La digitale pourpre ou Gant de Notre-Dame, Gantelet, Gant de bergère, Doigt de la vierge, Digitalis pupurea, de la famille des Scrofulariaceae, est une grande plante développant une magnifique hampe florale qui peut atteindre 1 m 60 de haut, toute garnie de fleurs pourpres. Les feuilles de la digitale sont très douces au toucher. Elle est assez commune dans les clairières, les jeunes taillis et les lisières de bois. On la trouve essentiellement en Europe Atlantique.
La digitale pourpre, est couverte de poils blanchâtres qui peut être, selon les cas, bisannuelle ou vivace. Les larges feuilles lancéolées de la base sont vert foncé et forment une rosette molle et feutrée de gris; les feuilles inférieures sont pétiolées alors que les supérieures sont presque sessiles. Tout au long de l’été, la digitale développe une grande hampe garnie de fleurs pourpre clair, mesurant entre 4 et 5cm, dont les corolles sont ornées au dedans de taches rouge vif entourées de blanc. Elle produit ensuite ses fruits: des capsules ovales.
Usages
La digitale était déjà utilisée au XIIIe siècle dans le traitement externe des ulcères ou comme poison.
C’est en 1785 que ses propriétés sur le cœur ont été dévoilées par William Withering qui la nomme alors “l’opium du cœur”.
Les principes actifs présents dans les feuilles sont des glucosides : la digitaline, la digitoxine et la gitoxine. Leurs concentrations varient beaucoup suivant l’environnement dans lequel la plante a poussé, ce qui rend son utilisation difficile sinon dangereuse.
La plante, essentiellement cardiotonique, est indiquée dans les cas d’insuffisances cardiaques. Mais il faut l’utiliser avec prudence car, au niveau physiologique, son action est antagoniste suivant la dose absorbée : à faible dose, elle cause un ralentissement des battements du cœur, puis une accélération et enfin une régularisation du rythme ; à forte dose, elle entraîne un emballement du cœur qui devient irrégulier et finit par se tétaniser avant de s’arrêter.
L’empoisonnement par la digitale pourpre se traduit par de nombreux troubles nerveux (maux de tête, délire, hallucinations), digestifs et cardiaques, aboutissant souvent à la mort.
La digitale est en effet une plante très toxique : 10 g de feuilles sèches suffisent à tuer un homme et si on a touché la plante fraîche il convient de se laver les mains.
A l’heure actuelle, la digitale pourpre est remplacée par la digitale laineuse, originaire de Russie dont la teneur en principes actifs est beaucoup plus fiable : c’est un excellent cardiotonique. Nous laisserons toutefois son emploi aux phytothérapeutes compétents.
Folklore
La digitale doit son nom à l’aspect caractéristique de ses fleurs en forme de doigtier. Bien qu’elle soit très commune, elle semble avoir été totalement inconnue des Grecs et des Romains. Les botanistes du XVIe siècle, qui basaient leurs travaux sur les écrits de l’Antiquité (Dioscoride et Pline), l’ont également ignorée. Ce n’est qu’au XVIIe siècle qu’on la reconnaît enfin comme poison, et il faut attendre le XVIIIe pour la voir utilisée en médecine après qu’une guérisseuse de campagne en ai donné la recette à un médecin en mentionnant la difficulté des dosages selon les années.
Elle est surnommée “gant de Notre-Dame” ou “doigt de la Vierg ” car on raconte que Marie utilisa la fleur pour panser son doigt blessé.
Traditionnellement, elle n’a pas bonne réputation : les Bretons disaient que sa simple proximité suffisait pour faire tourner le lait ; dans la Vienne, on affirmait qu’une femme ne devait pas la toucher sous peine d’être victime d’hémorragie.
Mais elle pouvait aussi être bénéfique : planter des “ doigts de la Vierge ” dans son jardin assure protection des siens ; de même, au Pays de Galles, les femmes en faisaient une teinture dont elles frottaient le sol de leur maison pour se protéger des maléfices.