Respectez-vous des tabous? Lesquels? En enfreignez-vous régulièrement?
Avez-vous déjà posé un cierge dans une église?
Le terme tabou, d’origine polynésienne, désigne ce qui est retiré de l’espace commune, donc défendu, inviolable. Cela peut concerner des objets, des lieux, des plantes, des animaux ou des humains. Leur but commun est d’attester et de garantir la séparation entre le domaine sacré et le domaine profane, d’empêcher les actes sacrilèges dus à la confusion.
Quelques exemples : toucher un objet sacré, troubler une cérémonie, travailler les jours fériés, négliger certaines prescriptions temporaires comme le jeûne, l’isolement ou la chasteté. L’ascétisme a pu parfois être poussé très loin jusqu’à infliger des souffrances ou des mutilations.
Cette séparation des domaines se concrétise aussi dans l’espace en réservant des lieux et des édifices au culte où le rôle des prêtres, des initiés et des fidèles est soigneusement codifié.
Ces rituels subsistent au moins partiellement chez les croyants des diverses religions (exemple du ramadan pour les musulmans).
Certaines des pratiques religieuses se sont sécularisées en conservant leur fonction symbolique, par exemple les grèves de la faim, poursuivies au nom de valeurs supérieures que les grévistes estiment bafouées. C’est aussi le cas de certaines conduites superstitieuses où l’on s’interdit tel ou tel plaisir dans l’espoir d’écarter un péril ou d’obtenir quelque satisfaction ultérieure.
Tous les rituels de privation visent à se ménager la divinité ou le pouvoir, occulte ou temporel, ou à faire pression sur eux en faveur de soi-même ou de ses idées.
Ces rites sont souvent des étapes préparatoires à des conduites plus expansives comme les sacrifices et les prières.
Le sacrifice religieux
C’est une pratique complexe qui présente deux aspects souvent associés au cours d’une même cérémonie.
– d’une part une offrande, un don consenti à la divinité au prix de peines et d’efforts (parfois financiers) plus ou moins importants;
– d’autre part une communion entre les membres du groupe lorsqu’ils procèdent au partage de la victime offerte en sacrifice (qu’est d’autre la communion chez les catholique: Ceci est mon corps, ceci est mon sang, mangez et buvez; c’est le sang de l’Alliance qui est répandu pour tons, pour la rémission des pêchés -évangile selon saint Matthieu-)
L’ethnologue Marcel Mauss écrit que le sacrifice est un moyen pour le profane de communiquer avec le sacré par l’intermédiaire d’une victime. Cette formule est valable aussi bien pour la messe chrétienne que pour beaucoup de pratiques religieuses antiques ou primitives.
Dans la plupart des rites sacrificiels il y a une victime (animale ou humaine) offerte pour racheter le crime ou obtenir la faveur divine. Cette victime s’identifie à la cause (les kamikases); c’est très cher payé pour la puissance du sacrificateur! En même temps qu’ils soulagent leur sentiment de culpabilité, les membres du groupe renforcent leur solidarité et leur union à Dieu en s’incorporant un fragment de la victime.
Dans le domaine profane, le terme et l’acte de sacrifice ont gardé leur sens de renoncement, destiné à favoriser un projet futur ou à défendre des valeurs. On s’impose des sacrifices pour les enfants, le combattant fait le sacrifice de sa vie.
Le caractère codifié et coutumier du rituel s’est beaucoup atténué. Reste la communion alimentaire qui conserve son sens symbolique dans les fêtes et manifestations de convivialité.