Faites le test éclair à la fin de ce texte. Si vous faites un peu d’introspection, quelle est la première chose que vous n’avez pas que vous citeriez?
Avant de vous auto-analyser, attention aux anamorphoses et aux distorsion que votre çA exerce sur votre MOI. Ou l’inverse? Chaque fois, je me trompe entre mon MOI et mon çA et ne parlons pas du JE et je suis obligée de retourner chercher la définition dans « Le Psy c’est vous« . Est-ce grave docteur?
Le MOI, une instance dont la présence filtre le passage de quantités énergétiques suivant que le flux s’accompagne de souffrance ou de satisfaction ; il est dépendant des revendications du ça, soumis aux impératifs du surmoi. Sa position est dépendante, son autonomie très relative. Il n’est qu’une partie de l’appareil psychique.
Le moi, avec sa force et ses faiblesses, “chargé de fonctions importantes en vertu de sa relation au système perception, établit l’ordonnancement temporel des processus psychiques qu’il soumet à l’épreuve de réalité”. Freud.
Le moi doit être considéré comme un grand réservoir de libido d’où la libido est envoyée vers les objets et qui est toujours prêt à absorber de la libido qui reflue à partir des objets.
LE çA : Le “Forces inconnues et immaîtrisables…” – Groddeck –
Ensemble de contenus de nature pulsionnelle et d’ordre inconscient
Expression psychique des pulsions ou pôle pulsionnel de la personnalité, ce réservoir d’énergie psychique entre en conflit avec le moi et le surmoi.
Mais “le moi n’est pas séparé du ça de façon tranchée ; dans sa partie inférieure, il se mélange à lui. Le refoulé se mélange également avec le ça dont il n’est qu’une partie. Le refoulé ne se sépare du moi de façon tranchée que par les résistances de refoulement, et peut communiquer avec lui par le ça.” – Freud – Le moi et le ça – 1 923.
Siège de la pulsion de vie et de la pulsion de mort, le ça, dans son mode d’organisation, est plutôt “chaos”, il ne “promeut aucune volonté générale”. – Freud –
Toutefois des “motions pulsionnelles contradictoires y subsistent côte à côte sans se supprimer l’une de l’autre ou se soustraire l’une de l’autre”, ce qui relativise cette soi-disant absence d’organisation.
Le Je, le MOI et la performance
Le Je, c’est un être de l’espèce humaine, caractérisé par sa génétique, ses données physico-chimiques et biologiques.
Le Moi, c’est l’être qu’on souhaite habiter, c’est notre conscience, nos choix. C’est comme une projection du Je dans l’environnement socio-culturel.
Ainsi, le Je est immuable, mais le Moi peut prendre des formes très variées, il se construit pour nous permettre d’être plus fonctionnels dans la société. Ce Moi qui s’affirme, pense à son amour-propre, à satisfaire son ego, à se la jouer en public. Souvent, il ne voudrait qu’une seule chose, c’est être au centre de toutes les attentions et qu’on l’admire.
le Moi est la part de notre être qui classe, range, catégorise, délimite, érige des cloisons partout, fabrique des petites cases et même des poupées russes. Tandis que le Je, lui, n’en a que faire de toutes ces catégories, il existe, tout simplement !
le Moi est toujours complémentarité, médiation et mise en scène. Il est rapport, relation, il est ce qui nous relativise dans le réel. Le Je, absolu, défini, peut se projeter en des Moi très variés.
Parmi les affirmations du moi : le genre, qui est une performance, une performativité qui dépasse de loin le travestissement. On dépasse le modèle hétérosexuel trop normatif. Être un homme, être une femme consiste à réaliser des performances de masculinité ou de féminité. Ce sont ces actes qui constituent la réalité du genre et passent outre les liens culturellement construits entretenus par les catégories masculin/féminin. La chirurgie esthétique chez les femmes est un affirmation du genre. La société demande toujours plus de performance artificielle de la féminité, ce qui a moins lieu pour les hommes.
Une autre façon de voir les choses, un modèle mathématique du cerveau
Le modèle de la sphère de Riemann (ensemble des grands cercles passant par le pôle nord et privés du pôle nord ) est représentatif de la classe des vivants cérébrés auto-observants dont le cerveau à l’origine est vierge de toute inscription non indispensable à sa survie au sens naïf du terme.
Un grand cercle de cette famille se projette stéréographiquement (en utilisant le pôle nord comme centre de projection) sur le plan de l’équateur suivant une droite passant par l’origine. La sphère elle-même rencontre le plan de l’équateur suivant un cercle que l’on nommera le cercle de normalité. On peut appeler ces droites, lignes de vie.
Chacune d’entre elle modélise une caractéristique psy du type vivant humain ou animal cérébré. Le cerveau d’un tel vivant est la réunion d’un nombre fini de segments de ces droites. On postule que ces segments sont centrés à l’origine.
On dira qu’un cerveau est normal pour une caractéristique Q si son segment de Q est intérieur au cercle de normalité.
Dans le langage de la vie, « toujours » et « jamais » sont au pôle nord sur une sphère de Riemann qui justement est privée du pôle nord, rejeté à l’infini, une façon de réconcilier « cette incompréhensible contradiction du souvenir et du néant » décrite par Proust.
Le Moi n’est qu’une des projections du çA par essence inconnaissable.
Regardez-vous, que vous manque-t-il?
À bien vous regarder, vous constatez que vous n’avez pas: