Cocaïne et autres drogues

cocaïne

la cachette de la cocaïnomane (Sciences et Voyages)

La drogue, vaste sujet!

Libéraliser ou non? Que faire avec ses enfants? Que peut-on faire contre son infiltration dans toutes les couches de la société et contre la violence que génère son trafic?

Comment répondez-vous à toutes ces questions?

La lecture du livre Extra pure de Roberto Saviano m’a fait froid dans le dos.

Le mystère de la cocaïne

Alors que je venais de terminer le livre, en fouillant dans mes archives, je suis tombée sur un article de 1924 dans la revue Sciences et Voyages : Le mystère de la cocaïne, ses mystères et ses bienfaits. Je vous en livre quelques extraits intéressants dans les faits et dans le ton, à comparer à la situation actuelle.

« Il existe dans quelques plantes de produits doués d’une action physiologique très puissante, parfois très toxiques que l’on appelle de alcaloïdes ( on en trouve dans la cigüe, la belladone, etc.)

Recherchez le mot alcaloïdes sur ce blog et vous verrez toutes les plantes qui en contiennent.

La cocaïne est un alcaloïde qui se trouve dans les feuille de la coca, petit arbuste originaire du Pérou et du Chili, dans les vallées de la Cauca et de la Magdalena. Les Indiens ont toujours connu les curieuses propriétés de cette plante. Il mâchaient des feuilles de coco pour mieux résister à la fatigue, au sommeil et à la faim. Ils confectionnaient même une sorte de pâte appelée yipta, avec des feuilles de coca et de la chaux, dont ils faisaient des boulettes qu’ils mâchaient.

Les feuilles de coca contiennent 1 à 2 grammes de cocaïne (l’alcaloïde) pour 10 grammes de feuilles.

En 1924, voici comment on s’y prenait pour extraire la cocaïne:

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Traitement des feuilles de coca en 1924

– traitement des feuilles de coca par un lait de chaux

– dans de grandes cuves, on traite les feuilles imbibées de chaux par du pétrole qui s’empare immédiatement de la cocaïne contenue dans les feuilles.

– on filtre et on agite avec de l’acide chlorhydrique qui se combine à la cocaïne pour donner du chlorhydrate de cocaïne qui est la forme sous lequel le produit se trouve dans le commerce (sic!)

– Le chlorhydrate de cocaïne est séparé par des cristallisations successives de la solution qui le contient au moyen d’une essoreuse électrique. C’est alors un beau sel blanc en fines paillettes, très soluble dans l’eau.

(comparer avec les méthodes actuelles décrites dans le livre de Saviano)

Mais selon les régions, la feuille de coca contient d’autres alcaloïdes que la cocaïne…on les démolit mais on leur laisse leur châssis puis on les reconstruit pour obtenir de la cocaïne. N’est-ce pas un exemple merveilleux de ce que nos savants ont su découvrir et de ce qui nos industriels fabriquent aujourd’hui par milliers de kilogrammes!

Utilisée par les médecins pour supprimer la douleur, la cocaïne est aussi prise par les toxicomanes tout comme la morphine.

L’attention des médecins a été attirée, ces dernières années, sur le nombre de malades qui leur parvenaient dans les asiles d’aliénés et dans les prisons avec un désordre intellectuel relevant d’une intoxication due au chlorhydrate de cocaïne, très soluble que l’organisme absorbe et élimine avec une grande rapidité.

La propriété capitale de la cocaïne est de supprimer la douleur en émoussant la sensibilité. Le dentiste peut vous extraire une dent en vous badigeonnant les gencives de cocaïne.

La cocaïne s’injecte aussi sous la peau…et ce fut le grand mérite du professeur Reclus de l’injecter dans le canal rachidien; elle insensibilise ainsi toute la partie inférieure du corps et le malade peut suivre les différentes phases d’une opération sans ressentir la moindre souffrance.

Il semblait que la cocaïne devait compter au nombre de médicaments dont l’humanité n’avait à espérer que du bien…Il n’en est rien, on avait oublié de compter avec la manie que présente toute une classe de sujets mal équilibrés de s’adonner, par toquade, perversité, snobisme ou imitation, à un poison.

Si la cocaïne, prise sous forme d’injections sous-cutanées ou mieux, de poudre aspirée par le nez, donnent à ceux qui en essaient les effets d’une griserie qui ne se répétera guère, elle ne tarde pas à faire naître des hallucinations désagréables qui torturent l’intoxiqué, des sensations d’une myriade de parasites répugnants qui lui courent sous la peau, etc.. Et pour se débarrasser des hallucinations, il s’offre une nouvelle prise de la drogue. Comme le morphinomane ou le buveur d’éther, il lui faut son poison à tout prix.

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poupée pleine de cocaïne saisi dans un restaurant de nuit en 1924

C’est sur cet état de besoin qui annihile les plus fermes volontés que spéculent les trafiquants de tout ordre qui constituent la cohorte sordide des parasites du vice qui vendent la cocaïne à des prix exorbitants.

Une intoxiquée que nous avons rencontrée a acheté jusqu’à 40 francs le gramme de poison (soit 35 €).

Si le malheureux initié pouvait, avant de s’être habituer à priser sa drogue qu’on lui offre comme un brevet de supériorité, s’il pouvait apercevoir le cabanon qui l’attend entre deux aliénés qui hurlent au délire, il aurait un recul salutaire…

Mais allez-donc prêcher ça à ceux qui s’intoxiquent par orgueil, par vanité, pour s’élever au-dessus des mortels qui se contentent du labeur quotidien et de la fatigue qu’il procure! Pourtant, c’est la seule croisade possible car il n’est aucune loi qui puisse réussir à interdire la vente du poison et qui soit capable d’empêcher le geste du cocaïnomane. »

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