En art, plus précisément en peinture et en sculpture, le canon constitue le code de représentation du corps humain qui permet d’établir les proportions et les formes d’un type humain idéal.
Comme règle, le canon se base sur une observation rationnelle de la nature, révisée selon un système abstrait de rapports et de nombres, parfois sujet à des spéculations philosophiques.
À la différence du premier canon qu’est le canon égyptien, partiellement inconnu ou du moins difficile à préciser, l’existence du canon grec n’est pas douteuse. Pour les Grecs, le canon était représenté par le Doryphore de Polyclète, qui représente un jeune athlète, aux proportions plutôt larges et courtes. Toutefois, le canon grec n’est pas resté immuable, il s’est modifié au cours du temps, notamment vers l’amincissement du corps avec Lysippe. Après une longue période d’abandon au moyen âge, le canon réapparaît à la Renaissance. Au XVe siècle, le canon résulte désormais à la fois d’une subordination de l’esprit aux mathématiques et d’une expérience de l’harmonie du monde: Dieu, la nature et les mesures naturelles de l’homme concourent à en imposer l’exigence. Après la Renaissance, la référence aux canons antiques redevient la règle avec l’enseignement académique du XVIIe au XIXe siècles.
À l’époque néo-classique, on prône plus que jamais la stricte conformité aux modèles gréco-romains même si certains peintres cependant recherchent des effets rares et précieux. Tout au long du XIXe siècle, les peintres continuent à êtres encouragés par l’Académie et les jurys du Salon officiel à respecter et appliquer ces règles et se présentent ainsi comme les garants du maintien du canon (c. f. académisme). Cependant, certains s’insurgent contre ces règles et les libertés conquises par l’art moderne contribuent définitivement à ruiner l’idée même de canon.
Actuellement, comme au moyen âge, les artistes jouissent d’une grande liberté: les formes éclatent et les canons n’ont plus guère de valeur.