». Musset rit et envoie les fonds au National pour secourir les victimes de juin.
12 février 1852 : Alfred de Musset à l’Académie