Les rituels laïcs ou séculiers sont présents dès que vous communiquez avec l’autre. Notes tous les rituels que vous pratiquez consciemment ou inconsciemment tout au long de la journée. Vous serez étonné(e) d’en répertorier autant.
Ils se sont, depuis quelques siècles substitués aux rituels religieux traditionnels. Comme eux, ils assurent non seulement une régulation sociale mais aussi le maintien d’une système de croyances et de valeurs. Comme eux, ils s’expriment par des conduites, des gestes, des objets symboliques. Ils inspirent chez les acteurs sociaux des sentiments de respect, parfois d’exaltation. Ces rituels se déroulent au cours de cérémonies, de fêtes publiques vois de manifestations mais le plus souvent de façon très banale au cours de nos relations quotidiennes où il s’agit de garder la face, la tenue, pour soi-même comme pour autrui. Malgré la laïcisation des rituels, on se réfère toujours à un certain sacré.
Parmi ces rites laïcs, on distingue plusieurs catégories selon leur champ d’action et leur finalité.
– Le pouvoir et le contrôle qui englobe le secteur politique et judiciaire avec tout un appareil solennel destiné à impressionner le citoyen en sacralisant les actes (protocole, étiquettes, formules, serment. Le secteur éducationnel entre dans cette catégorie puisqu’il s’agit d’exercer une certaine emprise.
– Les rituels de masse concernent tous les acteurs en jeu dans une société, où L’opinion et la consommation ont pris une place considérable.
Ce sont les commémorations et manifestations au sens idéologique plus ou moins intense, les jeux sportifs, pratiques et spectacles auxquels participent acteurs et public et enfin les fêtes.
– Les rituels dans les interactions quotidiennes liés au respect de la personne ou à la facilitation de l’échange.
Ils concernent la rencontre avec autrui, la politesse, la convivialité.
Le rituel exprime conjointement une forme de puissance collective et le contrôle d’un appareil d’État.
Les rites institutionnels de notre société moderne comme ceux des sociétés anciennes et archaïques ont toujours comme objectifs le pouvoir et le contrôle.
. En France, les appareils législatifs et judiciaires avec leurs protocoles tendent à sacraliser la présence d’un certain ordre social démocratique. Il en va de même pour les procédures électorales, les modes de dépouillement et de proclamation des résultats.
Aujourd’hui, seuls les membres des quelques fonctions sociales majeures conservent un costume spécifique, uniforme assorti de symboles hiérarchiques:
fonction de justice : magistrats, avocats
fonction de défense nationale: armée, marine, police
fonction politico-administrative: préfets et sous-préfets dans les cérémonies officielles.
Ambassadeurs et dignitaires culturels comme les membres de l’Institut et ce uniquement au cours de certaines solennités.
Le processus de laïcisation ne maintient ces rituels ostensibles que dans des zones étroites où une sacralité doit être attestée. Le clergé lui-même n’y a pas échappé et a banalisé son costume quotidien.
Aux uniformes distinctifs succède l’uniformisation. Prestige et pouvoir se font plus discrets… Disons plutôt qu’ils ne s’affichent plus de la même manière : la longueur des yachts des milliardaires fait-elle partie des nouveaux rituels, et les paradis fiscaux et îles soi-disant paradisiaques (s’il n’y avait pas autant de moustiques)?