Cerne, serti
Ligne continue servant à tracer le contour des objets ou des figures. Une figure peut être sertie à la façon des vitraux ou des émaux cloisonnés, c’est à dire cernée sur tout son contour par une ligne sombre continue. Le cerne, ou, plus minutieux, le serti, permettent d’isoler les motifs les uns des autres, et d’en offrir une lecture aisée et immédiate. C’est le cas de la bande dessinée, mais aussi de la peinture japonaise dont l’influence se fait sentir en France à partir des années 1860.
Paul Gauguin et Émile Bernard, qui tentent de renouer avec la peinture primitive afin de redonner à celle-ci son statut premier d’image populaire, sont les premiers à utiliser cette technique particulière. Dans Autoportrait au Christ jaune, les éléments principaux comme le corps du Christ et le visage et les vêtements du peintre, sont entourés d’un cerne qui cloisonne les formes et les couleurs.
Circonscription
Ligne régulière qui limite une forme.
La circonscription est liée au travail d’esquisse, à la manière dont le peintre entame et prépare son travail. Si l’utilisation de ligne de circonscription n’est pas systématique, elle peut dans certains tableaux demeurer visible ou disparaître sous la couche de peinture. Dans La vague violette de Paul Lacombe, la circonscription des vagues est restée apparente, donnant à cette partie de la peinture un caractère très graphique.
Esquisse, croquis, ébauche
Le croquis note brièvement une première pensée, l’esquisse est un travail préparatoire, et l’ébauche est le premier état d’un tableau.
Le croquis est exécuté de façon spontanée. L’esquisse révèle les premiers traits rapides du dessin, la première mise en forme des valeurs et des éléments. L’ébauche prépare la toile en indiquant sommairement les premières formes. En général, l’ébauche disparaît au moment où l’artiste peint définitivement sa composition. Au XIXe siècle, certains artistes abandonnent la phase d’ébauche.
« Les esquisses ont souvent un feu que le tableau n’a pas » (Diderot). Lorsque Eugène Delacroix réalise l’ébauche de La chasse aux lions, il la considère comme une esquisse préparatoire. Ce travail révèle la passion du peintre pour le rythme des formes et des couleurs qui prédominent ici sur la réalisation des détails figuratifs. Trois années furent nécessaires à Thomas Couture pour achever les Romains de la décadence. Avant de passer au dessin des corps et à la couleur, Couture trace précisément les lignes de construction de la perspective linéaire. Croquis, esquisses et ébauches ont jalonné le travail du peintre jusqu’à aboutir à l’équilibre harmonique du tableau final.
Géométrie
Science mathématique qui a pour objet le calcul des dimensions, originellement les figures géométriques sont obtenues par la règle et le compas. La géométrie habite le tableau comme une sorte de squelette. Elle est le maître mot de la Renaissance, comme en atteste le recours au nombre d’or. Au XIXe siècle, certains artistes comme Cézanne ou Émile Bernard réintroduisent à la base de leur travail les figures géométriques comme éléments structurant à partir desquels leur liberté de composition reste entière. Le rapport de la longueur sur la largeur du tableau de Thomas Couture, Les Romains de la décadence détermine la »section d’or ». Ce rapport, considéré depuis l’Antiquité comme une règle d’harmonie parfaite détermine la structure géométrique entière du tableau révélée par les lignes de construction. Ainsi les verticales réparties symétriquement par rapport à la médiane, font émerger le carré central qui circonscrit la scène principale.
Trait
Manière de dessiner une ligne ou un ensemble de lignes, tracé vivant différencié en épaisseur et en valeur.
Le trait est la base de l’art du dessin. Il peut être purement technique comme dans la circonscription, ou porté à un très haut degré de maîtrise et d’art quand il traduit l’impulsion personnelle de l’artiste. Il est la base du premier travail du peintre, même si le plus souvent il disparaît par la suite sous la peinture. Utilisé et épaissi comme un cerne en contour de la forme, il devient une sorte de »passage » comme dans certaines œuvres de Gauguin..
Henri de Toulouse-Lautrec affectionne particulièrement le dessin au point que son coup de pinceau se traduit le plus souvent par des traits peints. Sa facture très originale et très personnelle allie la légèreté du dessin à la sensualité de la peinture, révélant toute l’expressivité du geste, sa vivacité et sa spontanéité. Les tracés utilisés dans La Toilette sont variés: linéaires, hachurés, ou plus bouillonnants.