Le Musée Napoléon III
Le premier mai 1862 a été ouvert à dix heures, dans le palais des Champs-Élysées l’immense musée Napoléon III (anciennement collection Campana), une des curiosités les plus spectaculaires de Paris.
Il faudra plus d’un jour pour parcourir toutes les salles où sont classés : tous les vases peints, objets étrusques et romains en bronze et fer, en plomb ; bijoux, camées et médailles, terres cuites grecques et romaines ; verres antiques, sculptures antiques en marbre ; peintures antiques et du moyen-âge, ivoires, peintures italiennes des 16e et 17e siècles, majoliques, sculptures peintes et vernissées.
La France doit cette merveilleuse collection à la faillite du directeur du Mont de piété à Rome (le marquis de Campana), contraint de céder sa collection. Dispersée par la suite, une partie de la collection se trouve reconstituée au Petit Palais d’Avignon (peintures des primitifs italiens).Napoléon III souhaitait créer un musée d’art industriel, pour permettre aux ouvriers d’éduquer leur goût au contact de modèles de l’art antique et médiéval. Napoléon III savait que ce musée était éphémère. Il n’attendait que la libération de place pour transférer son musée éphémère au Louvre et envoyer une partie de la collection dans les musées de province en particulier au musée du Petit Palais d’Avignon.
Le Salon des Refusés – 1863
Jamais succès de fou rire ne fut plus mérité !
Non seulement Napoléon III prend une mesure qui peut-être considérée comme progressiste pour le Salon officiel : le jury est nommé pour moitié par l’administration, mais il encourage la création du Salon des refusés pour laisser le public juger de la légitimité des réclamations contre un jury accusé souvent de sévérité ou d’incompréhension. Hélas ! Le public a souvent une réaction plus conservatrice que le jury et les refusés se trouvent doublement refusés.
« L’exposition désopile la rate du public », « on y rit comme aux farces du Palais Royal », « Quelles œuvres ! », « Jamais succès de fou rire ne fut plus mérité »…Ce sont là les propos que l’on entend alors à profusion… surtout À proximité du bain (Le Déjeuner sur l’herbe) de Manet, héros involontaire des plus grasses plaisanteries.
40 000 visiteurs à partir du I5 mai au Palais des Champs-Elysées. Jongkind a 44 ans, Pissarro 33, Manet 31, Whistler 29, Fantin-Latour 27, Cézanne 24 et Guillaumin 22. Tous exposent. Tous font scandale.
Manet Edouard, peintre français
1832 (Paris) – 1883 (Paris)
Manet, un artiste inclassable, un artiste à la fois très estimé et mal connu. Fils de la haute bourgeoisie parisienne, destiné à la magistrature, Manet, qui restera toute sa vie parisien et bourgeois, se dérobe à cet avenir et s’inscrit dans l’atelier de Thomas Couture.
A cet enseignement qu’il exècre, il préfère celui de la copie. Il copie, et copie encore : Titien, Velasquez, Delacroix, des maîtres qui resteront présents dans son œuvre ; il expose alors ses premières œuvres au Salon. C’est un échec en 1859, puis un succès en 1861, grâce au Portrait de M. et Mme Manet et enfin un scandale, celui du Déjeuner sur l’herbe et d’Olympia; en 1866, le Fifre, est assez mal reçu.
Victime d’une injustice flagrante, Manet est défendu par Zola, et vivement soutenu par de jeunes peintres qui voient en son art les signes du renouvellement qu’ils attendent.
Il devient un chef de file, un peu a son insu, car il ne le souhaite pas et se récuse en 1874 lorsqu’il s’agit d’exposer chez Nadar.
Aux expositions impressionnistes, il continue de préférer le Salon, par attachement probablement à la respectabilité qu’il confère à ses élus, et c’est au Salon qu’il présente encore ses derniers chefs-d’oeuvres, dont le Bar aux Folies Bergères, en 1881, deux ans avant sa mort.
1859 : le Buveur d’absinthe
1861 : portrait de M. et Mme Manet – Guitariste
1862 : Lola de Valence – le Déjeuner sur l’herbe
1863 : l’Olympia
1872 : Le Balcon – Portrait de Berthe Morisot
1874 : Sur les berges de la Seine
1876 : Portrait de Mallarmé – Nana
1878 : La Serveuse de bocks
1881 : Bar aux Folies Bergères