Le drosera ou rossolis ou rosée du soleil, Drosera rontundifolia, de la famille des Droseraceae, est une plante herbacée vivace, de très petite taille et sa structure est fascinante. C’est une plante carnivore que l’on peut rencontrer , au ras du sol, sur terrain acide, tourbeux , jusqu’à 2000 m d’altitude au milieu des sphaignes.
Drosera rotundifolia est rare mais pousse partout en Europe, excepté dans la zone méditerranéenne, en Amérique du Nord et en Asie boréale.
Rougeâtres, des bourgeons, nés sur une tige souterraine grêle, à très fines racines adventives, donnent une tige à hampe dressée, presque toujours simple, grêle, partant du centre d’une rosette de feuilles, trois à quatre fois plus longue que les feuilles, presque toutes appliquées sur le sol. La forme de ces feuilles longuement pétiolées varie avec l’espèce : elle est ronde pour drosera « rotundifolia ». Ces feuilles, couvertes de poils rougeâtres glanduleux, se replient pour emprisonner à leur contact poussières et insectes, proies qui seront lentement digérées. Les fleurs, petites, blanches, sont groupées en petites grappes sur les tiges grêles de juin à août. Le fruit est une capsule oblongue dépassant peu le calice ; les graines sont nombreuses et fusiformes, ailées aux deux bouts.
La récolte des droseras est soumise à une autorisation spéciale (arrêté du 20/1/1982 relatif à la liste des espèces végétales protégées sur l’ensemble du territoire national, annexe 2, Journal officiel du 13 mai 1982).
Usages
La plante entière doit être récoltée en pleine floraison.
Sa première description date de 1588. En 1600, on l’utilisait pour préparer l’eau d’or qui devait soigner toutes les infirmités (elle est encore vendue en Italie sous le nom de « Rosoglio »).
Au XVIIIe s., on employait le drosera comme spécifique de l’hydropisie, de la phtisie et des fièvres intermittentes. On lui a aussi attribué la vertu de fortifier le coeur, de purifier le sang et d’activer les sécrétions sudorales et urinaires.
Le drosera est un antispasmodique utilisé dans les troubles neurovégétatifs accompagnés d’angoisse et d’insomnies. Par la plombagine qu’il contient, c’est un antibactérien agissant sur le staphylocoque, le streptocoque, le pneumocoque.
Le drosera calme la toux, aussi est-il préconisée dans la coqueluche et les spasmes bronchiques (asthme, bronchite).
Sous forme d’alcoolature, on l’emploie comme diurétique, sudorifique, calmant et résolutif.
En usage externe, la plante fraîche a été utilisée contre piqûres et morsures, maux d’yeux et taches de rousseur.
Des feuilles, on extrait un colorant alimentaire jaune et un colorant rouge qui servait en confiserie.
Le drosera sert aussi à faire cailler le lait.
La mode actuelle des plantes carnivores semble encourager sa culture en vivarium.
Composition chimique et usages actuels
Les parties aériennes renferment :
– 7,4 % de glucides, notamment des oses (arabinose, glucose) et osides (lactose)
– des protides : enzymes (protéase, pepsine, émulsine)
– 1,7 % de lipides
– 5 à 10 % de matières minérales : calcium, chlore, fer, magnésium, manganèse, phosphore, potassium, silicium, sodium, soufre
– des acides organiques : acide citrique, acide formique, acide malique, acide succinique, acide tartrique, acide ascorbique (vitamine C)
– des composés phénoliques parmi lesquels :
. des acides phénoliques (acide gallique)
. des flavonoïdes, particulièrement des flavonols (hypéroside, kaempférol, quercétine), des tanins condensés (tanins catéchiques), des proanthocyanidines (leucoanthocyanes)
– des naphtoquinones dont 1 % de plumbagine (2 methyl-5 hydroxy-1,4-naphtoquinone), un hétéroside de l’hydroplumbagine, un hétéroside de la 7-méthylhydrojuglone : le rossoliside
– des traces d’huile essentielle
– des résines
La teneur en plumbagine confère au drosera des activités antibactériennes, antifongiques et anti-parasitaires agissant sur le staphylocoque, le streptocoque et le pneumocoque.
La présence d’enzymes explique l’utilisation du droséra pour traiter les verrues, les oeils-de-perdrix et les cors. On lui reconnaît enfin des vertus aphrodisiaques.
Utilisations pharmaceutiques
Le drosera est préconisé dans le traitement des toux spasmodiques et des affections pulmonaires telles que la coqueluche, la bronchite ou l’asthme. Il doit cette activité aux substances naphtoquinoniques qu’il contient.
Utilisations cosmétiques
Le drosera bénéficie d’activités astringentes, antiseptiques et rubéfiantes. On lui attribue par ailleurs des propriétés dépigmentantes et exfoliantes en raison de sa teneur en acides organiques.
On recommande son utilisation dans :
– des shampooings pour cheveux gras à tendance pelliculaire
– des crèmes pour peaux mixtes ou grasses
– des masques peeling pour peaux fatiguées et ternes
– des produits assainissants pour les pieds
Folklore
Drosera vient du grec « drosos », rosée, allusion aux feuilles qui sont comme perlées de gouttes de rosée. On l’appelle d’ailleurs « rosée du soleil ».
Son utilisation comme son existence ne sont pas mentionnées dans l’Antiquité ni au moyen âge. Pendant longtemps, on ne crut pas au fait qu’il capturait des proies vivantes et les digérait pour se procurer un complément d’azote.
La médecine des signatures préconisait le rossolis comme rafraîchissant puisque couvert de rosée. Les alchimistes crurent y trouver un des éléments de l’élixir de vie et un moyen de fabriquer de l’or.
Utilisé par les sorciers jeteurs de sorts, il devait être cueilli à la minuit de la Saint Jean (à reculons pour que le diable ne puisse suivre le cueilleur).
En Charente, où il est appelée « matago », son nom est toujours prononcé avec terreur….La crainte qu’il inspire laisserait croire qu’il est couramment encore en usage. Un seul pied de matago placé dans une étable ou dans une maison y provoquerait la fièvre pernicieuse.
On acquerrait par contre de la force en se frottant avec les feuilles cueillies la nuit de la Saint Jean. Le bouvier qui découvrait un pied de drosera devenait infatigable, mais s’il marchait dessus par mégarde, il ne retrouvait plus son chemin.
Dans le Bourdonnais, le drosera passait pour être phosphorescent la nuit.
Le jour, on le découvrait grâce aux pics-verts voletant d’une manière particulière pour saisir l’herbe, qui, selon la croyance populaire, pouvait durcir leur bec.