Botanique
Le grand tabac, Nicotiana tabacum de la famille des Solanaceae, est une plante annuelle de 1 à 3 m. Ce sont les feuilles les plus hautes sur la tige, et donc les plus âgées, qui sont les plus riches en nicotine.
Originaire de l’Amérique tropicale, le grand tabac avait été introduit par les indigènes et se fumait déjà dans une partie de l’Amérique du nord et de l’Amérique du sud avant la découverte du nouveau monde par Christophe Colomb. Ce tabac est actuellement cultivé en grand dans la plupart des zones tempérées chaudes.
Ses grandes feuilles ovales-aiguës, d’un vert franc et couvertes de poils glanduleux, embrassent à moitié la tige par leur base et se prolongent au long de la tige.
Les fleurs, dont les pétales ont des bords rouges à lobes étalés, s’épanouissent en été.
Les fruits sont des capsules ovoïdes à déhiscence septicide.
Composition chimique et usages actuels
Les sommités fleuries contiennent :
– des glucides (osides) en quantité importante dans le tabac vert (près de 40 % du poids sec) : 8 à 12 % d’amidon, de la pectine, de la cellulose, 2 à 4 % de sucres solubles (On observe cependant une diminution considérable de l’amidon et des sucres solubles au cours de la dessiccation)
– des protéines (12 % du poids sec)
– de nombreux enzymes : glucidases, oxydases, catalases
– des lipides (5 % du poids sec)
– 15 à 20 % de matières minérales, notamment du potassium, du calcium, des phosphates et des nitrates
– 15 à 20 % d’acides organiques : une grande quantité d’acide malique, de l’acide citrique, de l’acide quinique
– des composés phénoliques parmi lesquels :
. des acides phénoliques : acide caféique et acide chlorogénique (2 à 4 %), acide quinidique
. des flavonoïdes : flavonols (isoquercitrine, quercétine et rutine)
. des coumarines simples : scopolétine
Ces polyphénols jouent un rôle important dans la coloration et l’arôme des tabacs fermentés.
– des alcaloïdes :
. de la nicotine : teneur variable, selon les tabacs cultivés, de 1 à 16 %
. une faible teneur en nornicotine et anabasine
. de la nicotelline, nicotyrine et myosmine
– de l’acide nicotinique
– des traces d’huile essentielle riche en monoterpènes (linalol et bornéol)
Le tabac est utilisé pour ses propriétés anti-parasitaires et antipsoriques.
Usages pharmaceutiques
La nicotine possède une activité toxique pour l’homme ainsi que pour différents insectes et parasites.
En Chine, on emploie le tabac pour soigner les articulations douloureuses ou engourdies, les rhumatismes, les migraines.
Il entre également dans la préparation d’une solution de lavage pour traiter les blennorragies et les leucorrhées.
On peut par ailleurs appliquer le tabac mâché sur les piqûres et les morsures d’insecte et de serpent venimeux.
En Indonésie, la sève du tabac est réputée nettoyer les ulcères, les furoncles et les blessures infectées.
La nicotine est utilisée dans diverses préparations destinées à faciliter le sevrage dans le traitement de la dépendance tabagique.
En médecine vétérinaire, le tabac est employé comme anti-parasitaire sous forme de lavements contre les vers ou de lotions contre la gale ou les teignes.
Usages cosmétiques
Le tabac est réputé pour ses propriétés anti-âge et anti-oxydantes. Il est d’autre part antiseptique et insecticide.
On l’emploie enfin en tant que protecteur solaire.
Attention : la nicotine et ses sels sont interdits en cosmétique ; par conséquent les extraits ne doivent pas en contenir.
On recommande les extraits de tabac dans :
– des shampooings pour cheveux gras à tendance pelliculaire
– des shampooings anti-poux
– des produits pour cheveux abîmés et fragiles
– des crèmes anti-rides pour le contour des yeux, notamment pour les peaux matures et abîmées
– des produits solaires
– des soins pour peaux stressées
Usages traditionnels
Rapporté du nouveau monde dans l’ancien, il fut d’abord cultivé en Espagne et au Portugal comme plante d’ornement.
Jean Nicot, entreprit le premier des cultures en France au centre de Paris, au environs du Temple. Ce qui valut au tabac d’être appelée « l’herbe à Nicot ».
Il fut offert à François Ier et à Catherine de Médicis, comme un précieux remède aux migraines auxquelles ils étaient sujets.
La poudre de tabac fut aussi employée pour soigner la léthargie, les vertiges et les rhumes à cette époque. Bien vite la vogue de la priser se répandit.
On se rendit compte qu’il diminuait les sentiments de fatigue et d’ennui. Sa fumée pouvait soulager les crises d’asthme, et qu’en application externe les feuilles fraîches soulageaient le rhumatisme et la goutte. De même des décoctions de feuilles étaient efficaces contre la gale, les poux, la teigne, les dartres, les tumeurs blanches chroniques et les ulcères putrides.
Le tabac était également utilisé dans les problèmes des voies digestives en tant que laxatif, vermifuge et anti-parasitaire.
Ainsi en Sicile, pour chasser les vers du corps des petits enfants, on plaçait du tabac sur leur ombilic!
L’usage de le fumer dans une pipe nous vint d’Angleterre, sous Louis XIV. L’utilisation de la pipe, ramenée des Amériques, fit alors fureur dans toutes les classes de la société, femmes et enfants compris. A cette époque, les enfants étaient envoyés à l’école avec une pipe garnie en guise de déjeuner.
Mais le cigare ne fut connu en France qu’à la suite de la guerre d’Espagne.
Mais le tabac ne tarda pas à être accusé par les médecins de nombreux méfaits. Les autorités gouvernementales et religieuses prirent des dispositions radicales pour en limiter l’usage : Jacques Ier d’Angleterre fit arracher tous les plantes et en Russie, les priseurs et les fumeurs furent déclarés hérétiques. Le pape Innocent X, en 1650, interdit de fumer et de priser dans les églises pendant les offices sous peine d’excommunication.
Comme le succès du tabac n’en allait pas moins croissant, les gouvernements pensèrent plutôt à en tirer profit. Ainsi en France, Richelieu, en 1629, établit le premier impôt sur le tabac : 30 sous par livre; et en 1674, Colbert établit le monopole d’état sur les tabacs.
L’engouement pour le tabac est tel que lors des pénuries en temps de guerre ou de disette de nombreux succédanés furent trouvés, ainsi plus de 60 espèces d’arbres et d’herbacées se virent employées en remplacement des feuilles de tabac : les feuilles de cerisier, de prunellier, de saule, de noyer, de hêtre…etc.
La médecine homéopathique utilise actuellement le tabac dans certains troubles cardiaques, l’angine de poitrine, le mal de mer, les vomissements de la grossesse, la dyspepsie, les migraines, et l’impuissance.
Le jus de la feuille de tabac sert souvent en agriculture à la destruction des hôtes nuisibles vivant sur les plantes.
Il faut savoir que ce sont les goudrons qui sont vraiment nocifs pour les poumons (ceux du tabac, mais aussi ceux du papier) .
À la limite, vous fumeriez n’importe quoi, ce serait tout autant cancérigène.
Folklore
Le mot “tabac” vient de l’espagnol “tabaco”, emprunté à la langue des Arawaks d’Haïti, où ce mot désignait le tuyau de la pipe utilisé pour inhaler la fumée du tabac.
Chez les Aztèques, les plantes fournissant le tabac passaient pour être l’incarnation d’une de leurs déesses « Cihuacohualt » ou « femme serpent » qui était considérée comme la première femme ayant mis au monde des jumeaux, aussi brûlait-on des feuilles de tabac devant les idoles pour avoir des enfants.
Les Arabes rapportent l’origine du tabac à la vie du prophète : suite à la morsure d’une vipère que Mahomet avait refusé d’écraser, le prophète suça la plaie et cracha à terre le venin; de là naquit le tabac, qui a, à la fois, l’amertume du venin de la vipère et la douceur de la miséricorde de la salive du prophète.
On l’appela « herbe sainte » lorsqu’on l’apporta de l’Amérique. Dans les pampas de patagonie le tabac était une plante sacré pour les indiens Wallitchou. Ils couvraient ses branches d’offrandes et fumaient ses feuilles en soufflant la fumée en direction de l’arbre, on sacrifiait tout à l’entour des chevaux pour se porter bonheur.
Il sert à la divination : les indiens Creeks racontent comment leurs ancêtres choisirent parmi les herbes magiques le tabac qui en brûlant leur révéla de grands secrets. Ainsi le tabac entrerait dans l’art de la divination et permettrait de faire des présages.
Mais dans la petite Russie, la plante qui donne de la fumée a été considérée comme une figure du diable lui-même, lequel après être passé dans un endroit, y laisse des traces, c’est-à-dire de la fumée et une mauvaise odeur. Le tabac était de ce fait appelée « herbe au diable », et on l’offrait aux génies, esprits, et démons de la forêt pour se protéger de leur malice.
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