La Leitha, nouvelle frontière entre l’Autriche et la Hongrie
Depuis le XVIe siècle, l’Autriche et la Hongrie ont un destin commun, non sans que les Hongrois revendiquent périodiquement et traditionnellement leur autonomie.
L’échec de la révolution hongroise en 1848 et surtout, le revers subi par l’Autriche contre la Prusse à Sadowa, conduisent les deux pays à composition.
Le compromis de 1867 réalise l’association (Ausgleich) des deux pays.
La Leitha en constitue la frontière nouvelle, d’un côté la Cisleithanie (l’Autriche), de l’autre la Transleithanie (la Hongrie)
Vienne reconnaît la liberté de la Hongrie, mais des ministères communs (Guerre, Finances, Affaires étrangères) sont acceptés et François-Joseph, empereur d’Autriche, vient se faire couronner roi de Hongrie. La double monarchie existe ainsi par l’union personnelle des deux monarchies.
L’Autriche-Hongrie au XIXe siècle
Il est toujours là, le vieil empereur, à l’heure où son neveu, l’archiduc héritier François-Ferdinand, est assassiné à Sarajevo.
Certes, François-Joseph se méfie profondément du progrès technique, mais sa personne constitue avec la bureaucratie, l’église catholique et l’armée, l’un des quatre piliers sur lesquels repose la Double Monarchie, la « Kakanie » comme dira Robert Musil.
A partir de 1867, la poussée des nationalités se fait de plus en plus forte.
Être austro-hongrois : le terme a-t-il un sens ?
Dans l’armée elle-même, commune aux deux États, instrument d’unité, l’usage exclusif de l’allemand comme langue de commandement est mal toléré par les officier magyars, surtout lorsqu’ils ont à commander d’autres magyars.
Dès 1890, les revendications nationales changent de dimension. Elle se généralisent à l’intérieur des deux États, se radicalisent. La question des langues à l’école, dans les services publics, est essentielle, mais ce n’est pas la seule.
Le parti Jeune-Tchèque exige de l’Empereur les mêmes droits que les Hongrois, pendant que Croates et Serbes réclament un royaume des slaves du Sud, une Yougoslavie.
En Autriche, le poids de Vienne est immense. La petite bourgeoisie catholique est volontiers antisémite, les ouvriers et les intellectuels socialistes font campagne pour le suffrage universel. Ils l’obtiendront en 1907. Mais cela ne rendra pas le régime moins arbitraire, plus parlementaire ! Et les nationalités soumises deviennent plus véhémentes, car le suffrage universel joue contre l’unité.
A Vienne, on débat de tout, les revues se multiplient, les créateurs aussi.
C’est ce royaume-là, miné du dedans, mais prodigieusement fécond, qui va s’effondrer sous les coups d’une guerre jugée nécessaire, pour le sauver, par un vieil Empereur et une bureaucratie d’un autre âge.
Joseph 1er, empereur d’Autriche-Hongrie
1830 (Château de Schönbrunn) – 1916 (château de Schönbrunn)
La révolution de 1848 chasse Ferdinand 1er, l’oncle ; le neveu François-Joseph 1er lui succède.
Homme de devoir, profondément conservateur, il mène une politique autoritaire contre les libéraux et tente de raffermir la domination autrichienne sur les minorités nationales. Sans succès.
Il ne verra pas l’éclatement de l’Empire puisqu’il meurt avant la fin de la Grande Guerre, mais il assiste, impuissant, aux résultats désastreux de sa politique hésitante (centralisation et autoritarisme).
Il est chassé de la future Italie, battu à Solferino par les Piémontais et les Français, il perd sa domination à l’intérieur de la Confédération germanique, après la défaite de Sadowa contre la Prusse.
Certes, plus tard, il se rapproche de l’Allemagne de Bismarck, mais il n’est plus le moteur de l’Europe. Les rivalités dans les Balkans l’éloignent de la Russie. François-Joseph tente alors de réorganiser son empire sur la base du fédéralisme, ce qui à la rigueur favorise la Hongrie (1867), mais les autres minorités ne sont pas reconnues.
La vie de l’Empereur est jalonnée de drames :
– son frère, Maximilien est exécuté au Mexique en 1867
– son fils unique Rodolphe se suicide à Mayerling (1889)
– sa femme, l’impératrice Elisabeth est assassinée à Genève (1898)
– son neveu et héritier, l’archiduc François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo en 1914 (l’annexion de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche date de 1908)
François-Joseph incarne le déclin autrichien, mais aussi le triomphe de la culture à Vienne, un moment capital des arts, des lettres et de certaines sciences.
1848 : François-Joseph refuse l’entrée de l’Autriche dans une « Grande Allemagne »
1849 : rétablissement de l’autorité autrichienne en Lombardie
1850 : il refuse à Olmütz la création d’une « Petite Allemagne »
1859 : bataille de Solferino
1866 : bataille de Sadowa
1867 : compromis avec la Hongrie ; royaume et empire sont associés à égalité
1914 : assassinat de l’archiduc François-Ferdinand