Le travail des femmes et des enfants

Travail des enfants au XIXe

Travail des enfants au XIXe

Les femmes et les enfants passent après!

La loi du 2 novembre 1892 sur le travail des femmes et des enfants repose sur la volonté de protéger deux catégories de travailleurs au nom d’une commune faiblesse supposée et d’un rapport commun à la famille : la femme et l’enfant.

Le travail des enfants a été déjà réglementé en 1841 et en 1874. La loi de 1892 part des principes de 1874 et en améliore la mise en forme :
– interdiction de faire travailler les enfants de moins de 13 ans, dans les établissements industriels (mais non à domicile) ;
– journée de travail limitée à 10 heures pour les 13/16 ans, à 11 heures pour les 16/18 ans, et interdiction du travail de nuit ;
– renforcement des pouvoirs des inspecteurs du travail créés en 1874. La loi accompagne et anticipe un état de fait, en raison de la mécanisation et de l’obligation scolaire : la marge de manœuvre du patronat ne se situe plus chez les enfants, mais chez les « jeunes ouvriers ».
Elle est rendue tolérable pour la majorité des ménages en raison de l’amélioration du niveau de vie ouvrier en un demi-siècle.
L’interdiction du travail de nuit et la réduction de la journée à 11 heures sont appliquées aux femmes, mais le congé de maternité payé est écarté !
En pleine crise économique, le désir d’enrayer la surproduction l’emporte finalement, même dans les industries dévoreuses de femmes. Il y a contradiction entre le désir d’assurer une reproduction de qualité de la classe ouvrière et l’obligation de la payer. Une crainte, chez les patrons comme chez beaucoup d’ouvriers désireux de bénéficier du tarif des heures de nuit est que la loi soit étendue aux hommes ! C’est ce qui arrivera en 1900.

Les femmes, instruments des patrons?

Une grève célèbre aboutira à la reconnaissance du droit de grève.
Une grève célèbre à plus d’un titre dans l’un des métiers les plus anciennement organisés de Paris. La société typographique issue d’anciennes sociétés de secours mutuels a été assez forte pour négocier avec les maîtres imprimeurs en 1843 un « tarif » qui, comme elle, survit à toutes les répressions.
En 1862, une nouvelle commission mixte doit revoir en hausse dans une phase de prospérité, les salaires des compositeurs. Quelques gros imprimeurs, Paul Dupont en particulier, décident, pour éviter d’appliquer l’augmentation, d’engager des femmes dans leurs ateliers en banlieue – en réduisant le tarif de 30%.
Pour elles c’est beaucoup, pour les typos, c’est un moyen de peser sur leurs salaires. Ils se mettent en grève. Trente ouvriers sont arrêtés, sept condamnés à des peines assez légères. Les typos quasi unanimes (2684 contre 480) repoussent cependant le nouveau tarif et organisent des démarches atelier par atelier. Beaucoup de patrons cèdent. Pas tous. Ceux-ci parviennent à faire arrêter neuf leaders accusés d’avoir organisé la coalition.
Le grand avocat royaliste, Berryer, plaide pour eux. Napoléon III gracie ceux qui sont condamnés. Cette attitude nouvelle porte un coup sévère à la loi sur les coalitions qui va être abolie en 1864 : c’est la reconnaissance du droit de grève. Cette grève annonce la longue lutte des typos contre le travail des femmes qu’on accuse d’être les instruments des patrons.

Une enquête de l’association des familles du personnel de la Banque de France: 1961, travail professionnel des mères de familles

Il est intéressant de réfléchir en quoi la situation a changé en 50 ans.

1 – premier motif de l’exercice d’une profession : 54%, nécessité absolue de subvenir aux besoins du foyer.

2 – second motif : améliorer la situation du foyer.

3- troisième motif: s’assurer contre les risques de l’existence.

4 – les motifs suivants sont : assurer sa retraite, par goût de ce qu’elles font, par souci d’indépendance.

Les remarques de ces femmes:

 » Je veux que mes enfants aient une situation meilleure que la mienne ».

 » Mon mari a une situation inférieure à la mienne ».

« Assurer le remboursement d’emprunts, mère à charge, etc. »

Conseilleriez-vous à vos filles d’exercer une activité professionnelle après leur mariage?

En majorité (70%) les mères de famille conseilleraient à leur fille DE NE PAS TRAVAILLER (!!!!), surtout après la naissance d’un enfant.

Travaux domestiques et problèmes des enfants:

En plus des heures de travail et des heures de trajets, les mères de famille consacrent quotidiennement à la tenue de leur foyer entre 2 et 5 heures.

Les femmes évoquent le coût de la garde des enfants, le problème de leur surveillance le matin tôt et le soir et bien évidemment le problème des vacances scolaires. En fait les coûts entraînés par une aide extérieure pour le ménage et pour la garde des enfants absorbent une grande partie de leur salaire.

Les femmes se plaignent de ne pas pouvoir consacrer le temps nécessaire à la surveillance attentive des études de leurs enfants (entre 1/2 heure et une heure) et la moitié dit que leur travail professionnel nuit à l’instruction et à l’éducation de leurs enfants. Elles trouvent qu’elles sont trop énervées et fatiguées en rentrant du travail et qu’elles passent donc sur trop de choses.

Il est curieux de constater que 75% des femmes qui ont répondu considèrent. que l’exercice d’une profession est une conséquence inéluctable de l’évolution, mais que 70% ne souhaiteraient pas que leur fille travaille!

83% trouvent qu’un travail à mi-temps serait une bonne solution.

« Le travail professionnel ne correspond pas au fond de leur âme, à leur vocation de mère et d’épouse et que l’amélioration du niveau de vie obtenue par un double salaire est chèrement payée par la fatigue nerveuse et les inconvénients pour l’avenir des enfants. »

« La politique actuelle abusivement restrictive en matière de niveau de vie familial aboutit, en fait, à utiliser la masse inorganisée et mal protégée de mères de famille des classes laborieuses (en leur faisant miroiter quelques avantages matériels) comme une réserve commode de main d’oeuvre. L’attitude de certaines organisations syndicales, par suite de leur position idéologique à l’égard de l’égalité des sexes et d’une prétendue émancipation des femmes par le truchement du travail hors du foyer avec des modalités identiques pour tous les travailleurs, ne favorise guère l’adoption de régimes de travail mieux adaptés aux conditions réelles d’existence des mères de famille. Certaines militantes d’action féminine savent que la bataille n’est pas terminée et que l’assimilation avec la situation des collègues masculins est toujours précaire et incomplète. Elles redoutent que  l’introduction de conditions de travail particulières au femmes ne dévalorise le travail féminin en général.

A-t-on, chiffré les dépenses de santé qui découlent de la tension nerveuse excessive des mères de familles, particulièrement dans la région parisienne, a-t-on mesuré les conséquences psychiques sur les enfants?

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