Botanique
Le genévrier ou genévrier commun ou genièvre ou pétron, Juniperus communis , de la famille des Cupressaceae, est un arbuste touffu que l’on rencontre dans les coteaux, les bois, les landes et les clairières. Indifférent à la nature du sol, il se trouve communément dans tout l’hémisphère nord, de l’Europe à l’Asie occidentale et boréale, en Afrique et en Amérique de l’Est. Le genévrier, de port pyramidal, de 1 à 3 m de haut, a une croissance très lente. Ses tiges sont dressées.
Les feuilles sont verticillées par 3, persistantes, courtes, très étroites et piquantes.
En avril-mai, apparaissent des fleurs jaunes, en petits chatons à l’aisselle des feuilles. La plante est dioïque. Les fruits sont des cônes fructifères charnus globuleux, d’abord verts puis noir bleuâtre et recouverts de cire à maturité : on les appelle baies de genièvre.
C’est le seul conifère spontané de la région parisienne.
Il s’élève en montagne mais vers 2 000 m cède la place à une forme prostrée (J. nana) qui est le dernier représentant de la végétation ligneuse jusqu’à 3 000 m et plus.
Usages
On utilise les baies et les feuilles du genièvre.
La baie est récoltée, dans l’automne de sa troisième année : sa pulpe est farineuse, sucrée et térébenthinée, les graines sont poivrées.
La fumée du bois et les baies auraient préservé de la peste et des grandes épidémies. Leurs propriétés balsamique, expectorante et sédative étaient utilisées pour calmer la toux et soigner les bronchites; les Écossais confectionnaient jadis, pour prévenir les grippes, des mixtures de gin et de baies de genièvre redoutables mais efficaces. En fumigations, le genévrier soigne les rhumes de cerveau.
Les baies de genièvre qui donnent à la sueur une odeur de violette, seraient efficaces contre la mauvaise haleine.
Déjà au moyen âge, on pensait le genévrier actif contre les maux de tête, de reins et de vessie, la goutte, les maladies de la poitrine, des poumons et du foie, contre les fortes fièvres. Pour leurs propriétés carminatives, stomachiques, stimulantes et bactéricides, on utilisait ses baies contre la flatulence, les coliques et les infections gastro-intestinales.
Elles étaient employées aussi en cas d’anorexie, de cirrhoses, de migraines d’origine stomacale ou digestive, dans certains cas de diabète et d’artériosclérose.
Les baies de genièvre ont été utilisées dans la médecine populaire pour faciliter l’élimination rénale de l’eau, comme adjuvant dans le traitement des infections urinaires bénignes et aussi dans la leucorrhée, la blennorragie, l’aménorrhée.
Diurétiques, elles étaient recommandées en cas d’arthrose, de maladies rhumatismales chroniques, de goutte et d’affections neuro-musculaires telles que la tendinite. Ses cendres aussi sont diurétiques.
En usage externe, en décoction, la plante cicatrisait ulcères et plaies rebelles ; elle était employée pour soigner les affections cutanées chroniques, en particulier le psoriasis.
En homéopathie, c’est un remède contre la dysménorrhée et les différents désordres des voies urinaires.
La médecine vétérinaire utilise les baies de genièvre aux mêmes fins ; de plus elles augmenteraient la production de lait.
La baie de genévrier est un condiment qui stimule l’appétit et facilite la digestion ; elle entre dans la confection de certains plats dont elle améliore la digestion tels que choucroute et plats de venaison ; elle fait partie des ingrédients des marinades. Liqueurs et alcools de genièvre, tels que gin, aquavit suédois, péquet liégeois, sont réputés. Le bois sert à fumer les viandes.
Le bois de genévrier est utilisé pour confectionner différents outils et ustensiles solides et durables ; c’est aussi un antimite.
Les genévriers sont souvent plantés dans les parcs et les jardins pour leur aspect décoratif. Sa culture est possible dans le Midi.
Composition chimique et usages actuels
Les cônes fructifères ou baies de genièvre renferment :
– des glucides, notamment 30 % d’oses (acide glucuronique, fructose, glucose) et des osides (cellulose, gomme, pectine, saccharose)
– des lipides, principalement des acides gras
– des matières minérales dont le calcium et le potassium
– des acides organiques : acide ascorbique (vitamine C), acide formique, acide malique, acide oxalique
– des composés phénoliques représentés par :
. des phénols
. des flavonoïdes parmi lesquels :
. des flavones : apigénine, scutellarine
. des flavonols : isoquercitrine, rutine
. des proanthocyanidines : leucoanthocyanes et tanins catéchiques
. des tanins galliques
– 10 % de résines composées d’acides diterpéniques
– 0,2 à 2 % d’huile essentielle constituée de :
. phénols
. coumarines simples : ombelliférone
. terpénoïdes parmi lesquels :
. 40 à 70 % de monoterpènes : bornéol, p-cymène, géraniol, limonène, myrcène, alpha et beta-phellandrène, alpha et beta-pinène, sabinène, gamma-terpinène, terpinène-4-ol, terpinéol, alpha-thujène, acétates de bornyle et de terpényle
. des sesquiterpènes : humulène, cadinène, beta-élémène
3Les baies de genièvre présentent des activités anti-asthéniques, digestives, apéritives et carminatives. Elles sont de plus considérées comme cicatrisantes, antispasmodiques et dépuratives. On leur attribue également des propriétés anti-parasitaires et antibactériennes. On leur reconnaît aussi des fonctions emménagogues. Elles sont enfin aphrodisiaques.
L’huile essentielle jouit de vertus expectorantes et antitussives, diurétiques et anti-rhumatismales.
Utilisation alimentaire
Le genévrier entre dans la préparation de liqueurs et spiritueux. Il est également utilisé comme condiment dans certains mets.
Utilisation pharmaceutique
Les baies de genièvre sont traditionnellement utilisées pour stimuler l’appétit, pour faciliter l’élimination rénale de l’eau et sont employées comme adjuvant dans le traitement des infections urinaires bénignes.
Les baies de genièvre sont recommandées contre l’arthrose, les douleurs rhumatismales, la goutte et les affections neuro-musculaires (tendinites).
Pour leurs propriétés carminatives et diurétiques, on les utilise contre les flatulences, les coliques et les infections gastro-intestinales.
L’huile essentielle est employée dans le traitement de la toux et des bronchites.
Utilisations cosmétiques
Les extraits de baies de genièvre bénéficient d’activités tonifiantes et astringentes.
L’huile essentielle quant à elle présente des propriétés anti-perspirantes, antiseptiques et purifiantes. Elle possède également des vertus régénérantes, rubéfiantes et tonifiantes.
Les extraits ainsi que l’huile essentielle de baies de genièvre sont recommandés dans la composition de :
– lotions capillaires pour cheveux mous et plats, abîmés et fragiles
– shampooings pour cheveux gras
– laits stimulants pour le corps
– crèmes pour les mains
– crèmes régénérantes pour peaux matures
– produits astringents destinés aux peaux mixtes ou grasses
– produits anti-perspirants
– bains moussants et gels douche
Folklore
Juniperus est le nom employé par Virgile pour désigner le genévrier, du celtique « juneprus », âpre, à cause de la saveur du fruit.
L’arbuste est sacré dans tout l’hémisphère boréal. Dans la Grèce antique, il était consacré aux Euménides (divinités redoutables) et la fumée des rameaux verts était offerte en encens aux dieux infernaux. Annibal, selon Pline, ordonna que les poutres du temple de Diane Ephésienne fussent de genévrier pour se la rendre favorable.
Brûler du genévrier, c’est purifier l’air et faire fuir les mauvais esprits. Au Ve s., les sorcières italiennes firent des fumigations de genévrier sur des collines telluriques pour repousser l’envahisseur barbare. Dans le district de Walreck, en Prusse, si les enfants tombaient malades, les parents apportaient de la laine et du pain dans un bouquet au genévrier, pour engager les mauvais esprits à manger et filer et oublier le petit enfant. Une Frau Wachholder qui personnifie le genévrier et en est le génie, était invoquée pour que les voleurs rendent tout ce qu’ils avaient emporté.
Dans le Limousin et en Auvergne, la porte du lieu où se déroule un mariage est toujours flanquée de 2 genévriers protecteurs enrubannés de rubans de couleur.
Les propriétés du genièvre ont certainement été connues par les populations préhistoriques du Nord. Il était considéré, au moyen âge, comme une panacée contre la peste et les épidémies. Son emploi est mentionné en France au XVIIe s.
Ses branches, accrochées à la porte des maisons, passaient pour éloigner les serpents, repoussés par son odeur.
De Clément Marot, ces vers :
« Puis es cantons feux de genièvre allument
En leur maison esventent et parfument »
Recettes
Infusion de genévrier
Les baies en infusion sont employées pour soigner les peaux particulièrement irritables, grasses et acnéiques, en pulvérisations tièdes.
Pommes de terre aux baies de genévrier
Ce délicieux ragoût de pommes de terre peut être aromatisé avec différentes épices.
Ingrédients pour 4 personnes :
150 ml d’eau
15g de beurre
sel et poivre
4 échalotes hachées
175 g de bacon fumé coupé en dés
500 g de pommes de terre
1 cuillère à café de baies de genévrier écrasées
Faites revenir les échalotes dans le beurre, ajoutez le bacon et laissez cuire quelques minutes.
Dans une casserole à fond épais, placez une couche d’échalotes et de bacon, une couche de pommes de terre en tranches, salez et poivrez, ajoutez quelques baies de genévrier, et continuez en alternant les couches. Versez l’eau et couvrez.
Cuisez au four préchauffé, à température moyenne de1 h 30 à 2 heures.
Variantes :
• Remplacez les baies de genévrier par du poivre de la Jamaïque moulu et ajoutez une ou deux couches de tomates coupées en tranches.
• Vous pouvez également ajouter des panais et remplacer les baies de genévrier par des graines de céleri moulues ou de fenugrec moulu.
Sauce pebrado
Ingrédients pour 1 lièvre ou un lapin
1 verre de vinaigre
1 cuillerée à soupe de poivre concassé
2 échalotes
5 graines de cade ou 8 de genièvre
1 gousse d’ail
1 brin de thym
2 cuillerées à soupe de coulis de tomate
1/2 verre de vin rouge
Après lavoir fait rôtir l’animal à la broche ou au four, récupérez le jus de cuisson. Allongez-le d’un verre de vinaigre où vous aurez fait mariner le poivre ; ajoutez les échalotes hachées, grains de cade ou de genièvre broyés, l’ail écrasé avec sa peau, le thym. Laissez mijoter le tout une vingtaine de minutes, remuez, puis incorporez le coulis de tomate et le vin.
Hachez le foie, que vous aurez fait revenir légèrement, avec le sang récupéré avant la cuisson. Passez cette sauce au chinois.
Réchauffez sans bouillir. Servez.
Excellent également avec du sanglier.
Antigrippe écossais
Ingrédients
1 litre de gin
baies de genièvre
1 bouteille d’1 litre et plus
Remplissez la bouteille de grains de genièvre. Dessus versez le gin jusqu’à ce que les baies soient recouvertes.
A prendre pour couper une grippe, sans abuser de cette très forte boisson.
Bain de genévrier contre les rhumatismes
Ingrédients
2 kg de jeunes branches de genèvrier
1 poignée de baies de genièvre
eau
faites bouillir le tout dans suffisamment d’eau. Laissez infuser, ajoutez après filtration à l’eau de la baignoire.
Bain chaud de 20 minutes suivie de repos.
Furonculose
Décoction d’écorce blanche
Ingrédients
20 à 30g d’écorce
par litre d’eau
A boire dans la journée comme dépuratif.
sauce pour pomme de terre
Ingrédients
vinaigrette au citron
très peu d’ail
échalotes hachées
baies de genièvre fraîchement concassées
(pas plus de 4 par personne)
Bien homogénéiser avant de verser sur des pommes de terre cuites sous la cendre (essuyer avec un torchon mouillé) ou cuites à l’eau et terminée au four après avoir été enduites d’huile.
Délicieux pour accompagner l’ entrecôte ou la côte de boeuf.
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