Fêtes, carnaval, festivals

Auguste Renoir, Le bal du Moulin de la Galette

Auguste Renoir, Le bal du Moulin de la Galette

Avez-vous déjà analysé les sentiments que vous éprouvez lorsque vous participez à des fêtes collectives. Sensation que tout est permis, que l’on peut oublier la vie quotidienne pendant un jour, une soirée, quelques heure, peur de la foule, sensation de partage, etc. Nous ne prenons pas le temps d’analyser après ce qui s’est réellement passé, les émotions ressenties. En cette période de carnaval, prenez le temps de vous demander ce que cette fête a représenté pour vous.Savons-nous encore mettre le monde à l’envers dans cette ère du politiquement correct?

Beaucoup de rituels expriment le respect du sacré. Ils contribuent à prévenir le désordre, à régir les états critiques, à maintenir chacun à sa place. Ils assurent les grands passages de la vie, l’accès au statuts, la dignité des personnes et des valeurs, le culte des dieux ou des chefs. Ils sont censés empêcher ou racheter les actes sacrilèges qui peuvent survenir. En prescrivant des règles concernant la vie quotidienne, ils s’expriment dans le registre du sérieux et de la gravité.

Mais il est essentiel, par moment de rajeunir le système, de recréer et non plus seulement conserver: c’est le rôle de la fête qui s’exprime dans le registre du joyeux.La fête est à la fois cérémonielle et divertissante. Elle suppose un rassemblement, source d’animation et d’excitation. Elle repose sur une tradition tout en permettant une rupture de la continuité quotidienne.

La plupart des fêtes sont périodiques et annuelles. À l’origine il s’agissait de fêter tantôt un phénomène saisonnier lié au travail (moisson, vendanges, foires commerciales), tantôt un événement militaire de portée nationale ou locale. On fêtait aussi l’anniversaire du saint patron de la paroisse et les temps forts de la liturgie religieuse, Noël par exemple.

Le Carnaval qui précède la période d’abstinence purificatrice du carême est le plus révélateur du sens de la fête. Il constitue, encore maintenant, là où il subsiste, un rituel d’inversion et de transgression festive.

La fête s’exprime volontiers par une sorte de désordre généralisé: ruptures des normes et des interdits (notamment sexuels), renversement des rôles et des attributs (en matière de pouvoir et de costume), annulation et parodie de l’autorité et de la vertu, gaspillages de toutes sortes.

Dans les saturnales romaines, les esclaves mangeaient à la table des maîtres transformés en serviteurs. Dans d’autres festivités, les femmes commandaient aux hommes et les jeunes aux adultes. Des vestiges de ce monde à l’envers se retrouvent dans certaines scènes de Carnaval où un mannequin figurant un roi grotesque est promené dans la foule et finalement brûlé ou noyé ou au Carnaval de Bâle chez nos très corrects voisins suisses.

Pour ces raisons certaines fêtes furent souvent suspectes au pouvoir religieux ou temporel et étant interdites, se firent clandestines. Les plus souvent, l’autorité les tolère, soit qu’elle ne puisse les empêcher, soit qu’elle les considère comme une soupape permettant de libérer ponctuellement les pulsions agressives, sexuelles ou non.

C’est la fonction même de la ritualité de définir les étapes et les limites de la fête, lieux, cortèges, costumes, gestes, consignes générales dans le cadre desquelles toute licence est permise. Le rite vient en quelque sorte légitimer l’orgie dès lors que ce désordre est nommé.

Il existe une sorte de nostalgie des fêtes d’antan, sentiment d’avoir perdu un patrimoine lié à de puissantes émotions collectives alors que la massification urbaine engendre morosité une solitude. Aujourd’hui, on vient à la fête, lorsqu’elle existe encore, non plus en participant, mais en consommateur, comme c’est le cas pour les festivals.

Aujourd’hui, comment la libération des forces néfastes est-elle contrôlée par le pouvoir? Ce contrôle de la force cher à Lucas dans Star Wars est-il réduit aux animations et jeux télévisés, facebook?

 

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